Résultats de l’enquête du 4e trimestre de 2024 | Vol. 21.4 | 20 janvier 2025
Les entrevues de l’enquête sur les perspectives des entreprises ont été menées en personne, par vidéoconférence et par téléphone entre les 7 et 27 novembre 2024. Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête mensuelle en ligne. Les résultats les plus récents sont ceux des enquêtes menées en octobre, novembre et décembre 2024.
Vue d’ensemble
- Dans l’ensemble, la confiance des entreprises demeure modérée, mais celles-ci commencent à anticiper une amélioration des ventes. Parallèlement, elles prévoient que la progression des coûts va continuer à ralentir et que celle des prix de vente va se stabiliser.
- Après une période de faible demande, les entreprises s’attendent à ce que la croissance de leurs ventes augmente au cours de l’année à venir. Cette attente s’explique en grande partie par les baisses récentes des taux d’intérêt et l’anticipation de nouvelles réductions.
- Comme les coûts de financement ont diminué et que les perspectives de demande s’améliorent, les intentions des répondants d’accroître leurs investissements sont plus répandues, en partie du fait de la reprise d’anciens projets qui avaient été reportés.
- La plupart des répondants ont déclaré avoir certaines capacités excédentaires. Pour cette raison, les intentions d’embauche restent modérées. De plus, les pénuries de main-d’œuvre limitant la capacité à répondre à la demande ne sont pas généralisées, et la plupart des entreprises estiment que la disponibilité de main-d’œuvre externe s’est améliorée par rapport à il y a un an.
- La croissance des prix de vente s’est stabilisée, tandis que celle des salaires et des coûts d’autres intrants continue de ralentir. Les attentes d’inflation se sont légèrement accrues au cours des derniers mois, mais elles se situent toujours à l’intérieur de la fourchette cible de la Banque du Canada.
- L’incertitude quant aux effets de la nouvelle administration américaine est répandue, les entreprises anticipant généralement une hausse des coûts des intrants en raison des tensions commerciales.
Les entreprises font encore face à des vents contraires
La confiance des entreprises est restée modérée au quatrième trimestre de 2024 (graphique 1). Comme au trimestre précédent, les facteurs suivants pesaient sur leur confiance :
- la faiblesse des dépenses de consommation et le niveau modeste de la demande en général
- l’incertitude entourant la conjoncture économique
- les impôts et la réglementation
On observe toutefois des signes d’un regain d’optimisme, l’activité commerciale montrant une amélioration tangible par rapport au faible niveau observé précédemment. Cette amélioration est attribuable à la baisse de l’inflation et des taux d’intérêt. Dans ce contexte, seulement 15 % des répondants anticipent une récession au pays durant l’année à venir. Cette proportion reste inchangée par rapport au trimestre précédent, mais elle est nettement inférieure à ce qu’elle était il y a 12 mois (38 %).
Graphique 1 : La confiance des entreprises est restée modérée tout au long de 2024
Parallèlement, l’indicateur de l’enquête, une mesure synthétique des principales questions, est demeuré sous la moyenne en raison du ralentissement de la croissance des coûts, dont les salaires, ainsi que des pressions sur la capacité plus faibles que la moyenne (graphique 2). Cependant, l’indicateur s’est progressivement redressé au cours des cinq derniers trimestres, les perspectives de demande s’étant améliorées par rapport à de faibles niveaux et la croissance des coûts continuant à se normaliser. Selon les répondants, l’amélioration des indicateurs de la demande tiendrait en grande partie aux quatre baisses du taux directeur survenues entre juin et le moment de l’enquête.
Graphique 2 : L’indicateur de l’enquête s’est amélioré, mais il demeure sous la moyenne
Dans Le Pouls des leaders d’entreprise de décembre, les répondants ont également été questionnés au sujet des effets attendus de la nouvelle administration américaine sur leurs activités. Alors qu’un tiers d’entre eux ont indiqué qu’il était trop tôt pour se prononcer, 40 % ont déclaré anticiper des effets négatifs, évoquant le plus souvent la hausse du coût des intrants (graphique 3). Plusieurs répondants ont mentionné que les tensions commerciales feraient augmenter le coût général des biens. Certains ont également indiqué qu’ils avaient revu à la baisse leurs perspectives en matière de ventes, d’investissements et d’embauche. Les effets attendus sur les prix de vente sont mitigés : tandis que certains répondants ont l’intention de répercuter la hausse des coûts sur leurs prix de vente, d’autres prévoient maintenant limiter leurs hausses de prix pour demeurer concurrentiels.
