Rapport sur la politique monétaire – Déclaration préliminaire à la conférence de presse
Bonjour. Je suis ravi d’être ici avec la première sous-gouverneure Carolyn Rogers pour parler de notre décision de politique monétaire ainsi que du Rapport sur la politique monétaire.
Aujourd’hui, nous avons abaissé le taux directeur de 25 points de base. Cette sixième baisse consécutive fait passer le taux à 3 %.
Nous avons aussi annoncé notre plan pour achever la normalisation de notre bilan, et ainsi mettre fin au resserrement quantitatif. La Banque recommencera à acheter des actifs au début de mars, de manière graduelle au départ afin que son bilan se stabilise cette année et se mette ensuite à croître modestement, au rythme de la croissance de l’économie.
Nous avons trois grands messages ce matin.
Premièrement, l’inflation est près de la cible de 2 % depuis l’été dernier. La politique monétaire a permis de rétablir la stabilité des prix.
Deuxièmement, les taux d’intérêt plus bas stimulent les dépenses des ménages et l’activité économique se redresse.
Troisièmement, la possibilité d’un conflit commercial déclenché par l’imposition de nouveaux droits de douane américains sur les exportations canadiennes est une source majeure d’incertitude. Cela pourrait grandement perturber l’économie canadienne, et brouille les perspectives.
Puisqu’il est impossible de prédire la portée et la durée d’un conflit commercial potentiel, la projection présentée dans le Rapport que nous avons publié aujourd’hui fournit une prévision de référence établie en supposant l’absence de nouveaux droits de douane. Nous discutons aussi dans le Rapport des conséquences que pourrait avoir un conflit commercial majeur.
Laissez-moi parler un peu plus des deux premiers messages avant d’aborder la menace des droits de douane.
Tout d’abord, l’inflation. Il y a un an, l’inflation s’établissait à 3 %, les attentes à court terme étaient encore élevées et les pressions inflationnistes étaient plus généralisées qu’à la normale. Au cours des derniers mois, l’inflation est restée près de 2 %, les attentes des entreprises et des consommateurs se sont en grande partie normalisées, et il n’y a plus d’indications que les pressions inflationnistes sont généralisées. La hausse des frais de logement demeure élevée, mais diminue graduellement.
Même si nous nous attendons à une certaine volatilité de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) en raison des mesures fiscales temporaires qui ont été prises, notre prévision est que l’inflation restera près de la cible de 2 % au cours des deux prochaines années.
Ensuite, la croissance. Il y a des signes que l’activité économique prend de la vigueur, les baisses passées de taux d’intérêt se répercutant sur l’économie. Les coûts d’emprunt moins élevés stimulent l’activité sur le marché du logement et les dépenses de consommation pour des produits coûteux, comme les automobiles. La reprise des dépenses des ménages commence à se propager à d’autres produits de consommation et devrait encore se renforcer. Les investissements des entreprises ont été faibles, mais devraient augmenter graduellement. Et les perspectives en ce qui a trait aux exportations sont soutenues par les nouvelles capacités d’exportation de pétrole et de gaz.
L’emploi s’est raffermi ces derniers mois. Cependant, les conditions du marché du travail restent détendues, la création d’emplois ayant été inférieure à la croissance de la population active pendant plus d’un an. Le taux de chômage s’est établi à 6,7 % en décembre et les pressions sur les salaires, qui se sont avérées tenaces, montrent certains signes d’atténuation.
La Banque prévoit un renforcement de la croissance du produit intérieur brut (PIB), qui devrait passer de 1,3 % en 2024 à 1,8 % en 2025 et en 2026. La croissance du PIB par habitant devrait monter, les dépenses étant soutenues par les taux d’intérêt plus bas et les revenus en hausse. L’augmentation projetée de la croissance globale du PIB est plus modeste qu’en octobre, en grande partie du fait de l’expansion démographique plus faible attribuable aux nouvelles politiques fédérales en matière d’immigration.
Des risques pèsent sur nos perspectives, et le Conseil de direction se préoccupe autant d’un taux d’inflation supérieur qu’inférieur à la cible de 2 %. Si l’on exclut l’imposition de droits de douane, les risques entourant les perspectives d’inflation sont plus ou moins équilibrés.
Laissez-moi maintenant parler des droits de douane. La politique de commerce extérieur des États-Unis est une source majeure d’incertitude, et il existe de nombreux scénarios possibles. Nous ne savons pas quels nouveaux droits de douane seront imposés, à quel moment, ni quelle pourrait être leur durée. Nous ne connaissons pas la portée des mesures de riposte du Canada ni quelles aides budgétaires seront proposées. Et même lorsque nous en saurons plus sur ce qui va arriver, il sera encore difficile de connaître précisément les conséquences économiques, parce que notre expérience de barrières tarifaires de l’ampleur proposée est limitée. Néanmoins, certaines choses sont claires.
Un conflit commercial durable et généralisé causerait beaucoup de tort à l’activité économique au Canada. En même temps, les coûts plus élevés des biens importés exerceraient une pression à la hausse directe sur l’inflation. L’ampleur des répercussions sur la production et l’inflation, et le moment où elles pourraient se faire sentir, dépendront essentiellement de la manière dont les entreprises et les ménages américains et canadiens s’adapteront à ces augmentations de coûts.
Malheureusement, les droits de douane rendent les économies tout simplement moins efficaces, et font baisser la production et les revenus. La politique monétaire ne peut pas contrebalancer ces effets, mais nous pouvons aider l’économie à s’ajuster. Puisque l’inflation est revenue autour de la cible de 2 %, nous sommes mieux placés pour être une source de stabilité économique. Cependant, nous ne pouvons pas contrer une production plus basse et une inflation plus élevée en même temps avec comme seul instrument de politique monétaire le taux directeur. Pour déterminer notre réponse de politique monétaire, nous devrons évaluer avec soin et mettre en balance : les pressions à la baisse sur l’inflation découlant de la faiblesse de l’économie; et les pressions à la hausse sur l’inflation attribuables aux prix plus élevés des intrants et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Parlons maintenant de ce que nous faisons pour nous préparer.
Ces dernières années, nous avons investi dans de meilleures données sur les chaînes d’approvisionnement, les liens commerciaux et les relations entre les secteurs. Et cela nous aide à analyser les effets des perturbations de l’offre, et notamment des droits de douane. Nous avons commencé à évaluer les conséquences possibles de différents scénarios pour ce qui est des droits de douane et nous en présentons un exemple dans le Rapport de janvier.
Nous intensifions nos activités de rayonnement partout au pays afin de connaître le point de vue de ceux et celles qui sont touchés par l’incertitude entourant le commerce. Entre autres, nous élargissons nos enquêtes sur les perspectives des entreprises et les attentes des consommateurs pour mieux comprendre l’influence de cette incertitude sur les décisions de ces groupes et sur la façon dont ils réagiraient à un conflit commercial.
Nous vous tiendrons au courant des résultats de nos analyses et évaluations à mesure que la situation évoluera.
Les mesures de politique monétaire mises en place ont permis de revenir à une basse inflation et de réduire substantiellement les taux d’intérêt. Nous sommes ainsi en meilleure posture pour utiliser la politique monétaire afin d’aider l’économie à s’ajuster à de nouvelles circonstances. Comme toujours, la Banque sera guidée par son cadre de politique monétaire et son engagement à maintenir la stabilité des prix au fil du temps.
Sur ce, la première sous-gouverneure et moi répondrons avec plaisir à vos questions.