Paul Jenkins a occupé le poste de premier sous-gouverneur de la Banque du Canada de avril 2003 jusqu’à sa retraite de la Banque en avril 2010. À ce titre, il était le chef de l’exploitation de la Banque et siégeait au Conseil d’administration, tout comme le gouverneur. Les fonctions de M. Jenkins consistaient notamment à remplacer le gouverneur, à superviser la planification stratégique et à coordonner l’ensemble des opérations de la Banque. En tant que membre du Conseil de direction de la Banque, il partageait la responsabilité des décisions relatives à la politique monétaire et à la stabilité du système financier ainsi qu’à la formulation de l’orientation stratégique de la Banque.
M. Jenkins est entré au service de la Banque du Canada en 1972 en qualité d’économiste au département des Recherches. En 1978, il est passé au département des Études monétaires et financières, dont il est devenu le sous-chef en 1983. Il a accédé au poste de chef du département des Recherches en 1984, puis à celui de conseiller du gouverneur en janvier 1989. Il a été nommé sous-gouverneur de la Banque en 1992.
Né à St. Catharines, en Ontario, M. Jenkins a obtenu en 1971 un baccalauréat ès arts avec spécialisation en économique de l’Université de Western Ontario. Il a ensuite étudié à la London School of Economics, qui lui a décerné une maîtrise ès sciences en économique en 1972. De 1982 à 1983, il a poursuivi ses études en économique à l’Université de Princeton.
John Maynard Keynes a dit que l'analyse avait pour but « de nous munir d'une méthode rationnelle et ordonnée pour résoudre les problèmes particuliers. […] Telle est la nature du raisonnement économique. »
De fait, la crise financière mondiale dans laquelle nous avons été plongés ces deux dernières années a posé des défis particuliers et stressants qui nous ont tous forcés à nous interroger sur ce qui a bien fonctionné et ce qui doit changer. Aujourd'hui, j'aimerais passer en revue quelques-unes des réflexions les plus importantes concernant ces enjeux, surtout sous l'angle du travail que nous accomplissons à la Banque du Canada.
L'économie de London et du sud-ouest ontarien, à l'instar de celle de nombreuses villes et régions canadiennes, est directement touchée par l'évolution de la conjoncture internationale. Et, comme c'est le cas pour bien des choses dans la vie, mieux nous comprenons les forces à l'origine du changement, mieux nous sommes armés pour composer avec elles.
Déclaration préliminairePaul JenkinsComité sénatorial permanent des banques et du commerce
J'aimerais d'entrée de jeu souligner l'extrême importance de la question des obstacles au commerce intérieur et vous dire à quel point je suis ravi, Monsieur le Président, que votre comité se penche sur le sujet. Nous avons passé en revue nos témoignages précédents devant ce comité, et vous pourrez constater que notre approche cette fois-ci sera un peu différente.
Déclaration préliminairePaul JenkinsComité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes
J'aimerais tout d'abord faire une mise en contexte et expliquer brièvement comment fonctionne le cadre de conduite de la politique monétaire au Canada. Aux termes de la Loi sur la Banque du Canada, notre institution a été créée « pour atténuer, autant que possible par l'action monétaire, les fluctuations du niveau général de la production, du commerce, des prix et de l'emploi, et de façon générale pour favoriser la prospérité économique et financière du Canada ».
Ces derniers mois, les événements survenus sur les marchés financiers ont fait couler beaucoup d'encre. La turbulence sur les marchés mondiaux du crédit, provoquée par l'évolution du marché américain des prêts hypothécaires à risque, a retenu l'attention des acteurs du marché et des décideurs publics à l'échelle internationale.
Allocution prononcée par Paul Jenkins, premier sous-gouverneur de la Banque du Canada, à l’édition 2004 du colloque conjoint de l’Association des marchés financiers du Canada et de la Financial Markets Association (États-Unis)
Lorsqu'elles formulent leur politique monétaire, les banques centrales doivent composer avec un degré considérable d'incertitude quant à l'évolution de l'économie. Dans cet article, les auteurs décrivent les différents types d'incertitude et passent en revue quelques-unes des situations d'incertitude auxquelles la Banque a été confrontée ces dernières années. Ils examinent ensuite les stratégies que l'institution applique pour faire face à ce problème.
Les autres articles du présent numéro exposent en détail trois de ces grandes stratégies.
Faits saillants
* Le rythme de l'activité économique aux États-Unis reste vigoureux et dépasse les projections antérieures.