Graphique 3 : Les entreprises craignent une hausse des prix et une baisse de l’activité à la suite de l’élection américaine
Les perspectives de ventes continuent de montrer des signes d’amélioration
La demande reste modérée. Les entreprises – notamment celles dont l’activité dépend des dépenses de consommation discrétionnaires – ont souligné que les taux d’intérêt élevés de la dernière année pesaient sur leurs ventes. D’ailleurs, le tiers ont déclaré une baisse de leur volume de ventes au cours des 12 derniers mois.
Cependant, les entreprises s’attendent à une amélioration des conditions de la demande. Leurs indicateurs des ventes futures (carnets de commandes, réservations, demandes de renseignements, etc.) ont progressé depuis un an, alors que la demande était faible. Le solde des opinions se situe maintenant légèrement au-dessus de sa moyenne historique, la part des entreprises signalant une amélioration des indicateurs étant désormais beaucoup plus élevée que la part de celles faisant état d’une détérioration (graphique 4, ligne rouge). De plus, les entreprises s’attendent à ce que la croissance des ventes augmente au cours de la prochaine année par rapport à un bas niveau (graphique 4, barres bleues). Elles sont aussi plus nombreuses qu’au trimestre précédent à voir des avantages aux réductions du taux directeur, évoquant un renforcement de la demande et de la confiance des consommateurs. Les entreprises attribuent également ces perspectives plus favorables à leurs propres efforts, disant entre autres miser davantage sur un établissement stratégique des prix (rabais, offres promotionnelles, etc.) et offrir des biens et services abordables afin de demeurer concurrentielles dans un environnement caractérisé par une demande modeste.
Graphique 4 : Les entreprises s’attendent à ce que la croissance des ventes augmente par rapport aux bas niveaux de l’an dernier
Les intentions des entreprises d’accroître leurs investissements au cours de l’année à venir sont devenues plus répandues, se situant bien au-dessus de leur moyenne historique (graphique 5). Cela tient en partie au fait que les entreprises reprennent des projets d’investissement qu’elles avaient reportés maintenant que les coûts d’emprunt sont plus bas et que les perspectives de demande sont plus favorables. Mais bien qu’un plus grand nombre d’entreprises prévoient investir davantage, l’ampleur globale des hausses n’a rien d’exceptionnel. De ce nombre, près de la moitié – une proportion supérieure à celle du trimestre précédent – ne prévoient qu’une faible augmentation. L’incertitude, liée notamment à la politique commerciale américaine, freine les projets d’investissement de certaines entreprises. En même temps, les intentions d’investissement sont robustes chez les entreprises du secteur de l’énergie (encadré 1).
Graphique 5 : Les intentions des entreprises d’accroître leurs investissements sont devenues plus répandues
De nombreuses entreprises disposent de capacités excédentaires, ce qui réduit les pressions pour prendre de l’expansion
La proportion d’entreprises ayant fait état de contraintes limitant leur capacité à répondre à la demande a encore diminué ce trimestre, compte tenu de l’effet durable de la modération de la demande (graphique 6, ligne jaune). Et les entreprises sont aussi moins nombreuses à connaître des pénuries de main-d’œuvre qui nuisent à leurs ventes (graphique 6, ligne verte). Les pénuries de main-d’œuvre qui se font sentir sont beaucoup moins intenses qu’il y a un an en raison de la récente faiblesse des ventes et de la hausse de l’offre de main-d’œuvre.
