Prospérer au sein de l'économie mondiale d'aujourd'hui : défis posés aux économies ouvertes telles que l'Australie et le Canada
Je suis très heureux de me trouver à Sydney ce soir pour parler de nos deux économies qui ont tant de points en commun : croissance solide, taux de chômage faible, perspectives d'avenir prometteuses et politiques macroéconomiques saines. Mais j'aimerais aussi traiter de nos économies dans le contexte du marché mondial plus vaste dans lequel nous effectuons nos échanges commerciaux. Par la suite, je discuterai de l'importance pour notre bien-être économique, et celui des générations futures, de renforcer les institutions internationales qui sont vitales pour la stabilité du commerce extérieur et des systèmes financiers.
Étant d'importants producteurs de matières premières, le Canada et l'Australie dépendent fortement du commerce extérieur pour favoriser leur croissance économique et, l'un comme l'autre, nous comptons en grande partie sur les marchés internationaux de capitaux. C'est pourquoi je veux vous entretenir tout d'abord de la façon dont nous percevons l'évolution de l'économie du Canada et du globe et de ce que l'avenir pourrait nous réserver. Puis, j'examinerai certaines des politiques qui sont les plus susceptibles d'aider des pays comme les nôtres à relever les défis que pose l'économie mondiale d'aujourd'hui, dans une perspective tant nationale qu'internationale.
Le Canada, l'Australie et l'économie mondiale
Au Canada, nous sommes très optimistes actuellement à propos de nos perspectives, malgré le fait que le ralentissement de l'économie américaine auquel nous assistons est plus prononcé et s'est amorcé plus tôt que nous ne l'avions anticipé.
Cette baisse de régime a certes de graves conséquences sur la demande mondiale, mais comme les États-Unis sont, de loin, notre principal partenaire commercial, elle nous touche plus durement.
Après avoir connu plusieurs années de forte progression, l'économie américaine se ralentit, bridée par le recul du secteur du logement et le tassement de la demande d'automobiles. Le taux de croissance aux États-Unis, qui a été robuste au premier trimestre de 2006, s'est replié à 2,9 % au deuxième trimestre et, selon les estimations préliminaires, il se serait chiffré à seulement 1,6 % au troisième. La Banque du Canada prévoit maintenant que le rythme d'expansion de l'économie de nos voisins du sud se situera en moyenne entre 2 et 2,5 % au second semestre de cette année et au premier semestre de 2007, et devrait ensuite remonter au-dessus de 3 % durant la deuxième moitié de l'an prochain et y demeurer tout au long de 2008.
Étant donné le niveau d'activité plus faible qu'escompté aux États-Unis, le PIB de notre pays a crû à un rythme inférieur aux attentes aux deuxième et troisième trimestres de cette année. Après avoir augmenté de 3,6 % en chiffres annuels au premier trimestre de 2006, il a chuté et s'est établi à seulement 2 % au deuxième, et pour ce qui est du troisième trimestre, nous prévoyons qu'il avoisinera également les 2 %.
Mais il importe de considérer le léger ralentissement en cours au Canada comme un mouvement vraisemblablement cyclique et de très courte durée. Vu la faiblesse à court terme de l'économie aux États-Unis, les exportations nettes donneront sans doute un sérieux coup de frein à la croissance au pays. Toutefois, les dépenses de consommation et les investissements des entreprises devraient demeurer robustes. Dans l'ensemble, la Banque s'attend à ce que le rythme d'accroissement du PIB réel atteigne 2,8 % en 2006, pour descendre à 2,5 % en 2007 mais remonter à 2,8 % en 2008.
L'inflation mesurée par l'indice de référence devrait se hisser légèrement au-dessus de 2 % au cours des prochains mois, mais être redescendue à ce niveau au milieu de 2007 et y demeurer jusqu'à la fin de 2008. L'inflation mesurée par l'IPC global avoisinera probablement 1 1/2 % en moyenne jusqu'au deuxième trimestre de 2007, avant de remonter à la cible de 2 %, où elle devrait rester jusqu'à la fin de 2008.