* La demande extérieure étant plus vigoureuse que prévu, la Banque s'attend maintenant à ce que la croissance du PIB réel au Canada en l'an 2000 se situe dans la moitié supérieure de la plage de 2,75 % à 3,75 % projetée dans le Rapport sur la politique monétaire de novembre dernier.
* L'inflation mesurée par l'indice de référence a été inférieure aux prévisions en novembre, en partie à cause des rabais pratiqués sur certains biens semi-durables.
* La Banque s'attend à ce que l'inflation mesurée par l'indice de référence s'accélère pour atteindre 2 % au premier trimestre de l'an 2000.
* En raison de la hausse des prix de l'énergie, le taux d'accroissement de l'IPC global devrait monter à près de 3 % au début de l'année.
* L'évolution observée au cours des trois derniers mois vient confirmer les risques pesant sur les perspectives de l'économie canadienne qui ont été évoqués dans le dernier Rapport, à savoir une accélération de la croissance de la demande de produits canadiens au pays et à l'étranger et une recrudescence des pressions inflationnistes potentielles aux États-Unis.
Les données recueillies depuis le 14 janvier, date de la mise à jour de l'analyse présentée dans le Rapport sur la politique monétaire de novembre dernier, continuent de laisser entrevoir un raffermissement des perspectives de l'économie mondiale et de l'activité au Canada.
Aux États-Unis, l'expansion du PIB réel a encore dépassé les attentes — atteignant un taux annuel de 5,8 % au quatrième trimestre de 1999. Bien que des pressions s'exercent manifestement sur les prix et les coûts aux États-Unis, la forte croissance de la productivité a maintenu les coûts unitaires de main-d'oeuvre à un bas niveau. Toutefois, comme la demande s'est accrue à un rythme supérieur à celui de la capacité potentielle et qu'une telle situation présente des risques d'inflation, la Réserve fédérale a haussé le taux cible des fonds fédéraux de 25 points de base pour le porter à 5,75 % le 2 février.
Même si la tendance de l'inflation reste faible dans les pays industriels, un certain nombre d'autres grandes banques centrales, s'inquiétant de l'apparition future de pressions inflationnistes compte tenu du renforcement de la demande, ont aussi haussé leurs taux directeurs au cours des deux dernières semaines.
La vigueur de la demande étrangère, particulièrement de la demande américaine, continue de transparaître dans les plus récentes données sur notre balance commerciale. La croissance des exportations est restée forte en novembre, et le solde global a affiché un excédent important. Les cours mondiaux de nos principaux produits de base continuent aussi de se redresser sous l'effet du raffermissement de la demande globale. Au pays, les chiffres les plus récents au sujet de la demande et de la production témoignent d'une robustesse continue. Le PIB réel (au coût des facteurs) s'est accru de 0,6 % en novembre (4,6 % en glissement annuel), et l'emploi a maintenu sa forte progression en fin d'année et au début de janvier. D'autres indicateurs, y compris les dernières données sur les agrégats monétaires, confirment ce tableau économique favorable. La Banque prévoit à l'heure actuelle que la croissance du PIB en 2000 se situera près de la limite supérieure de la plage de 2,75 à 3,75 % projetée en novembre.
Le taux d'accroissement de l'indice de référence que nous utilisons pour mesurer l'inflation a été de 1,6 % (en glissement annuel) en décembre, soit légèrement au-dessous des prévisions, en partie à cause des rabais temporaires pratiqués sur certains produits. Nous pensons encore que l'inflation mesurée par l'indice de référence montera pour s'établir au point médian de la fourchette cible de 1 à 3 % au premier trimestre de cette année. Parallèlement, le taux d'augmentation de l'IPC global grimpera probablement à près de 3 % en raison de l'escalade récente des prix de l'énergie, mais on continue de s'attendre à ce qu'il redescende dans le courant de l'année pour se rapprocher de celui de l'indice de référence, à mesure que les prix de l'énergie se modéreront.
La Banque du Canada a relevé le taux officiel d'escompte de 25 points de base pour le porter à 5,25 % le 3 février. La Banque a pris sa décision en tenant compte notamment du dynamisme de la demande de produits canadiens tant au pays qu'à l'étranger, de l'importance de veiller à ce que l'économie s'approche de façon prudente des limites de sa capacité de production et du risque d'un déversement au Canada des pressions inflationnistes qui pourraient s'exercer aux États-Unis.