Résultats de l’enquête du 3e trimestre | Vol. 5.3 | 11 octobre 2024

La présente enquête a été menée auprès d’un panel en ligne du 6 au 23 août 2024. Des entrevues de suivi ont été réalisées par téléphone du 3 au 12 septembre 2024.

Vue d’ensemble

  • Les perceptions des consommateurs concernant l’inflation courante et leurs attentes d’inflation pour la prochaine année ont diminué ce trimestre, mais restent supérieures à ce qu’elles étaient avant la pandémie de COVID‑19. De plus, les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans ont nettement reculé par rapport au trimestre précédent, et sont revenues à leur niveau prépandémique. Les répondants continuent de penser que la vigueur des dépenses publiques et les coûts élevés du logement contribuent à la forte inflation.
  • Les perceptions à l’égard des tensions financières se sont améliorées et, du fait des récentes réductions de taux d’intérêt et de la baisse de l’inflation, moins de consommateurs ont déclaré avoir réduit leurs dépenses. Ils s’attendent cependant à ce que les taux d’intérêt restent élevés, ce qui a un effet sur leurs décisions en matière de dépenses.
  • La perception qu’ont les consommateurs de la situation sur le marché du travail s’est encore affaiblie, les attentes à l’égard de la croissance des salaires diminuant pour la première fois depuis le deuxième trimestre de 2023. Les jeunes consommateurs ressentent une détérioration plus prononcée de ce marché par rapport aux autres répondants. Toutefois, dans l’ensemble, les perspectives d’emploi sont proches de la moyenne de l’enquête.

Les attentes d’inflation se sont modérées pour tous les horizons

Les perceptions des consommateurs concernant l’inflation courante (graphique 1, ligne noire) et leurs attentes d’inflation pour la prochaine année (graphique 1, ligne bleue) ont diminué ce trimestre, mais restent supérieures aux niveaux prépandémiques. En outre, les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans ont nettement reculé par rapport à l’enquête du trimestre précédent et sont revenues à leur niveau d’avant la pandémie (graphique 1, ligne jaune). Les attentes d’inflation à long terme demeurent quant à elles ancrées (graphique 1, ligne verte).

Dans les entrevues de suivi, certains répondants ont dit s’attendre à ce que l’inflation continue de baisser. L’un d’eux a déclaré : « L’inflation était très élevée ces dernières années, donc j’estime que ça s’améliore, et qu’elle pourrait atteindre un niveau plus acceptable. »

Graphique 1 : Les attentes d’inflation ont encore diminué

Par rapport au trimestre précédent, les attentes d’inflation ont sensiblement diminué pour les services clés, comme le loyer, la restauration et les divertissements, tandis qu’elles se sont quelque peu modérées pour les biens essentiels, comme les aliments achetés en magasin et l’essence (graphique 2). Toutefois, les consommateurs s’attendent encore à ce que les prix des services clés augmentent plus que ceux des biens essentiels à court terme.

Graphique 2 : Les attentes d’inflation pour les services clés ont sensiblement diminué par rapport au trimestre précédent

Pour un troisième trimestre consécutif, une proportion croissante de consommateurs (qui est passée de 17 % au quatrième trimestre de 2023 à 29 % ce trimestre) prévoient que l’inflation se situera à l’intérieur de la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque du Canada au cours de la prochaine année (graphique 3).

Globalement, les attentes d’inflation ont reculé depuis le dernier trimestre. Cependant, les consommateurs sont plus divisés qu’avant la pandémie à propos de la trajectoire de l’inflation au cours des 12 prochains mois. Ils sont notamment plus nombreux à s’attendre à une déflation ou, au contraire, à des niveaux d’inflation très élevés. Ils continuent de penser que des facteurs nationaux – en particulier la vigueur des dépenses publiques et les coûts élevés du logement – contribuent à la forte inflation.

Graphique 3 : La part des répondants qui s’attendent à ce que l’inflation se situe à l’intérieur de la fourchette cible a encore augmenté

La confiance des consommateurs s’est légèrement améliorée par rapport au trimestre précédent, mais elle reste modérée

En ce qui concerne leur situation financière, les consommateurs se disent moins pessimistes qu’au trimestre passé. Il y a une atténuation des tensions financières perçues, ce qui contraste nettement avec la détérioration observée au deuxième trimestre (graphique 4)1. L’amélioration la plus notable est que les consommateurs sont moins nombreux à penser que leur situation financière va empirer au cours de l’année à venir. Ce résultat peut être mis en parallèle avec la baisse de l’inflation et les réductions récentes du taux directeur de la Banque. La part des répondants qui ont remarqué une diminution des taux d’intérêt au cours des 12 derniers mois a considérablement augmenté (17 % au dernier trimestre contre 44 % ce trimestre), et ce sont les mêmes personnes qui ont connu la plus forte baisse des niveaux de tensions financières.

Graphique 4 : Les perceptions des consommateurs à l’égard des tensions financières se sont améliorées

L’amélioration des indicateurs des tensions financières perçues est généralisée tant chez les locataires que chez les propriétaires. Les détenteurs d’un prêt hypothécaire (environ un tiers des répondants) témoignent aussi d’un optimisme accru concernant le renouvellement de leur prêt. En effet, ils sont moins nombreux qu’au trimestre dernier à s’attendre à une augmentation importante de leurs paiements au moment du renouvellement, et ceux qui prévoient des versements plus élevés sont devenus plus confiants dans leur capacité à faire face à cette hausse.

