Résultats de l’enquête du 3e trimestre de 2024 | Vol. 21.3 | 11 octobre 2024
Les entrevues de l’enquête sur les perspectives des entreprises ont été menées en personne, par vidéoconférence et par téléphone entre les 8 et 30 août 2024. Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête mensuelle en ligne. La présente publication comprend les résultats des enquêtes menées en juillet, août et septembre 2024.
Vue d’ensemble
- Les pressions inflationnistes subies par les entreprises demeurent modérées : la demande est faible, les entreprises affichent des capacités excédentaires et la croissance des prix continue de ralentir. Ces pressions ont peu changé par rapport au trimestre précédent.
- Les entreprises ont fait état d’une faible croissance des ventes passées en raison de l’inflation observée depuis deux ans et des hausses de taux d’intérêt qui continuent de peser sur l’économie, en particulier sur le budget des consommateurs. Les perspectives de ventes demeurent en deçà de la moyenne, mais se sont légèrement améliorées ce trimestre en raison des récentes baisses de taux d’intérêt et de l’anticipation de nouvelles baisses par les entreprises.
- La demande modérée a permis d’atténuer les pressions sur la capacité. Les entreprises ont été peu nombreuses à déclarer qu’elles souffraient de pénuries de main-d’œuvre. Elles ont dans l’ensemble indiqué avoir moins de mal à trouver de la main-d’œuvre qualifiée lorsque nécessaire. Comme la plupart des entreprises estiment être en mesure de répondre à la demande, selon les niveaux actuels et anticipés, leurs intentions d’investissement et d’embauche sont modestes.
- Les attentes concernant la croissance des salaires, des coûts des intrants et des prix de vente ont continué de se normaliser de pair avec le ralentissement de la demande et de l’inflation. Les attentes d’inflation ont aussi diminué.
Les conditions commerciales demeurent difficiles
L’indicateur de l’enquête, une mesure synthétique des principales questions, est demeuré inférieur à la normale au troisième trimestre de 2024 en raison d’indicateurs de demande plus faibles que la moyenne, du ralentissement de la croissance des prix et des coûts et de l’atténuation des pressions sur la capacité (graphique 1). Toutefois, l’indicateur est devenu progressivement moins négatif au cours des quatre derniers trimestres, à mesure que les indicateurs de la demande se sont légèrement améliorés, que le rythme de la normalisation des salaires et des prix a ralenti et que les conditions du crédit se sont assouplies. Selon les entreprises, l’amélioration des indicateurs de la demande ce trimestre tiendrait en grande partie aux deux baisses de taux d’intérêt précédant l’enquête et aux nouvelles baisses attendues. En outre, moins de répondants anticipent une récession au pays durant l’année à venir (16 % ce trimestre, contre 20 % au trimestre précédent).
Lorsqu’interrogées directement sur les conditions commerciales, les entreprises ont déclaré que celles-ci demeuraient difficiles mais stables. La confiance des entreprises est demeurée relativement basse depuis février 2024 (graphique 2). Les entreprises ont continué de faire état des préoccupations suivantes pesant sur les conditions commerciales :
- les taux d’intérêt encore élevés
- la faiblesse de la demande
- la persistance des coûts élevés des biens et services
- l’incertitude entourant la conjoncture économique nationale et internationale
- les impôts et la réglementation
Graphique 1 : Une atonie générale maintient l’indicateur de l’enquête en territoire négatif
Graphique 2 : La confiance des entreprises reste modérée
Les attentes quant à la croissance des ventes se sont améliorées, mais restent faibles
La demande reste plus faible que la moyenne, mais les indicateurs prospectifs se sont légèrement améliorés au troisième trimestre. Les entreprises ont souligné que les taux d’intérêt élevés ont continué de peser sur les ventes au cours de la dernière année, en particulier pour celles dont l’activité dépend des dépenses de consommation discrétionnaires. Les répondants ont aussi mentionné que les clients choisissent les produits moins chers et que les rabais deviennent nécessaires pour attirer des consommateurs de plus en plus limités par leur budget. En revanche, les indicateurs des ventes futures (carnets de commandes, réservations, demandes de renseignements, etc.) ont légèrement progressé depuis un an (graphique 3, ligne rouge). Le solde des opinions reste cependant inférieur à la normale : la part des entreprises ayant signalé une amélioration des indicateurs est à peine plus élevée que la part de celles faisant état d’une détérioration des indicateurs. Tout de même, les entreprises s’attendent à ce que la croissance des ventes se raffermisse au cours de la prochaine année (graphique 3, barres bleues). Ce résultat s’explique par un changement dans les attentes des entreprises concernant les taux d’intérêt depuis le dernier trimestre. Les entreprises sondées ce trimestre s’attendent désormais à des baisses plus substantielles des taux d’intérêt durant l’année à venir comparativement à celles interrogées le trimestre précédent.
Graphique 3 : La demande est faible, mais les attentes à l’égard de l’avenir sont plus optimistes
La capacité excédentaire freine l’investissement et l’embauche
La demande restant faible ce trimestre, les entreprises ont encore été peu nombreuses à faire état de contraintes de capacité. Elles sont peu touchées par les difficultés persistantes dans les chaînes d’approvisionnement, et mentionnent davantage les pénuries de main-d’œuvre. Cela dit, elles sont moins nombreuses que d’habitude à déclarer que le manque de main-d’œuvre freine les ventes (graphique 4, ligne jaune). De plus, les entreprises ont continué de signaler qu’elles étaient plus à même de trouver de la main-d’œuvre qualifiée lorsque nécessaire (graphique 4, ligne verte). Elles ont indiqué que les pénuries de main-d’œuvre, atténuées par la récente faiblesse des ventes et la hausse de l’offre de main-d’œuvre, sont beaucoup moins intenses qu’il y a un an. Elles ont aussi mentionné que les niveaux élevés d’immigration contribuaient à l’augmentation de l’offre de main-d’œuvre. De manière générale, elles jugent que les pénuries de main-d’œuvre restantes sont de nature structurelle (p. ex., propres à des professions spécifiques ou à certaines régions éloignées ou rurales).
