Résultats de l’enquête du 2e trimestre de 2024 | Vol. 21.2 | 15 juillet 2024
Les entrevues de l’enquête sur les perspectives des entreprises ont été menées en personne, par vidéoconférence et par téléphone entre les 9 et 29 mai 2024. Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête mensuelle en ligne. La présente publication comprend les résultats des enquêtes menées en avril, mai et juin 2024.
Vue d’ensemble
- Les perspectives de vente des entreprises sont pratiquement les mêmes qu’au dernier trimestre et demeurent plus pessimistes que la moyenne. Les entreprises dont l’activité est liée aux dépenses discrétionnaires ont dit avoir des perspectives de vente particulièrement assombries, tandis que celles dont l’activité dépend des dépenses essentielles voient dans la croissance démographique une source persistante de dynamisme pour leurs ventes.
- Les intentions d’investissement restent aussi en deçà de la moyenne. Les répondants ont mentionné comme freins à l’investissement la faible demande, les taux d’intérêt élevés, l’incertitude entourant l’environnement commercial et les coûts élevés des machines et du matériel. Dans ce contexte, les dépenses d’investissement sont de plus en plus axées sur l’entretien et la réparation plutôt que sur l’expansion et l’amélioration de la productivité.
- La proportion de répondants ayant signalé des pénuries de main-d’œuvre avoisine les creux historiques de l’enquête. Malgré cela, les entreprises sont peu nombreuses à vouloir réduire leurs effectifs. Elles attribuent l’assouplissement des conditions du marché du travail au ralentissement économique et à la rapide croissance démographique.
- Les entreprises croient que la croissance des prix de leurs intrants et des prix de vente va ralentir, ce qui permet de penser que l’inflation va continuer de baisser au cours de la prochaine année. La plupart des répondants qui avaient effectué des hausses de prix anormalement élevées ces 12 derniers mois n’ont pas l’intention d’en faire d’autres au cours de l’année à venir.
- Les attentes d’inflation des entreprises ont diminué en juin et se situent maintenant dans la fourchette cible de maîtrise de l’inflation de la Banque du Canada.
Les conditions commerciales demeurent difficiles
Après s’être relevée des creux observés à la fin de 2023, la confiance des entreprises est demeurée plutôt stable au deuxième trimestre de 2024 (graphique 1). Selon les répondants, les facteurs suivants pèsent sur la confiance des entreprises :
- les taux d’intérêt élevés
- la faible demande, surtout pour les produits et services non essentiels
- la persistance des coûts élevés
Mais en même temps, la proportion des entreprises qui anticipent une récession au pays au cours des 12 prochains mois a continué de baisser (graphique 2).
Graphique 1 : La confiance des entreprises est encore basse
Graphique 2 : Une plus faible proportion d’entreprises se préparent à une récession
L’incertitude et les pressions sur les coûts restent les préoccupations les plus souvent avancées par les entreprises (graphique 3). Comme sources d’incertitude, les répondants ont le plus souvent mentionné des facteurs intérieurs – notamment la croissance économique, les coûts, les taux d’intérêt et la fiscalité. Cette incertitude explique en partie les faibles intentions d’investissement.
La part des entreprises ayant mentionné les impôts et la réglementation comme l’une de leurs principales préoccupations a bondi ce trimestre. Les répondants ont déclaré que la bureaucratie et la réglementation ralentissent l’exécution de leurs plans, et que les taxes et impôts – surtout la taxe sur le carbone – font augmenter leurs coûts.
En même temps, les pressions sur les capacités – à savoir les pénuries de main-d’œuvre et les problèmes de chaînes d’approvisionnement – ont continué de s’atténuer ces deux dernières années. Et pour la première fois depuis le début de 2023, la demande est moins une source de préoccupation.
