Dans son premier discours en tant que sous-gouverneur, Rhys Mendes explique pourquoi les taux d’intérêt plus élevés étaient nécessaires pour ramener l’inflation à la cible de 2 %, et pourquoi on veut qu’elle y reste.

Le sous-gouverneur Mendes, à la Chambre de commerce du Grand Charlottetown. Lisez le discours complet.

La politique monétaire a fait baisser l’inflation

La Banque du Canada a réagi à la plus forte inflation en 40 ans en relevant vigoureusement les taux d’intérêt. Et ça a fonctionné : l’inflation est de retour à la cible de 2 % et les taux d’intérêt baissent également.

Toutefois, ça ne s’est pas fait sans peine. Les familles et les entreprises ont connu beaucoup de difficultés à cause des hausses de taux d’intérêt. Bon nombre d’entre elles font maintenant face à des paiements d’intérêt plus élevés sur leurs prêts, hypothécaire ou autres. Et même si l’inflation est de retour à la cible, beaucoup de produits de première nécessité sont beaucoup plus chers qu’avant le début de la pandémie de COVID‑19.

La montée de l’inflation était en grande partie attribuable à des facteurs mondiaux que la Banque ne pouvait pas contrôler à elle seule, comme les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la montée des prix des produits de base. Il est donc tout à fait légitime de se demander si les hausses de taux d’intérêt étaient la meilleure façon de réagir. Mais force est de reconnaître que la politique monétaire a joué un rôle décisif pour faire diminuer l’inflation.

Des attentes d’inflation stables ont facilité le retour à la cible de 2 %

Même quand l’inflation a atteint 8 %, la population canadienne a continué de penser que nous allions arriver à la ramener à 2 % parce que la Banque :

  • avait gardé l’inflation autour de 2 % pendant 30 ans avant la pandémie
  • a respecté son engagement à faire baisser l’inflation en haussant les taux d’intérêt à des niveaux inégalés depuis le début du siècle

Garder les attentes d’inflation ancrées près de 2 % a permis de :

  • limiter le niveau auquel l’inflation pouvait monter
  • faciliter le retour à la cible

Dans les années 1970, les banques centrales n’avaient pas la même crédibilité qu’aujourd’hui. Il était donc beaucoup plus difficile de maîtriser l’inflation, qui se situait à 13 % à cette époque. Parallèlement, le taux directeur de la Banque atteignait 21 %, et le taux de chômage, 13 %. Lors de la période récente de forte inflation, le taux directeur a atteint un sommet de 5 % et le taux de chômage est d’environ 6,5 % depuis juin.

Au bout du compte, l’ancrage des attentes d’inflation a permis de ramener l’inflation à la cible sans causer de ralentissement économique marqué. »

Les taux d’intérêt élevés ont freiné la demande excédentaire

Lorsque les restrictions liées à la pandémie ont été levées, les gens ont voulu recommencer à faire tout ce qui leur avait manqué, comme manger au restaurant ou voyager. Mais de nombreuses entreprises peinaient à rouvrir et subissaient des pressions sur leurs capacités. Par conséquent, au début de 2022, la croissance de la demande était beaucoup plus rapide que celle de l’offre – l’économie était en situation de demande excédentaire. En même temps, les facteurs qui pesaient sur l’approvisionnement mondial faisaient monter les coûts des entreprises canadiennes.

Quand l’économie affiche une grande demande excédentaire, il est plus facile pour les entreprises de répercuter les augmentations de leurs coûts sur leur clientèle. Les effets des chocs d’offre dans le monde étaient amplifiés par la demande excédentaire ici au Canada.

En éliminant la demande excédentaire, nos mesures ont joué un rôle primordial dans la réduction de l’inflation. »

L’économie fonctionne mieux quand l’inflation est à 2 %

On est tout aussi préoccupés quand l’inflation est trop basse que quand elle est trop haute.

Après la période d’inflation plus élevée que la normale qu’on vient de vivre, l’idée que les prix arrêtent de monter – ou même qu’ils baissent – peut sembler intéressante. Or, quand les prix augmentent de beaucoup moins que 2 %, c’est habituellement parce que l’économie et le marché du travail sont en mauvaise posture. Ça causerait plus de tort que de bien à une bonne partie de la population.

Il y aurait un risque que les attentes d’inflation descendent, ce qui compliquerait le retour à la cible de 2 %.

Maintenant qu’on a ramené l’inflation à la cible, on veut qu’elle y reste. Lorsque l’inflation est basse, stable et prévisible, les ménages et les entreprises peuvent planifier et investir en toute confiance, et l’économie fonctionne mieux pour tout le monde.

L’inflation est de retour près de la cible de 2 % et maintenant, on doit veiller à ce qu’elle y reste. Notre objectif est de la stabiliser. »

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