Le principal risque à la hausse au sein de l'économie canadienne est toujours lié au dynamisme des dépenses des ménages et des prix des logements. Ce dynamisme est associé au vif essor du crédit à la consommation. En accroissant la valeur nette des propriétés et, donc, la disponibilité des garanties, les fortes augmentations qu'ont connues récemment les prix des maisons ont soutenu l'expansion robuste du crédit à la consommation. Il est possible que ces liens soient plus forts qu'on ne le présume ou que la valeur des maisons continue à grimper plus rapidement qu'on ne l'avait prévu, ce qui pourrait donner lieu à des majorations plus substantielles qu'escompté des dépenses des ménages et, de ce fait, à des pressions à la hausse plus intenses sur l'inflation.
Le plus important risque à la baisse pour l'économie canadienne tient à la possibilité que l'activité ralentisse plus que ce à quoi on s'attendait dans le secteur du logement aux États-Unis, et que la faiblesse de ce secteur ne se répercute sur la consommation et l'investissement. Un essoufflement plus grand de la demande intérieure américaine ferait décroître la demande d'exportations canadiennes, ce qui affaiblirait l'économie du Canada dans son ensemble. En pareilles circonstances, l'inflation serait également moins élevée.
Le repli de l'activité aux États-Unis est un rappel cuisant de l'importance du rôle joué par ceux-ci dans l'absorption des exportations de nombreux pays étant donné leur appétit vorace, et du poids de cette demande américaine vigoureuse dans la croissance de l'économie du globe.
Bien entendu, les États-Unis sont loin d'être les seuls à absorber des biens et des ressources de l'ensemble de la planète pour alimenter leur expansion économique. Le dynamisme de la demande mondiale, surtout celle de produits de base provenant des puissances émergentes que sont la Chine et l'Inde, a stimulé la croissance du Canada et de l'Australie et nous a rappelé aussi à quel point les pays sont devenus étroitement imbriqués.
Le Canada est connu pour ses exportations nettes de produits de base non énergétiques. Nous continuons à exporter des minéraux et du bois d'oeuvre à profusion. Au cours de la dernière décennie, toutefois, grâce à l'abondance de nos réserves pétrolières et gazières et à cause de la flambée des cours du pétrole et du gaz naturel, nous nous distinguons de plus en plus par nos richesses énergétiques. Parallèlement, les réserves et les exportations de minéraux, d'uranium et de charbon de l'Australie sont parmi les plus importantes du monde, et la demande de ces matières premières contribue à façonner les points de vue des marchés internationaux concernant votre pays. Par ailleurs, nous sommes traditionnellement deux des trois plus gros exportateurs de céréales au monde. C'est pourquoi je comprends tout à fait vos fermiers qui sont aux prises avec une sécheresse. Ils ont toute ma sympathie.
Devant une demande si forte et un intérêt si grand pour nos produits de base à l'échelle du globe, il serait peut-être opportun de s'arrêter un moment et de réfléchir à la façon dont nous pourrions tenter de renforcer les échanges internationaux et les systèmes financiers dont nous dépendons si fortement. Les marchés internationaux des produits de base sont soumis à des fluctuations. Les mouvements des cours des matières premières et de nos taux de change peuvent poser des défis économiques de taille aux entreprises et aux travailleurs. Les banques centrales et les gouvernements doivent donc formuler des politiques permettant à ces deux groupes de réagir rapidement à l'évolution de la conjoncture. La prospérité durable de nos deux économies atteste de politiques intérieures qui encouragent la flexibilité et, partant, favorisent l'ajustement.
Des politiques susceptibles d'encourager la flexibilité
Sur le plan national, il semble que le Canada et l'Australie soient sur la bonne voie, comme en témoignent nos résultats économiques. Au chapitre de la politique monétaire, la Banque du Canada et la Banque de réserve d'Australie ont adopté un régime de cibles d'inflation assorti d'un taux de change flottant. Pendant plus d'une décennie, elles ont concentré leurs efforts sur le maintien d'un taux d'inflation bas et stable.
La poursuite de cibles d'inflation contribue à préserver la confiance dans la valeur future de la monnaie et, ainsi, à ancrer les attentes d'inflation. Cela aide les entreprises à réaliser des investissements judicieux, en maximisant la clarté des signaux de prix. La maîtrise de l'inflation est également essentielle au maintien de la confiance dans les marchés au pays et à l'étranger.
