Résultats de l’enquête du 1er trimestre | Vol. 6.1 | 7 avril 2025
La présente enquête a été menée auprès d’un panel en ligne du 29 janvier au 19 février 2025. Des entrevues de suivi ont été réalisées par téléphone du 20 au 25 février 2025. Cette période était caractérisée par une incertitude généralisée créée par les changements soudains et imprévisibles de la politique commerciale des États-Unis.
Vue d’ensemble
- Dans l’ensemble, les résultats de l’enquête du premier trimestre de 2025 montrent que l’escalade du conflit commercial avec les États-Unis plombe la confiance des consommateurs.
- La confiance à l’égard du marché du travail s’est considérablement affaiblie, de nombreux consommateurs – surtout ceux qui travaillent dans des secteurs dépendant fortement des échanges commerciaux – craignant de perdre leur emploi. Dans ce contexte, les répondants sont également devenus plus pessimistes quant à leur santé financière.
- Les intentions de consommation s’amélioraient depuis plusieurs trimestres, mais les répondants comptent maintenant dépenser plus prudemment, étant donné l’incertitude qui entoure le conflit commercial. De plus, les coûts élevés du logement et les prix élevés de nombreux biens et services ont continué de peser sur les projets de dépenses des ménages.
- Les consommateurs s’attendent à ce que le conflit commercial entraîne une augmentation du coût de la vie. Cela se reflète dans leurs attentes d’inflation à court terme, qui ont augmenté au premier trimestre de 2025.
Le conflit commercial avec les États-Unis pèse sur la confiance des consommateurs
La probabilité de perte d’emploi dont ont fait état les répondants a beaucoup augmenté par rapport au trimestre précédent (graphique 1). Cette augmentation, combinée aux probabilités de quitter volontairement un emploi ou de trouver un emploi qui ont peu changé, semble indiquer que la confiance des consommateurs à l’égard du marché du travail s’est nettement affaiblie ce trimestre.
Les inquiétudes concernant la sécurité d’emploi se sont accrues depuis le dernier trimestre en raison du conflit commercial, surtout chez les personnes qui travaillent dans des secteurs dépendant fortement des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis (graphique 2). Dans les entrevues de suivi, beaucoup ont dit s’inquiéter de l’impact des droits de douane sur leur emploi. Une personne travaillant pour une entreprise de construction a dit : « À cause des droits de douane, on ne peut pas compter sur les États-Unis pour obtenir des matières premières. L’entreprise pour laquelle je travaille a dû faire une pause pour trouver d’autres sources d’approvisionnement. » Et une autre, de déclarer : « Mon emploi pourrait être menacé à cause des droits de douane parce que je travaille dans l’entreposage logistique. »
Graphique 2 : Les inquiétudes concernant la sécurité d’emploi sont plus prononcées chez les personnes qui travaillent dans un secteur dépendant des exportations vers les États-Unis
Selon les résultats de l’enquête, les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des salaires ont diminué ce trimestre. Cette diminution était généralisée chez les travailleurs du secteur public et du secteur privé. Les consommateurs ont indiqué que les ajustements au coût de la vie restent le facteur qui influe le plus sur leurs attentes de croissance des salaires, mais ce trimestre, la conjoncture économique a contribué davantage à la baisse de ces attentes.
Les répondants sont également devenus plus pessimistes à l’égard de leur santé financière (graphique 3, ligne noire), en grande partie parce qu’ils pensent que leur situation financière va empirer au cours des 12 prochains mois (graphique 3, barres jaunes). Ce pessimisme accru concorde avec les inquiétudes croissantes concernant la sécurité d’emploi et une possible récession. En effet, la part des consommateurs qui s’attendent à une récession au cours de la prochaine année a considérablement augmenté (67 % ce trimestre, contre 47 % au trimestre précédent). De plus, la probabilité de manquer un remboursement de dette est encore une fois supérieure à la moyenne (graphique 3, barres orange).
Graphique 3 : Les consommateurs pensent que leur santé financière va se dégrader
Dans les entrevues de suivi, de nombreux répondants ont exprimé des inquiétudes au sujet des défis économiques découlant du conflit commercial. L’un d’eux a déclaré : « À mon avis, les droits de douane vont faire mal à l’économie canadienne. Je pense qu’il va y avoir des pertes d’emploi et une forte inflation, peut-être même une grosse récession. » Cependant, certaines personnes interrogées ont dit espérer que les mouvements visant à diversifier l’économie canadienne et à favoriser l’achat canadien qui ont résulté de ce conflit commercial entraînent des avantages à long terme pour le pays.
Les résultats de l’enquête montrent aussi que, ce trimestre, les consommateurs étaient plus nombreux à avoir une opinion négative sur les conditions d’accès au crédit, et bon nombre d’entre eux s’attendent à ce que les taux d’intérêt changent peu au cours des 12 prochains mois. Ces résultats contrastent avec ceux du trimestre précédent, où les répondants anticipaient de nouvelles baisses de taux d’intérêt. Après avoir diminué pendant plusieurs trimestres, la proportion des détenteurs de prêts hypothécaires qui prévoient réduire leurs dépenses pour être en mesure d’effectuer des versements plus élevés au moment du renouvellement de leur prêt a légèrement augmenté.
