Résultats de l’enquête du 1er trimestre de 2024 | Vol. 5.1 | 1er avril 2024

La présente enquête a été menée du 25 janvier au 14 février 2024. Des entrevues de suivi ont été réalisées du 19 au 27 février 2024.

Vue d’ensemble

  • Les consommateurs estiment que l’inflation a ralenti, mais leurs attentes d’inflation à court terme ont à peine changé. Ils relient leur perception du ralentissement de l’inflation à leur propre expérience de l’évolution des prix des biens de consommation courante, comme les aliments et l’essence.
  • Les attentes d’inflation à long terme, elles, ont augmenté, mais demeurent en deçà de leur moyenne historique. Les répondants croient maintenant que les facteurs qui contribuent à la forte inflation – notamment la vigueur des dépenses publiques ainsi que les loyers et les prix des logements élevés – prendront plus de temps à se résorber qu’ils le prévoyaient au trimestre précédent.
  • Les consommateurs continuent de ressentir les effets négatifs de la forte inflation et des taux d’intérêt élevés sur leur budget, et près des deux tiers d’entre eux réduisent ou reportent leurs dépenses en conséquence. Bien qu’elle reste faible, la confiance des consommateurs s’est améliorée au cours du trimestre, ces derniers anticipant des taux d’intérêt plus bas. Les gens sont ainsi moins pessimistes quant à l’avenir de l’économie et de leur situation financière, et aussi moins nombreux à penser qu’ils devront continuer de réduire ou de reporter leurs dépenses.
  • Ce regain de confiance se manifeste également dans la perception du marché du travail, qui s’est stabilisée après avoir connu une détérioration au cours des derniers trimestres. Les travailleurs continuent de voir d’un bon œil les conditions du marché du travail et, compte tenu des perspectives d’inflation élevées, ils anticipent encore une croissance des salaires supérieure à la moyenne.

Les consommateurs estiment que l’inflation a encore baissé, mais leurs attentes à court terme ont peu changé

Les gens ont l’impression que l’inflation a baissé depuis le dernier trimestre, mais leurs attentes d’inflation à court terme sont quasiment inchangées (graphique 1). En général, les changements dans les perceptions de l’inflation influencent les attentes d’inflation à court terme des consommateurs, mais cette relation s’est affaiblie au cours des récents trimestres.

Graphique 1 : Les consommateurs ont l’impression que l’inflation baisse, mais leurs attentes d’inflation à court terme ont peu changé depuis le dernier trimestre

Bon nombre de répondants ont déclaré que les prix qu’ils voient lorsqu’ils font des achats jouent pour beaucoup dans leur perception de l’inflation (graphique 2). Les gens portent une attention particulière aux variations du prix des articles qu’ils achètent fréquemment. Dans l’enquête du présent trimestre, environ 60 % des répondants ont dit que les prix des aliments influaient fortement sur leur perception de l’inflation, alors qu’à peine la moitié ont mentionné que les prix de l’essence, les loyers et les coûts du logement pesaient lourdement dans la balance.

Graphique 2 : La perception qu’ont les consommateurs de l’inflation est fortement liée à leurs propres expériences

Les attentes relatives à la croissance des prix de certains achats courants, comme les aliments et l’essence, se sont modérées depuis le dernier trimestre (graphique 3). Cette baisse des attentes tient probablement aux perceptions des consommateurs d’un ralentissement de la progression des prix des biens essentiels. Comme l’a indiqué une personne dans une entrevue de suivi, au sujet des prix des aliments : « Les prix n’augmentent pas aussi vite qu’avant – les hausses que j’observe cette année sont moins prononcées que l’an passé. »

Graphique 3 : Les attentes relatives à la croissance des prix des produits essentiels se sont modérées

Bien qu’ils aient l’impression que l’inflation baisse, les consommateurs croient toujours que l’inflation à court terme restera élevée. Lors des entrevues de suivi, des répondants ont indiqué que les taux d’intérêt élevés alimentaient leurs attentes d’une forte inflation à court terme. L’un d’entre eux nous a dit : « Je pense que c’est à cause des taux d’intérêt que le Canada nous impose. Selon moi, c’est ce qui contribue à l’inflation. »

Les attentes d’inflation à long terme ont augmenté pour la première fois depuis le deuxième trimestre de 2022, mais elles restent tout de même légèrement sous la moyenne. Le pourcentage des répondants qui croient que l’inflation à long terme sera supérieure à 5 % s’est accru, passant de 37 à 41 %. Les consommateurs considèrent encore que la vigueur des dépenses publiques ainsi que les loyers et les prix des logements élevés sont les principales causes de la forte inflation. Comparativement au trimestre précédent, ils s’attendent à ce que ces tendances prennent plus de temps à se résorber.

Les consommateurs subissent encore les répercussions de la forte inflation et des taux d’intérêt élevés, mais leur niveau de confiance augmente

Les effets négatifs de l’inflation et des taux d’intérêt continuent de peser sur les dépenses des consommateurs, et le coût de la vie demeure la principale préoccupation financière de ceux-ci. Toutefois, le pourcentage des répondants qui sentent que leur situation s’est détériorée est légèrement inférieur à ce qu’il était au dernier trimestre – un signe que ces effets négatifs ont cessé de se propager (graphique 4).

