La maîtrise de l’inflation doit tenir compte de la stabilité financière, selon le gouverneur, Stephen S. Poloz
Les décideurs doivent prendre en considération les leçons de l’histoire, alors qu’ils réinventent le rôle de la banque centrale dans le sillage de la Grande Récession, a déclaré aujourd’hui Stephen S. Poloz, gouverneur de la Banque du Canada. À l’occasion du discours inaugural de la série de conférences du président de l’Université Western, le gouverneur a traité de l’évolution des politiques des banques centrales et de la nécessité de promouvoir à la fois la stabilité des prix et la stabilité financière.
De nombreuses banques centrales ont été instituées à l’ère de l’étalon-or. Elles avaient comme seul objectif d’assurer la stabilité du système financier tout en assumant la fonction de prêteur de dernier ressort, a expliqué le gouverneur. Lorsque ce cadre de politique monétaire s’est avéré trop restrictif dans le contexte économique mondial en mutation, les autorités monétaires ont adapté leurs politiques en vue d’encourager une meilleure tenue de l’économie grâce à la maîtrise de l’inflation, la Banque du Canada se concentrant sur le ciblage des agrégats monétaires.
Au tournant du siècle, un consensus s’était créé parmi les banques centrales selon lequel il fallait viser directement une cible d’inflation et, dans les faits, exclure des mesures de politique monétaire les préoccupations relatives à la stabilité financière. Or, la crise financière mondiale et la Grande Récession qui l’a suivie ont démontré qu’une inflation basse et stable ne garantit pas la stabilité financière, a souligné le gouverneur. « Nous devons tenir compte d’un plus grand nombre de conséquences économiques et financières lorsque nous ciblons une inflation basse », a-t-il affirmé, ajoutant que les banques centrales avaient amorcé ce travail.
« Le rôle de la banque centrale a déjà commencé à évoluer, à la faveur des expériences récentes et des nouvelles recherches », a déclaré M. Poloz. Le gouverneur a cependant précisé avoir toujours l’impression que ce processus consiste à ajouter différentes pièces à une maison que l’on aime au lieu de concevoir une nouvelle structure élégante et cohérente.
Le gouverneur estime qu’en définitive, le rôle de la banque centrale devra être réinventé pour tenir compte des risques liés à l’inflation et à la stabilité financière tout en intégrant mieux les incertitudes auxquelles les décideurs sont confrontés. « J’espère aujourd’hui inspirer les économistes d’ici et d’ailleurs à se joindre à ces efforts. »
Si la Banque demeure déterminée à poursuivre dans la voie du ciblage de l’inflation, l’objectif ultime est de réaliser « une synthèse juste qui intègre complètement les leçons d’hier et d’aujourd’hui », a conclu le gouverneur.