Graphique 3 : La fiscalité et la réglementation font maintenant partie des principales préoccupations des entreprises
Les attentes quant à la croissance des ventes restent faibles
Les entreprises ont fait état d’une croissance des ventes plus faible que la moyenne au cours des 12 derniers mois. Elles s’attendent aussi à ce que la demande reste modeste. Leurs indicateurs des ventes futures (carnets de commandes, réservations, demandes de renseignements, etc.) n’ont pratiquement pas changé au cours des quatre derniers trimestres. Le solde des opinions reste quant à lui à un niveau bas en regard du passé (graphique 4, ligne rouge). De plus, les répondants ne s’attendent pas, dans l’ensemble, à ce que le rythme de croissance de leurs ventes change (graphique 4, barres bleues). Au moment où l’enquête a été réalisée – soit avant que la Banque baisse son taux directeur, le 5 juin – les répondants affirmaient anticiper des diminutions de taux d’intérêt, une opinion qui est de plus en plus partagée. La majorité a dit s’attendre à des baisses de 0,5 à 1,0 point de pourcentage dans les 12 prochains mois. Les répondants ont toutefois mentionné que le contexte de taux actuel assombrit toujours leurs perspectives de vente.
Graphique 4 : Les indicateurs des ventes des entreprises restent modérés
Les entreprises dont l’activité dépend des dépenses discrétionnaires ont signalé une baisse de leurs indicateurs des ventes futures (graphique 5, ligne rouge). Cette situation reflète les résultats de l’Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Deuxième trimestre de 2024, selon lesquels les consommateurs sont toujours nombreux à avoir l’intention de réduire leurs dépenses. Environ un tiers des entreprises qui vendent des produits et services de consommation discrétionnaire s’attendent à des baisses de leurs ventes au cours des 12 prochains mois. Elles ont déclaré que leurs clients sont sensibles aux prix, et que souvent :
- ils se tournent vers des produits moins chers
- ils cherchent des rabais avant d’acheter
Malgré des signes de faiblesse dans les perspectives de vente, certains facteurs sont favorables. Les entreprises dont l’activité dépend des dépenses essentielles des consommateurs ont dit que la croissance démographique – qui est souvent liée à l’immigration – soutient leurs indicateurs de ventes (graphique 5, ligne bleue). Qui plus est, les entreprises dont l’activité est liée à la construction d’installations industrielles et civiles s’attendent à une reprise de leurs ventes après avoir connu plusieurs trimestres en berne. Selon ces entreprises de construction, des projets d’infrastructure dans les secteurs technologique et public créent de la demande. Dans certains cas, l’atténuation des pénuries de main-d’œuvre permet la mise en branle de projets qui avaient été mis sur la glace. Les entreprises dont l’activité dépend de l’immobilier résidentiel croient quant à elles qu’après avoir connu une période de stagnation, leurs ventes reprendront au cours de l’année à venir grâce aux baisses de taux d’intérêt. Cela dit, ces entreprises ne s’attendent qu’à des baisses de taux modestes et plus petites que ce qu’il faudrait, selon elles, pour faire augmenter substantiellement la demande, l’offre et les prix liés au logement.
Graphique 5 : Les indicateurs des ventes se sont détériorés pour les entreprises dont l’activité dépend des dépenses de consommation discrétionnaires
Dans le contexte actuel de demande anémique, les pressions sur la capacité de production des entreprises se sont allégées et sont revenues près de leur moyenne historique (graphique 6). Seule une faible proportion de répondants a déclaré être aux prises avec de sérieuses difficultés. Par ailleurs, l’atténuation des pénuries de main-d’œuvre est généralisée. Le nombre de répondants ayant signalé des engorgements dans les chaînes d’approvisionnement a continué de diminuer, quoique certains défis subsistent. Les difficultés persistantes dans ces chaînes sont le plus souvent liées aux longs délais de fabrication et aux pénuries d’intrants. Les répondants sont généralement d’avis que les conséquences de ces problèmes sont mineures. Peu d’entreprises se disent préoccupées par les perturbations touchant l’expédition.
