Le gouverneur Tiff Macklem explique comment l’incertitude entourant la guerre commerciale avec les États-Unis a ébranlé la confiance des entreprises et des consommateurs. Il rappelle que la Banque du Canada doit éviter que les prix élevés découlant des droits de douane alimentent l’inflation de façon durable.

Le gouverneur Tiff Macklem s’adresse à l’organisme Calgary Economic Development. Lisez le discours complet.

Les droits de douane américains vont porter un coup dur à des secteurs névralgiques au Canada

Les États-Unis ont imposé des droits de douane sur certaines exportations canadiennes et menacé d’en imposer d’autres à compter du début d’avril. Le Canada a riposté en appliquant des droits de douane sur certaines importations américaines et promis de mettre en place de nouvelles contre-mesures si la guerre commerciale s’intensifie.

Des droits de douane généralisés et durables vont nuire aux exportations et à la production globale du Canada, et pousser les prix à la hausse. Les droits de douane auront également des effets importants sur des secteurs clés et plusieurs régions du pays, notamment :

  • le secteur pétrolier et gazier en Alberta, qui pourrait être frappé par des droits de douane de 10 % sur ses exportations vers les États-Unis
  • les producteurs de potasse en Saskatchewan, qui exportent beaucoup d’engrais aux États-Unis
  • les agriculteurs des Prairies, qui utilisent du phosphate américain et achètent des machines et du matériel provenant des États-Unis
  • le secteur de l’acier et de l’aluminium, qui fait maintenant face à des mesures tarifaires visant à la fois les exportations et les importations

Même sans droits de douane, l’incertitude cause des dommages

Certains droits de douane américains ont été mis en place, tandis que de nombreux autres ont été retardés. Des exemptions ont également été accordées, et la politique tarifaire américaine change encore fréquemment. Les revirements de politique constants ont créé une grande incertitude, qu’on peut subdiviser en deux catégories :

  • l’incertitude entourant les droits de douane comme tels, c’est-à-dire lesquels seront imposés et pendant combien de temps
  • l’incertitude concernant les répercussions des droits de douane sur notre économie

Certaines entreprises ont déjà commencé à revoir à la baisse leurs perspectives de vente, en raison de l’imprévisibilité de la politique américaine. Les entreprises en sont aussi à retarder leurs investissements et leurs projets d’embauche. De nombreux ménages comptent dépenser plus prudemment.

Nous ne savons pas exactement comment les ménages et les entreprises vont réagir si des droits de douane généralisés sont imposés et perdurent. Ce que nous savons, c’est que la demande va diminuer, que la croissance économique va s’affaiblir et que l’inflation sera plus forte.

Les entreprises et les ménages canadiens font de leur mieux pour composer avec l’imprévisibilité de la politique américaine, mais cette incertitude nuit à notre économie. »

La Banque doit se concentrer davantage sur la maîtrise de l’inflation

Les droits de douane feront augmenter le coût des biens importés et s’ajouteront aux coûts des entreprises. Les prix vont donc monter. Mais on ne sait pas exactement à quelle cadence ni dans quelle proportion le coût que représentent les droits de douane sera répercuté sur les prix payés par les consommateurs canadiens. Il y a également un risque que les hausses de prix ponctuelles s’étendent à d’autres biens et services et se transforment en inflation persistante.

La Banque doit veiller à ce que l’augmentation des prix causée par les droits de douane ait seulement un effet temporaire sur l’inflation. C’est pourquoi elle :

  • surveillera comment l’augmentation des coûts va être répercutée sur les prix à la consommation
  • utilisera des données et des modèles plus fiables pour déterminer si l’inflation se propage
  • consultera davantage d’entreprises et de ménages canadiens pour comprendre comment ils réagissent à l’incertitude et au conflit commercial qui s’intensifie

Nous savons que certains prix vont augmenter quand les droits de douane seront imposés. La politique monétaire ne peut rien y faire. Ce qu’elle peut – et doit – faire, c’est empêcher la propagation de ces hausses initiales et directes des prix. Nous devons éviter que l’augmentation des prix causée par les droits de douane se transforme en inflation persistante et généralisée. »

Le gouverneur Macklem répond aux questions des médias après son discours.

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