Graphique 6 : La plupart des entreprises ne sont pas confrontées à des contraintes limitant leur capacité à répondre à la demande
Comme de nombreuses entreprises ne sont pas confrontées à des contraintes limitant leur capacité à satisfaire la demande, les intentions d’embauche globales demeurent modestes (graphique 7). La proportion d’entreprises qui prévoient embaucher du personnel supplémentaire s’est légèrement accrue, mais bon nombre d’entre elles ne s’attendent qu’à des augmentations modestes. Ces entreprises ont indiqué que leurs projets d’embauche dépendaient de l’évolution de la demande de leurs produits ou services. Dans l’ensemble, une proportion d’entreprises plus grande que d’habitude prévoit maintenir les niveaux d’emploi à peu près stables au cours de la prochaine année, bon nombre estimant disposer d’un effectif suffisant pour répondre à la demande actuelle et anticipée. Fait intéressant, la proportion d’entreprises comptant réduire leur effectif n’a pas augmenté au cours des derniers trimestres et se situe près de sa moyenne historique. Par ailleurs, un petit sous-ensemble d’entreprises a dit avoir besoin de restructurer sa base d’emploi compte tenu des nouvelles politiques d’immigration.
Graphique 7 : Les intentions d’embauche demeurent faibles
Les répondants prévoient un ralentissement de la croissance des coûts
Les répondants s’attendent à ce que la progression des coûts de main-d’œuvre continue de ralentir à l’horizon d’un an (graphique 8, barres bleues). Cette attente tient à l’assouplissement des conditions du marché du travail ainsi qu’à la baisse de l’inflation. L’augmentation moyenne attendue des salaires sur cette même période continue de fléchir (graphique 8, ligne noire) et ne demeure que légèrement supérieure à la moyenne prépandémique. La proportion des répondants qui prévoient des augmentations salariales normales est passée à 70 %, poursuivant la tendance à la hausse amorcée au deuxième trimestre de 2023, alors qu’elle n’était que de 15 %. Les répondants continuent également d’anticiper un ralentissement de la progression des prix des intrants hors main-d’œuvre (graphique 8, barres jaunes), principalement en raison de la croissance plus faible des prix des biens et services hors produits de base.
Graphique 8 : Les entreprises prévoient encore un ralentissement de la croissance des salaires et des coûts
Bien que les répondants s’attendent à ce que la croissance des salaires et des coûts des intrants continue de ralentir dans les 12 prochains mois, ils prévoient que leurs prix de vente vont augmenter au même rythme qu’au cours des 12 derniers mois (graphique 9). En effet, ils ont indiqué que le contexte de raffermissement de la demande va leur permettre de répercuter sur leurs clients une plus grande partie de leurs hausses de coûts antérieures et de rétablir leurs marges de profit. Néanmoins, les forces concurrentielles devraient limiter la mesure dans laquelle les prix de vente pourront augmenter.
Graphique 9 : Les entreprises s’attendent à ce que la croissance des prix de vente se stabilise
Les attentes d’inflation sont légèrement supérieures à celles du trimestre précédent, mais se maintiennent entre 2,5 et 3 % pour tous les horizons (graphique 10). Certains répondants ont indiqué que les éventuels droits de douane américains avaient une incidence sur leurs attentes d’inflation, anticipant principalement une montée des pressions inflationnistes. Le fait que la demande demeure modérée a été cité comme facteur faisant contrepoids, permettant à la croissance des coûts de main-d’œuvre et autres de se modérer. Environ les trois quarts des répondants sont d’avis que l’inflation à l’horizon de deux ans se maintiendra à l’intérieur de la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque (graphique 11). Ils sont de plus en plus nombreux à s’attendre à ce que l’inflation se situe vers le bas de cette fourchette, ce qui est en partie contrebalancé par le nombre croissant de répondants qui estiment que l’inflation sera au-dessus de cette fourchette.
Graphique 10 : Les attentes d’inflation sont légèrement supérieures à celles du trimestre précédent
Graphique 11 : La plupart des entreprises anticipent une inflation située entre 1 et 3 %
Encadré 1 : L’expansion de l’infrastructure d’exportation soutient les perspectives du secteur pétrolier et gazier
Encadré 1 : L’expansion de l’infrastructure d’exportation soutient les perspectives du secteur pétrolier et gazier
En novembre 2024, la Banque du Canada a tenu des consultations à Calgary, en Alberta, avec des dirigeants du secteur pétrolier et gazier ainsi qu’avec des experts de l’industrie. Parmi les participants figuraient notamment des producteurs de gaz naturel, de pétrole classique et de pétrole tiré des sables bitumineux. Selon les résultats, la production pétrolière et gazière devrait continuer d’augmenter au cours des 12 à 24 prochains mois. Cette perspective est portée par la mise en exploitation commerciale du réseau agrandi d’oléoducs Trans Mountain et le lancement prévu de la phase 1 du projet LNG Canada, un terminal d’exportation de gaz naturel liquéfié à Kitimat, en Colombie-Britannique, au milieu de 2025.