Les banques centrales s'efforcent d'atteindre leur cible d'inflation en modifiant les taux d'intérêt de façon à garder l'offre et la demande globales à peu près en équilibre. En cherchant à faire tourner l'économie à son plein potentiel ou près de celui-ci, la politique monétaire peut faciliter la réaffectation des ressources de secteurs en perte de vitesse à des secteurs en expansion.
Cela est particulièrement important à une époque comme la nôtre, où les fluctuations prononcées des prix relatifs font ressortir la nécessité d'ajustements rapides sur le plan économique. Et cela importe surtout pour des pays comme le Canada et l'Australie, des nations commerçantes dotées d'une économie ouverte, dont le bien-être repose assez largement sur la production et la vente de produits de base.
Bien entendu, une banque centrale qui poursuit une cible d'inflation doit avoir un régime de changes flottants. L'expérience nous montre que dans le cas de pays comme les nôtres, la flexibilité du taux de change facilite l'ajustement aux chocs.
Les économies canadienne et australienne sont raisonnablement flexibles. Par flexible, j'entends la capacité de s'adapter rapidement à des conditions changeantes. Et même si on reconnaît que le Canada et l'Australie ont pris des mesures pour accroître la flexibilité ces dernières années, il y a encore beaucoup à faire. Au Canada par exemple, nous sommes toujours confrontés à la nécessité d'assouplir nos marchés du travail et d'encourager la concurrence. Nous sommes également conscients du besoin de rendre nos marchés financiers aussi efficients que possible.
Au cours des dix dernières années, nos deux pays ont mis en oeuvre d'excellentes politiques budgétaires. En Australie, elles se sont fondées sur une période antérieure de réduction de la dette, tandis qu'au Canada, nous sommes en train de faire baisser l'endettement à des niveaux qui seront soutenables à la lumière des pressions démographiques avec lesquelles notre pays, comme tant d'autres, devra composer dans l'avenir.
Mais la flexibilité et de bonnes politiques macroéconomiques au pays ne suffisent quand même pas à garantir notre prospérité future : nous devons, tous, veiller au bon fonctionnement du système financier international. Permettez-moi maintenant de traiter de cette question.
La promotion d'un ordre international stable et efficace
Il ne fait aucun doute pour moi que le Canada et l'Australie ont tout intérêt à promouvoir la libéralisation des échanges et une plus grande stabilité financière dans le monde. En ce qui a trait au commerce, il est vital de reprendre et de mener à bien rapidement les négociations multilatérales du cycle de Doha, amorcées il y a cinq ans sous les auspices de l'Organisation mondiale du commerce, et que tous les pays unissent leurs efforts en vue de continuer à renforcer le rôle de l'OMC. La prospérité future de tellement de pays, développés ou en développement, dépend de l'issue de ces négociations commerciales cruciales.
En ce qui a trait aux questions financières internationales, je crois que nous pouvons tous nous remémorer très clairement un exemple assez récent de ce qui peut se produire lorsque l'ordre financier mondial est bouleversé. La crise financière asiatique est survenue il y a bientôt dix ans. Pourtant, qui a pu oublier avec quelle rapidité elle s'est propagée dans le monde entier, faisant chuter des devises, perturbant les marchés, frappant d'autres pays émergents et semant la panique dans de nombreuses économies. La demande de produits de base s'est nettement contractée pendant la crise en Asie, qui a finalement entraîné une baisse marquée des cours mondiaux de bon nombre de matières premières. Certains de ces cours ont atteint des niveaux qui n'avaient jamais été aussi bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qui a mené à une forte dépréciation de nos monnaies.
Des progrès ont été accomplis depuis, dont la mise sur pied d'organismes tels que le Forum sur la stabilité financière et le Groupe des Vingt (G20). Ce dernier est formé de représentants d'économies industrialisées et émergentes qui sont primordiales sur le plan systémique. Comme vous le savez, il se réunira à Melbourne plus tard ce mois-ci. Je me réjouis à l'idée d'assister à cette rencontre, et je tiens à vous dire combien j'apprécie l'excellent soutien que votre pays procure à cette instance très importante. Des organisations comme celle-ci donnent la possibilité aux marchés émergents en particulier d'améliorer la qualité de leurs politiques macroéconomiques et de leur réglementation en matière de systèmes financiers. Et je crois que l'on peut affirmer à juste titre que c'est grâce aux efforts déployés notamment par de tels groupes que le système financier mondial est plus robuste aujourd'hui qu'il ne l'était à la fin des années 1990.