Graphique 6 : Les contraintes de capacité avoisinent de nouveau leur moyenne historique
Les intentions d’investissement des entreprises en machines et matériel ont augmenté, mais restent sous leur moyenne historique (graphique 7, ligne bleue). Les principaux motifs des dépenses en investissement restent la réparation et le remplacement de biens d’équipement existants plutôt que l’investissement dans de nouvelles capacités ou de nouveaux produits en vue d’améliorer la productivité. Les principaux facteurs pesant sur les intentions d’investissement des entreprises sont :
- l’incertitude quant à la situation de l’économie et aux conditions commerciales
- les impôts et la réglementation
- le coût des biens d’équipement et du financement
En outre, moins de répondants que d’habitude croient que les conditions de la demande sont favorables aux investissements. Comme ils prévoient une croissance modérée de leurs ventes, ils pensent que le rendement sur leurs investissements est incertain. Certaines entreprises attendent que leurs ventes s’améliorent avant d’investir. D’autres ont dit qu’une partie de leurs dépenses d’investissement ont trait à la numérisation (dont l’intelligence artificielle) et aux initiatives vertes. Cependant, les montants de ce type d’investissements sont généralement modestes.
Graphique 7 : La faible demande freine les plans d’investissement et d’embauche des entreprises
Les perspectives d’emploi des entreprises se situent aussi en deçà de leur moyenne historique (graphique 7, ligne rouge). Dans le contexte actuel de faibles attentes à l’égard des ventes, la moitié des répondants comptent maintenir leurs effectifs. Même parmi ceux qui prévoient de meilleures ventes, environ 40 % n’ont pas l’intention d’embaucher. Certains justifient ce choix en disant qu’ils n’ont pas la certitude que leurs ventes augmenteront effectivement. La proportion des entreprises qui ont l’intention de faire des mises à pied demeure modeste.
Peu d’entreprises sont confrontées à des pénuries de main-d’œuvre
Les entreprises de toutes les régions et tous les secteurs ont affirmé que le marché de l’emploi continue de se détendre. La proportion de répondants ayant fait état de pénuries de main-d’œuvre avoisine les creux historiques de l’enquête (graphique 8, barres bleues). Pour un sixième trimestre de suite, les entreprises ont déclaré que ces pénuries sont moins intenses qu’il y a 12 mois (graphique 8, ligne rouge). Elles ont expliqué que cet allégement généralisé découle :
- de leurs faibles attentes à l’égard des ventes, donc d’un moins grand besoin de travailleurs additionnels
- d’une offre accrue de travailleurs, en raison de l’immigration
Les pénuries de main-d’œuvre qui subsistent sont surtout liées à des problèmes structurels touchant certains segments du marché de l’emploi, comme le besoin de compétences spécialisées et l’éloignement géographique.
Graphique 8 : Les pressions sur le marché du travail continuent de s’atténuer
Vu cette détente généralisée dans le marché de l’emploi, les attentes des entreprises concernant les augmentations salariales pour les 12 prochains mois ont diminué. La hausse salariale moyenne attendue au cours des 12 mois à venir a beaucoup baissé (graphique 9, ligne rouge). Une proportion croissante de répondants s’attendent à un ralentissement de la croissance des salaires au cours des 12 prochains mois (graphique 9, barres bleues). Dans l’ensemble, les entreprises ne voient plus le besoin d’offrir des salaires plus élevés pour attirer ou retenir des travailleurs. En particulier, elles croient que les facteurs suivants n’exercent plus autant de pressions sur les salaires :
- l’augmentation du coût de la vie
- les rajustements salariaux concurrentiels motivés par le marché
Les répondants ont aussi indiqué que leurs propres résultats et leur rentabilité continuent de limiter les augmentations salariales qu’ils accordent. Cela dit, l’estimation ponctuelle du salaire moyen est légèrement au-dessus de sa moyenne historique en raison 1) de l’entrée en vigueur de nouvelles conventions collectives et 2) des revalorisations de salaires consenties pour contrer les hausses antérieures du coût de la vie.