L’incertitude accrue et la prudence grandissante des consommateurs pèsent sur les décisions d’achat
Au trimestre dernier, les consommateurs avaient fait état de projets de dépenses plus importants. Ce trimestre, cependant, ils ont montré des signes de prudence par rapport à leurs décisions d’achat, sur un fond de pessimisme croissant vis-à-vis de leur sécurité d’emploi et de leur santé financière. La proportion de ceux qui réduisent ou comptent réduire leurs dépenses globales en raison de leurs attentes relatives à l’inflation et aux taux d’intérêt, par exemple, a augmenté pour la première fois depuis la première moitié de 2024 (graphique 4). Ce résultat cadre avec le fait que les consommateurs, comparativement au trimestre précédent, pensent que l’inflation sera plus élevée et qu’il n’y aura plus de baisse de taux. De même, ils ne s’attendent plus à ce que leurs dépenses augmentent plus rapidement que les prix. Dans les entrevues de suivi, une personne a commenté : « C’est clair que je dépense moins et que j’épargne plus parce que l’avenir est incertain. J’aime anticiper ce qui pourrait se produire dans l’économie – par exemple, ma sécurité d’emploi pourrait se dégrader. »
Graphique 4 : Après avoir reculé pendant plusieurs trimestres, la part des consommateurs qui prévoient réduire leurs dépenses a augmenté
Ce trimestre, une proportion plus importante de répondants ont dit que l’incertitude économique freine leurs décisions d’achat. D’autres facteurs continuent de peser lourdement sur les dépenses de consommation, en particulier les coûts élevés du logement et les prix élevés de nombreux biens et services (graphique 5).
Graphique 5 : Les prix élevés, l’incertitude et les coûts du logement continuent de peser sur les dépenses
Les consommateurs qui s’attendent à être négativement touchés par le conflit commercial avaient tendance à projeter des dépenses non essentielles plus modestes que les autres (graphique 6).
Graphique 6 : Les consommateurs s’attendent à réduire leurs dépenses non essentielles en raison des préoccupations pour la sécurité d’emploi causées par le conflit commercial
Le conflit commercial change non seulement le montant que les consommateurs prévoient dépenser, mais aussi ce qu’ils comptent acheter. Plus de la moitié d’entre eux ont indiqué qu’en réponse aux tensions commerciales, ils dépensent moins pour des produits en provenance des États-Unis et plus pour des produits fabriqués au Canada (graphique 7).
Dans les entrevues de suivi, de nombreux consommateurs ont exprimé le souhait de privilégier les produits canadiens, soit pour soutenir l’économie canadienne, soit pour protester contre les actions de l’administration américaine. Par exemple, un répondant a déclaré : « Je ne suis pas d’accord avec les droits de douane et j’espère qu’ils seront abolis. Mais en attendant, je pense que le mieux qu’on puisse faire, c’est de soutenir les produits canadiens et d’essayer de stimuler notre économie le plus possible. » Toutefois, l’ampleur de ce phénomène est incertaine et reste à déterminer. En effet, si certaines personnes interrogées étaient prêtes à payer un peu plus pour des produits canadiens, d’autres ont dit que le coût de la vie était trop élevé pour qu’elles puissent se permettre d’acheter des produits locaux plus chers.
Graphique 7 : Plus de la moitié des consommateurs comptent acheter des produits canadiens plutôt qu’américains en raison du conflit commercial
Les consommateurs ont également fait part d’intentions d’achat d’un logement un peu plus faibles qu’il y a un trimestre. La baisse était plus prononcée chez les répondants qui anticipent une récession.
Les consommateurs s’attendent à ce que l’inflation augmente en raison du conflit commercial
Les résultats de l’enquête montrent que les consommateurs s’attendent à ce que le conflit commercial entraîne une augmentation du coût de la vie (graphique 8). Dans ce contexte, leurs attentes d’inflation à court terme ont augmenté ce trimestre pour la première fois depuis 2022 (graphique 9, lignes bleue et jaune). Les perceptions de l’inflation actuelle n’ont cependant pas changé depuis le trimestre précédent (graphique 9, ligne noire). Les attentes d’inflation à l’horizon de cinq ans ont aussi augmenté légèrement, mais restent proches de leurs niveaux prépandémiques (graphique 9, ligne verte).
Graphique 8 : Les consommateurs s’attendent à ce que le coût de la vie augmente en raison du conflit commercial
Graphique 9 : Les attentes d’inflation à court terme des consommateurs ont augmenté de façon marquée
Selon les consommateurs interrogés, les droits de douane et le taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain sont les facteurs les plus importants qui entravent la capacité de la Banque à contrôler l’inflation (graphique 10). Dans les entrevues de suivi, de nombreux répondants ont établi un lien entre la hausse de l’inflation et les droits de douane. Une personne a commenté : « J’ai l’impression que l’inflation va s’aggraver. J’ai déjà vu les prix monter, mais je sens qu’avec les droits de douane qui se profilent, ils vont augmenter encore plus. » Une autre a dit : « Les droits de douane vont certainement avoir un impact sur nous, les consommateurs finaux, parce que c’est évident que les hausses de prix vont devoir être répercutées sur nous dans tout, que ce soit les automobiles, l’épicerie ou n’importe quoi d’autre. »
Graphique 10 : Les consommateurs pensent que les droits de douane et le taux de change Canada–États-Unis sont les principaux facteurs qui entravent la capacité de la Banque du Canada à contrôler l’inflation
Toutefois, la plupart des consommateurs ont déclaré s’attendre à ce que l’effet inflationniste des droits de douane dure moins de cinq ans. Il s’agit d’une durée plus courte que celle d’autres pressions inflationnistes qu’ils ont relevées, comme les dépenses publiques au pays et le coût du logement.