Toutefois, il reste encore beaucoup à faire. La crise financière en Asie nous rappelle à quel point les économies sont devenues étroitement liées et a mis en lumière les vulnérabilités de nations commerçantes dotées d'une économie ouverte comme les nôtres. Nous pouvons mieux prospérer lorsque les règles du jeu sont claires et que tous les respectent.
C'est pourquoi les mesures prises pour renforcer le Fonds monétaire international (FMI) sont cruciales. Créé il y a 60 ans à la conférence de Bretton Woods, au New Hampshire, le FMI s'inscrivait dans un mouvement destiné à instaurer un ordre international, financier ou commercial, qui servirait l'intérêt des États membres. Face à l'intégration toujours plus poussée des économies et à la venue de nouveaux acteurs sur la scène mondiale, la raison d'être du Fonds, à savoir promouvoir le bon fonctionnement de l'ordre monétaire et financier à l'échelle du globe, garde toute sa pertinence. Elle demeure en outre essentielle pour des pays comme l'Australie et le Canada, qui sont fortement tributaires du commerce extérieur. Un principe de base la sous-tend : l'amélioration du bien-être de tous nos concitoyens passe par une économie mondiale en expansion, propre à favoriser une hausse du niveau de vie et la réalisation de gains découlant des échanges de biens et de services à l'échelle internationale.
Le Canada doit pouvoir compter sur un ordre financier mondial efficace. Cela explique pourquoi nous déployons tant d'efforts pour que de réelles réformes viennent consolider le FMI et pour ramener l'attention de tous sur les objectifs initiaux des fondateurs de l'institution. Compte tenu de l'ampleur des flux de capitaux et des échanges commerciaux dans l'économie mondiale actuelle, nous avons besoin — aujourd'hui plus que jamais — d'un FMI renforcé, qui soit vraiment capable de promouvoir le bon fonctionnement d'un système financier international fondé sur le jeu du marché. Un système qui « fonctionne bien » est un système à la fois efficient et stable, qui aide les marchés à faire leur travail, soit canaliser l'épargne vers les investissements par la détermination du prix des capitaux et faciliter les ajustements économiques au moyen des mouvements des prix relatifs.
Quelle réforme devrait-on appliquer au FMI? Et bien, si on veut résoudre des problèmes d'ordre mondial, tout le monde doit être représenté à la table et l'ensemble des participants doivent être pleinement engagés. Mais depuis 1997, le travail du FMI présente des lacunes. Ces dernières années, de nombreuses économies de marché émergentes ont délaissé quelque peu les questions touchant le centre du système financier international pour s'intéresser à des initiatives régionales. Cette tendance doit être renversée. Les parties de l'économie du globe qui connaissent l'expansion la plus vive devraient pouvoir se faire entendre de plus en plus au sein du FMI. Lors de la récente réunion du Fonds à Singapour, une première étape a été franchie afin que cette instance reflète la réalité économique mondiale actuelle comme il se doit.
Mais faute d'une amélioration de l'efficacité du FMI dans la promotion d'un cadre à l'appui du bon fonctionnement de l'économie internationale, l'importance de cette première étape sera perdue. Selon moi, la clé de cette amélioration réside dans le raffermissement de la fonction de surveillance.
Alors, comment la surveillance assurée par le FMI doit-elle être renforcée exactement? À mon avis, le Fonds peut apporter une contribution essentielle à l'atténuation des risques mondiaux sérieux en communiquant l'« âpre vérité », pour reprendre la vision de John Maynard Keynes. Cette expression résume parfaitement les objectifs primordiaux d'une surveillance efficace exercée par le FMI. Le Fonds devrait se servir de sa fonction de surveillance pour établir la « vérité » sur la situation économique des États membres et les politiques qu'ils mènent, puis en faire part de façon transparente à tous les membres ainsi qu'à l'ensemble de la communauté internationale.