En dépit de ces améliorations, les consommateurs continuent de ressentir les effets négatifs de la forte inflation et des taux d’intérêt élevés sur leur budget, et il reste une proportion importante de répondants qui se sentent moins bien lotis (graphique 5). Dans une entrevue de suivi, une personne a ainsi déclaré : « Malgré la baisse du taux d’intérêt, il me semble que la vie est aussi dure qu’avant, et quand je vais à l’épicerie, les prix continuent d’augmenter. »

Graphique 5 : La forte inflation et les taux d’intérêts élevés continuent de peser sur le budget des ménages

En outre, près de la moitié des répondants s’attendent encore à une récession dans la prochaine année. Les consommateurs n’anticipent pas de nouvelles baisses des taux d’intérêt et, par conséquent, la plupart prévoient toujours de réduire leurs dépenses globales et d’épargner davantage (graphique 6).

Graphique 6 : La plupart des consommateurs prévoient continuer de réduire leurs dépenses

En général, la plupart des répondants prévoient que le montant de leurs achats essentiels et de leurs frais de logement va augmenter au cours de l’année à venir. Ils sont moins nombreux à anticiper une hausse de leurs dépenses non essentielles, comme les divertissements, les repas au restaurant ou les vacances. Dans les entrevues de suivi, beaucoup ont fait état d’ajustements auxquels ils procèdent dans leur consommation, notamment en réduisant leurs dépenses ou en remettant à plus tard de gros achats. Une personne a précisé : « On ne veut pas faire autant d’achats importants, parce qu’on ne sait pas trop ce qui peut arriver avec le travail. Ça peut changer du tout au tout. Alors on épargne plus et on dépense moins. »

Même si les consommateurs s’attendent à ce que les taux d’intérêt demeurent élevés, les indicateurs du marché du logement continuent d’avoisiner les moyennes de l’enquête (graphique 7). Comparativement au trimestre passé, les répondants sont moins nombreux à planifier de déménager ou de vendre, tandis que les intentions d’achat d’un logement restent inchangées, s’établissant aux niveaux moyens de l’enquête. Les nouveaux arrivants continuent de faire preuve d’intentions d’achat plus fortes que le reste des consommateurs pour les 12 prochains mois2.

Graphique 7 : Les intentions d’achat de logements restent inchangées, s’établissant à des niveaux historiques

Parmi les participants à l’enquête, les locataires mentionnent souvent les facteurs suivants comme motivant leur décision d’acheter un logement :

  • les loyers élevés
  • une épargne suffisante pour la mise de fonds
  • des taux hypothécaires plus abordables

Toutefois, l’insécurité financière et les prix élevés des logements restent des obstacles aux intentions d’achat des locataires. De leur côté, les propriétaires ont évoqué les prix élevés des logements et le fait qu’ils n’avaient pas besoin ou envie de changer de domicile comme les principaux facteurs expliquant leur décision de ne pas acheter. Parmi les 85 % des participants à l’enquête qui n’envisagent pas d’acheter, seuls 8 % (principalement des locataires) ont indiqué qu’ils envisageraient un achat si les taux d’intérêt étaient plus bas, et la plupart d’entre eux voudraient d’abord voir ces taux diminuer nettement (graphique 8).

Graphique 8 : Certains consommateurs ont besoin que les taux d’intérêt soient beaucoup plus bas pour envisager d’acheter un logement

La perception du marché du travail s’est encore affaiblie

Ce trimestre, les répondants ont manifesté une moins grande probabilité de quitter volontairement leur emploi pour un autre, et leurs attentes à l’égard de la croissance des salaires ont diminué pour la première fois depuis le deuxième trimestre de 2023 (graphique 9). Tant les travailleurs du secteur public que ceux du secteur privé ont modéré leurs attentes en la matière. Pour ce qui est du secteur public, ce changement marque la fin d’une montée des anticipations qui a débuté au quatrième trimestre de 2022. Par contre, d’autres indicateurs du marché du travail se sont améliorés au cours du trimestre. La probabilité de perte d’emploi dont ont fait état les répondants a reculé, et les personnes à la recherche d’un emploi y consacrent un peu moins de temps qu’au trimestre passé.

Dans les entrevues de suivi, il a maintes fois été signalé par des participants que les conditions du marché du travail s’étaient détériorées comparativement aux derniers trimestres. Ce changement de ton donne également à penser que la perception des répondants à l’égard de la situation sur le marché du travail a continué à se dégrader. Néanmoins, les indicateurs concernant les perspectives d’emploi se rapprochent des moyennes de l’enquête.

Graphique 9 : Les indicateurs concernant les perspectives d’emploi se rapprochent des moyennes de l’enquête

Certains groupes de consommateurs ressentent une détérioration plus prononcée du marché du travail que d’autres. C’est surtout le cas des jeunes, dont les attentes en matière de croissance des salaires ont sensiblement reculé au cours des derniers trimestres (graphique 10). Selon une jeune personne interrogée, « la concurrence s’est nettement durcie sur le marché de l’emploi. C’est de plus en plus difficile de trouver quelque chose, même un emploi au salaire minimum ou peu spécialisé. »

En accord avec leur perception du marché du travail, les jeunes consommateurs ont également des projets de dépenses plus modestes que les autres.

Graphique 10 : Les attentes des jeunes consommateurs à l’égard de la croissance des salaires ont nettement diminué au cours des récents trimestres


  1. 1. Voir également N. Bédard et P. Sabourin, « Measuring household financial stress in Canada using consumer surveys », note analytique du personnel 2024-5 de la Banque du Canada (avril 2024).[]
  2. 2. Voir J. Champagne, E. Ens, X. Guo, O. Kostyshyna, A. Lam, C. Luu, S. Miller, P. Sabourin, J. Slive, T. Taskin, J. Trujillo et S. L. Wee, « Évaluation des effets de la hausse de l’immigration sur l’économie et l’inflation au Canada », note analytique du personnel 2023-17 de la Banque du Canada (décembre 2023).[]

L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille l’opinion des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

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