La confiance des entreprises du secteur demeure solide. Les producteurs de pétrole prévoient une augmentation de leurs niveaux d’investissement et de production en 2025, puisque le réseau d’oléoducs Trans Mountain va continuer d’accroître le flux de pétrole et donc permettre au secteur d’exporter encore davantage. Les entreprises ont souligné l’impact économique positif de l’amélioration de l’accès aux marchés mondiaux, le pétrole brut canadien étant enfin exporté en Chine et dans d’autres pays asiatiques. Elles ont aussi mentionné qu’elles obtiennent maintenant de meilleurs prix pour leurs produits en raison de leur accès à un plus grand nombre de marchés d’exportation.
Récemment, les prix du secteur pétrolier et gazier ont été volatils, et il y a dans ce secteur une dose d’incertitude entourant les politiques tarifaires de la nouvelle administration américaine. Néanmoins, les entreprises s’attendent généralement à ce que les prix du West Texas Intermediate (WTI) et du Western Canadian Select (WCS) demeurent supérieurs à leurs coûts de production, et que l’écart de prix entre le WTI et le WCS reste faible, soit d’environ 12 à 14 $ US le baril en 2025. Elles croient cependant que cet écart pourrait recommencer à se creuser graduellement lorsque la capacité d’exportation pipelinière de l’Ouest canadien va se rapprocher de ses limites au cours des deux ou trois prochaines années.
Le lancement de la phase 1 du projet LNG Canada devrait également soutenir l’augmentation des dépenses en immobilisations des producteurs de gaz naturel au cours de l’année qui vient. La plupart des entreprises s’attendent à ce que les producteurs canadiens de gaz naturel absorbent rapidement toute la capacité du terminal d’exportation. L’accès aux marchés mondiaux devrait permettre de stabiliser les prix du gaz naturel au Canada. Dans l’ensemble, la forte demande mondiale de gaz naturel liquéfié et le faible coût de production intérieure de gaz naturel placent le Canada en position favorable sur les marchés d’exportation de gaz naturel liquéfié.
Les annonces et les rapports trimestriels des producteurs de pétrole et de gaz naturel cotés en bourse concernant leurs dépenses en immobilisations et leur production en 2024-2025 indiquent une augmentation d’environ 4 % des budgets de dépenses en immobilisations et d’à peu près 5 % de la production pétrolière et gazière en 2025 (graphique 1-A). Les perspectives positives en matière de dépenses en immobilisations sont également corroborées par les projections de la Canadian Association of Energy Contractors, qui représente les entreprises d’appareils de forage et d’entretien. Cette association prévoit que 6 604 puits seront forés dans l’Ouest canadien en 2025, ce qui constitue une hausse de 7,3 % par rapport à 2024.
Le secteur compte également investir des ressources importantes dans des projets de captage et de stockage du carbone afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, de nombreuses entreprises ont exprimé des inquiétudes quant à la capacité du gouvernement fédéral de respecter le calendrier proposé pour la mise en œuvre des plafonds d’émissions de carbone et du plan pour atteindre la carboneutralité.
Les résultats de l’enquête représentent des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.
L’Enquête sur les perspectives des entreprises est une publication qui contient les résultats d’une enquête menée par le personnel des bureaux régionaux de la Banque du Canada au moyen d’entrevues réalisées auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada.
Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête en ligne menée chaque mois par la Banque du Canada auprès de 700 à 1 000 dirigeants d’entreprises canadiennes, qui sont appelés à répondre à l’un des trois courts questionnaires de l’enquête. Pour en savoir plus sur Le Pouls des leaders d’entreprise, voir T. Chernis, C. D’Souza, K. MacLean, T. Reader, J. Slive et F. Suvankulov, The Business Leaders’ Pulse—An Online Business Survey, document d’analyse du personnel 2022-14, Banque du Canada (juin 2022).