Graphique 4 : Un petit nombre d’entreprises déclarent rencontrer des difficultés au chapitre de la main-d’œuvre
Compte tenu de l’atténuation des pressions sur la capacité, les intentions d’investissement des entreprises sont modestes (graphique 5, ligne bleue). Elles demeurent sensiblement les mêmes pour l’année à venir, se situant toujours sous leur moyenne historique. Les investissements prévus sont principalement axés sur le remplacement ou la réparation de matériel plutôt que sur l’accroissement de la production ou de l’efficacité. Certaines entreprises ont indiqué hésiter à faire des investissements plus importants avant de voir des signes d’un renforcement de la demande, d’une diminution de l’incertitude ou d’une baisse des coûts de financement. Les entreprises ont indiqué que les conditions de prêt (p. ex., l’écart par rapport au taux préférentiel, les exigences en matière de garanties et la réceptivité aux nouvelles émissions de titres de créance) s’étaient assouplies pour la première fois en plusieurs trimestres, mais que les coûts de financement actuels demeurent un frein à l’investissement.
Graphique 5 : Les plans d’investissement et d’embauche demeurent limités
Les intentions d’embauche sont également pratiquement inchangées et restent légèrement inférieures à la moyenne (graphique 5, ligne rouge). Les entreprises se disent adéquatement dotées en personnel pour répondre à la demande, selon les niveaux actuels et anticipés. Ainsi, une proportion d’entreprises plus grande que d’habitude prévoient un niveau d’emploi stable au cours de la prochaine année. La proportion d’entreprises prévoyant des mises à pied est proche de la moyenne historique et pratiquement inchangée par rapport au trimestre précédent, mais les entreprises signalent qu’il existe un certain risque que l’embauche soit plus faible qu’escompté. Elles attribuent souvent la prudence exprimée dans les intentions d’embauche au pessimisme généralisé entourant les perspectives de croissance des ventes, lequel reflète principalement la faiblesse des dépenses de consommation.
Les entreprises s’attendent à un ralentissement de la croissance des salaires et des prix
La plupart des entreprises s’attendent à ce que la croissance des salaires ralentisse au cours des 12 prochains mois, bien que l’augmentation moyenne attendue des salaires soit essentiellement inchangée par rapport au trimestre précédent (graphique 6). Près des deux tiers des entreprises considèrent maintenant que leurs plans de rajustement salarial se situent dans la fourchette habituelle. La volonté de rattraper la hausse du coût de la vie continue d’influencer les décisions salariales, notamment par l’intermédiaire de nouvelles conventions collectives. Les entreprises s’attendent toutefois à ce que les pressions à ce chapitre diminuent considérablement.
Graphique 6 : Les entreprises s’attendent à une modération graduelle de la croissance des salaires
Les entreprises prévoient encore que le ralentissement de la croissance du prix des intrants persistera, en grande partie à cause des prix moins élevés des produits de base et des biens hors produits de base. Elles s’attendent également à ce que la croissance de leurs prix de vente ralentisse davantage, surtout du fait de la faiblesse de la demande et d’une concurrence accrue (graphique 7). Les augmentations salariales précédentes continuent de se répercuter sur les décisions en matière d’établissement des prix, quoique dans une moindre mesure qu’au précédent trimestre. La proportion des entreprises qui prévoient de procéder à des hausses de prix plus importantes et plus fréquentes que d’habitude a de nouveau diminué ce trimestre.
Graphique 7 : Les entreprises continuent à s’attendre à un ralentissement de la croissance des prix de leurs intrants et de leurs prix de vente
Les attentes d’inflation des entreprises se sont modérées pour tous les horizons et convergent autour de 2,5 % (graphiques 8). Les entreprises ont noté que deux facteurs contribuent de manière égale à faire baisser leurs attentes d’inflation :
- la politique monétaire restrictive, malgré les réductions récentes des taux d’intérêt
- la faiblesse persistante de la demande.
De plus, près des deux tiers des entreprises s’attendent à ce que l’inflation se situe entre 2 % et 3 % au cours des deux prochaines années (graphique 9). Parmi celles-ci, la moitié pense que l’inflation reviendra à 2 % dans les 12 prochains mois.
Graphique 8 : Les entreprises s’attendent à ce que l’inflation se situe dans la fourchette de la Banque du Canada, quel que soit l’horizon
Graphique 9 : La plupart des entreprises anticipent une inflation située entre 2 et 3 % dans les deux prochaines années
Les résultats de l’enquête représentent des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.
L’Enquête sur les perspectives des entreprises est une publication qui contient les résultats d’une enquête menée par le personnel des bureaux régionaux de la Banque du Canada au moyen d’entrevues réalisées auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada.
Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête en ligne menée chaque mois par la Banque du Canada auprès de 700 à 1 000 dirigeants d’entreprises canadiennes, qui sont appelés à répondre à l’un des trois courts questionnaires de l’enquête. Pour en savoir plus sur Le Pouls des leaders d’entreprise, voir T. Chernis, C. D’Souza, K. MacLean, T. Reader, J. Slive et F. Suvankulov, The Business Leaders’ Pulse—An Online Business Survey, document d’analyse du personnel 2022-14, Banque du Canada (juin 2022).