Pour cerner la vérité, le FMI doit se concentrer sur les priorités appropriées en matière de surveillance, à savoir les politiques monétaire, budgétaire, financière et de taux de change appliquées par les États membres. Il devrait concentrer sa surveillance uniquement sur ces domaines et sur les effets de débordement que ces politiques sont susceptibles d'avoir sur les autres membres. Ce sont ces priorités qui reflètent la réalité d'une économie mondiale de plus en plus intégrée.
Je ne dis pas que tous les pays doivent suivre rigoureusement la même voie en matière de politiques macroéconomiques et financières. Cependant, il importe que les politiques spécifiques adoptées par un pays ne fassent pas obstacle aux ajustements économiques. La surveillance du FMI devrait donc avoir pour but de déterminer si celles-ci sont cohérentes et si elles risquent de produire un effet d'entraînement dans le reste du monde. Le Fonds ne doit pas se perdre dans les questions microéconomiques intérieures qui ont peu d'incidence, voire aucune, sur le fonctionnement de l'économie du globe.
Une fois que le personnel du FMI a réalisé la meilleure évaluation possible de la vérité, le Fonds doit communiquer celle-ci de façon claire et transparente. Je comprends qu'il peut être difficile pour les autorités nationales de se faire dire cette vérité. Après tout, je me suis trouvé dans cette situation dans les années 1990 quand le Canada a essuyé les critiques du FMI. Même si, à l'époque, il n'a pas été agréable de se faire dire la vérité concernant la détérioration de nos finances publiques, la critique nous a donné le coup de fouet nécessaire pour prendre certaines décisions ardues.
La transparence joue aussi un rôle essentiel puisqu'elle permet aux marchés de faire la part des choses dans le cas d'une perturbation à l'échelle internationale. Lorsque les investisseurs disposent de renseignements fiables, ils peuvent prendre des décisions plus judicieuses, ce qui peut contribuer à limiter la contagion et à minimiser les occasions où les pays subissent les contrecoups de mauvaises décisions prises par d'autres. Cela importe particulièrement pour les économies de marché émergentes qui n'ont pas les ressources, les niveaux de revenus ou les capacités institutionnelles pour surmonter un grave choc.
Mais qu'entend-on réellement par « communiquer l'âpre vérité »? On veut dire par là que la surveillance doit être exercée sans complaisance et sans interférence, politique ou autre. Si les politiques mises en oeuvre par un pays, petit ou grand, risquent d'entraîner des effets de débordement ou de nuire à l'ajustement fondé sur le marché au sein de l'économie mondiale, la vérité doit être dite.
L'intégration des marchés et l'effet de levier ont amplifié les retombées possibles des politiques sur d'autres pays. Même si le partage des risques a aussi augmenté, les marchés sont toujours loin d'être complets, et de plus en plus de pays peuvent maintenant avoir des effets systémiques. En somme, il faut que nous reconnaissions que le FMI devrait fournir des évaluations franches des politiques nationales pouvant engendrer de l'instabilité dans d'autres pays ou entraver les ajustements aux déséquilibres extérieurs. Un FMI plus robuste peut contribuer à préserver la stabilité du système financier international qui est d'une grande importance pour nos entreprises et nos économies en général.
Conclusion
Il ne fait aucun doute que l'Australie et le Canada ont tous deux été très avantagés par la forte croissance économique observée à l'échelle du globe ces dernières années. Nous ne pouvons cependant pas tenir cette croissance pour acquise. J'ai parlé de l'importance particulière de la mise en oeuvre, dans des économies ouvertes comme les nôtres, de politiques budgétaires soutenables, d'une politique monétaire axée sur la poursuite de cibles d'inflation, d'un régime de changes flottants et de marchés flexibles capables de s'adapter à des conditions changeantes. En se dotant de tels mécanismes, l'Australie et le Canada seront tous deux à même de faire face aux changements qui surviendront au sein de l'économie mondiale, quels qu'ils soient.
Cependant, il ne faut ménager aucun effort pour aider à façonner l'économie mondiale. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour appuyer la libéralisation continue du commerce et résister au protectionnisme. Nous devons en outre unir nos efforts à ceux d'autres pays pour faire en sorte que le système financier international soit le plus efficient et efficace possible. La modernisation du FMI doit être un élément important de cette démarche.
Grâce à un système financier international renforcé et à de solides politiques nationales, les Australiens et les Canadiens peuvent compter, dans les années à venir, sur la poursuite d'une expansion économique vigoureuse.