Graphique 9 : Les attentes à l’égard de la croissance des salaires ont nettement diminué
Les entreprises s’attendent à ce que la croissance des prix ralentisse
Le nombre d’entreprises anticipant une croissance plus lente des prix de leurs intrants reste élevé, mais est plus bas qu’à la fin de 2023 (graphique 10). Les répondants croient aussi que la croissance de leurs prix de vente va continuer à décélérer. Ils ont souvent attribué les pressions à la baisse sur les prix de vente :
- au ralentissement de la croissance des coûts, surtout des salaires
- à la faiblesse de la demande, qui accroît la concurrence
Graphique 10 : Les entreprises anticipent un ralentissement de la croissance des prix de leurs intrants et de leurs prix de vente
La part des entreprises qui prévoient d’effectuer des hausses de prix plus grandes que d’habitude demeure bien en deçà de sa moyenne de 2023. Les répondants étaient par ailleurs plus nombreux à ne pas avoir l’intention de changer leurs prix. En outre, la proportion des entreprises qui prévoient d’augmenter leurs prix de manière plus prononcée que d’habitude a crû au deuxième trimestre (graphique 11, barres jaunes). Cette proportion demeure beaucoup plus basse que celle des entreprises qui ont procédé à des augmentations de prix anormalement élevées au cours des 12 derniers mois (graphique 11, barres bleues). Une proportion plutôt stable de répondants ont déclaré effectuer des hausses de prix plus fréquentes que d’habitude.
Graphique 11 : La part des entreprises qui envisagent d’effectuer des hausses de prix anormalement élevées reste moins importante qu’auparavant
Les attentes d’inflation des entreprises se situent dans la fourchette visée par la Banque. Selon les résultats de l’enquête sur les perspectives des entreprises, ces attentes pour les deux prochaines années sont pratiquement restées inchangées au deuxième trimestre (graphique 12, ligne rouge). Cependant, les derniers résultats du Pouls des leaders d’entreprise montrent que les attentes d’inflation mensuelles sur un an ont grandement diminué en juin, après avoir augmenté plus tôt au cours du trimestre (graphique 12, ligne bleue). Selon les répondants, les facteurs suivants ont une influence importante sur leurs attentes d’inflation :
- la politique monétaire, qui selon eux continue d’exercer des pressions baissières sur l’inflation
- la demande, qui a longtemps été vue comme un facteur gardant l’inflation à un niveau élevé, est perçue maintenant comme exerçant des pressions à la baisse sur l’inflation
En revanche, les répondants continuent de croire que la politique budgétaire et le logement alimentent les hausses de prix et créent de l’incertitude chez certaines entreprises quant au moment où l’inflation reviendra à la cible de 2 % de la Banque. Cela dit, la plupart des entreprises s’attendent à ce que l’inflation revienne près de la cible d’ici deux à trois ans.
Graphique 12 : Les attentes d’inflation n’ont pratiquement pas bougé d’un trimestre à l’autre
Les résultats de l’enquête représentent des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.
L’Enquête sur les perspectives des entreprises est une publication qui contient les résultats d’une enquête menée par le personnel des bureaux régionaux de la Banque du Canada au moyen d’entrevues réalisées auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada.
Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête en ligne menée chaque mois par la Banque du Canada auprès de 700 à 1 000 dirigeants d’entreprises canadiennes, qui sont appelés à répondre à l’un des trois courts questionnaires de l’enquête. Pour en savoir plus sur Le Pouls des leaders d’entreprise, voir T. Chernis, C. D’Souza, K. MacLean, T. Reader, J. Slive et F. Suvankulov, The Business Leaders’ Pulse—An Online Business Survey, document d’analyse du personnel 2022-14, Banque du Canada (juin 2022).