Nicolas Vincent, sous-gouverneur externe à la Banque du Canada, lève le voile sur la façon dont le Conseil de direction arrive à ses décisions de politique monétaire, et les explique.

Le sous-gouverneur Vincent s’adresse à la Chambre de commerce et d'industrie de Sherbrooke. Lisez le discours complet.

Recueillir de l’information et des conseils

Huit fois par année, le Conseil de direction doit décider de monter, de maintenir ou de baisser son taux directeur. C’est le principal outil de la Banque pour garder l’inflation à un niveau bas, stable et prévisible.

Ces décisions ont de nombreuses incidences sur les ménages et les entreprises. C’est pourquoi elles sont prises de façon très réfléchie.

Environ un mois avant une décision, le Conseil de direction se lance dans un processus rigoureux de collecte et d’analyse d’une grande quantité de données et de recommandations. 

Les données économiques sont importantes, mais elles ont leurs limites. D’abord parce qu’elles sont tournées vers le passé, et aussi parce qu’elles ne reflètent pas l’expérience de tout le monde. Par conséquent, en plus d’analyser des données pures et dures, le Conseil se penche sur :

  • les résultats des enquêtes de la Banque sur les attentes des consommateurs et sur les perspectives des entreprises
  • les commentaires reçus durant des rencontres avec des entreprises et des groupes communautaires

Une semaine avant de prendre la décision, le Conseil de direction organise une réunion avec des conseillers pour débattre de différentes orientations. Tout le monde fait une recommandation et explique son raisonnement – puis c’est au Conseil de décider.

Évaluer les données et décider

La Banque prend ses décisions de façon indépendante. Cela a pour effet de la protéger des objectifs politiques à court terme et de l’influence des groupes de pression. L’indépendance d’une banque centrale est encore plus importante lorsque les décisions deviennent difficiles, comme c’est le cas ces dernières années, durant la lutte pour ramener l’inflation à la cible de 2 % de la Banque du Canada.

Quand vient le moment de prendre la décision, les membres du Conseil de direction se réunissent à l’abri des regards. Le gouverneur préside la discussion, et chaque membre présente son point de vue sur la croissance et l’inflation, au Canada et ailleurs. Après des échanges sur les perspectives, tout le monde donne son opinion sur la politique monétaire et le groupe débat de la décision à prendre.

Chacun des membres du Conseil de direction possède une expertise distincte qui est le fruit de sa carrière et de ses études; les différences d’opinions sont donc courantes. Mais la Banque prend ses décisions de politique monétaire par consensus. Cela signifie que le Conseil de direction doit s’entendre sur la décision, même si les membres arrivent avec différents points de vue. La nécessité d’en arriver à un consensus enrichit et renforce le processus décisionnel.

Dans certains cas, les interventions des autres nous amènent à affiner ou même revoir notre lecture des données. D’autres fois, des collègues soulèvent des points ou mettent en lumière des dimensions qui ne nous étaient pas venues en tête. »

Expliquer la décision au public

Expliquer la décision au public – dans les deux langues officielles – est presque aussi important que la prendre.

Avec l’aide de l’équipe des communications, le Conseil de direction participe activement à l’élaboration des messages clés et à la rédaction des communiqués de presse et d’autres produits pour expliquer les raisons de la décision. Le gouverneur et la première sous-gouverneure tiennent une conférence de presse et donnent régulièrement des entrevues aux médias, et d’autres membres du Conseil donnent des séances d’information à différents intervenants.  

Depuis janvier 2023, la Banque publie un résumé des délibérations environ deux semaines après chaque décision. Celui-ci fournit plus de détails sur la lecture de la conjoncture économique des membres du Conseil et sur les éléments qu’ils ont étudiés pour prendre leur décision.

La Banque est tout à fait consciente de ses responsabilités envers la population canadienne : rigueur, professionnalisme, humilité, honnêteté et transparence. »

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