Graphique 4 : Beaucoup de consommateurs estiment que leur situation continue de se détériorer à cause de la forte inflation et des taux d’intérêt élevés

Les répondants disent encore modifier leur comportement pour s’adapter à la forte inflation et aux taux d’intérêt élevés. Dans les entrevues de suivi, ils ont mentionné prendre des mesures pour préserver leur pouvoir d’achat. En voici quelques-unes :

  • limiter l’utilisation d’un véhicule pour économiser de l’essence
  • dépenser moins au restaurant
  • magasiner à plusieurs endroits pour profiter des soldes
  • faire l’épicerie moins souvent et acheter chaque fois en plus grande quantité

De même, la proportion des répondants ayant effectué de gros achats au cours des six derniers mois a un peu diminué, et les intentions d’en faire dans l’avenir restent modérées. Les consommateurs continuent par contre de prévoir l’achat de services, comme des vacances ou de grands événements – surtout ceux qui disent avoir reporté ces achats depuis un certain temps.

En même temps, le niveau de confiance à l’égard des perspectives économiques s’est accru, indiquant un possible changement d’attitude chez les consommateurs. Ce nouvel état d’esprit tient surtout au fait qu’après plusieurs trimestres à entretenir des attentes plus élevées que jamais à l’égard des taux d’intérêt, les consommateurs s’attendent maintenant à des taux plus bas.

En raison de l’amélioration des perspectives concernant les taux, les consommateurs se disent moins pessimistes par rapport à leur situation financière. Divers indicateurs des tensions financières des ménages montrent d’ailleurs quelques signes d’amélioration par rapport à il y a un an, quand les tensions étaient anormalement élevées (graphique 5). Néanmoins, les tensions financières restent à un haut niveau comparativement aux données historiques de l’enquête, et elles constituent une préoccupation majeure pour les consommateurs. Elles peuvent avoir un impact sur les ménages, notamment sur leurs plans de consommation1. Lors d’une entrevue de suivi, une personne a déclaré : « On n’est pas inquiets de manquer un paiement, mais pour éviter que ça arrive, on doit réduire nos dépenses et épargner davantage. »

Graphique 5 : Les indicateurs des tensions financières ont fléchi, mais demeurent élevés

Les détenteurs de prêt hypothécaire ont également manifesté des niveaux de tensions financières plus faibles ce trimestre. Cela reflète probablement la baisse des attentes concernant les taux d’intérêt. Une plus petite proportion d’entre eux – 23 % au premier trimestre de 2024 contre 31 % au quatrième trimestre de 2023 – s’attendent à une augmentation importante de leurs paiements au moment du renouvellement. Ils restent aussi confiants dans leur capacité à faire face à cette hausse.

Les consommateurs sont aussi devenus moins pessimistes à l’égard de l’économie. La proportion d’entre eux qui s’attendent à une baisse de l’activité économique au Canada au cours des 12 prochains mois est passée de 62 à 52 % ce trimestre (graphique 6).

Graphique 6 : Selon les consommateurs, les perspectives économiques se sont améliorées, mais demeurent faibles

L’amélioration de la confiance des consommateurs transparaît également dans les projets de dépenses. Bien que la plupart des consommateurs continuent de faire état de changements dans leur consommation, dans l’enquête de ce trimestre, la proportion de ceux qui prévoient de réduire leurs dépenses et d’épargner davantage en raison de leurs attentes relatives aux taux d’intérêt et à l’inflation a légèrement diminué (graphique 7). Ces résultats laissent croire que les consommateurs pourraient penser ne pas avoir besoin de réduire davantage leurs dépenses, ou pas autant qu’auparavant.

Graphique 7 : La plupart des consommateurs réduisent leurs dépenses en raison de leurs attentes relatives à l’inflation et aux taux d’intérêt

Même si les attentes à l’égard des taux d’intérêt ont diminué, elles restent élevées par rapport à ce qu’elles étaient avant la pandémie de COVID‑19, et elles continuent de peser sur les intentions d’achat d’un logement. Outre les coûts hypothécaires élevés, les consommateurs citent d’autres obstacles à l’accession à la propriété, notamment :

  • les prix élevés des logements
  • la disponibilité limitée des logements
  • la difficulté considérable pour les locataires d’accumuler une mise de fonds

Malgré ces obstacles, les intentions d’achat d’un logement ont augmenté depuis 2023 (graphique 8). Ce regain est probablement attribuable en partie aux nouveaux arrivants, qui ont généralement des intentions d’achat plus fortes que le reste de la population2.

Les répondants à l’enquête ont aussi indiqué qu’ils continuent de s’attendre à ce que les prix des logements augmentent à peu près au même rythme que celui qu’ils prévoyaient avant la pandémie.

Graphique 8 : Plus de gens prévoient d’acheter un logement

La perception du marché du travail s’est stabilisée

Après s’être détériorée au cours des derniers trimestres, la perception du marché du travail qu’ont les consommateurs semble s’être stabilisée. La plupart des indicateurs de roulement de la main-d’œuvre, comme la probabilité de trouver ou de perdre un emploi, restent à peu près inchangés par rapport au dernier trimestre (graphique 9).

Graphique 9 : La perception du marché du travail qu’ont les consommateurs demeure positive

Même si le temps consacré à la recherche d’un emploi a augmenté par rapport au trimestre précédent, dans l’ensemble, les travailleurs restent plus confiants que par le passé dans leurs perspectives d’emploi. Ils s’attendent encore à une croissance des salaires plus forte que la moyenne. La probabilité qu’ils quittent volontairement un emploi est aussi plus élevée que la moyenne. Mais s’ils voient toujours des offres d’emploi, certains sont sceptiques quant à la qualité de ces dernières. Lors d’une entrevue de suivi, une personne a déclaré : « J’ai entendu dire que l’emploi continuait d’augmenter au Canada, donc je suppose que le marché du travail se porte toujours bien. Je me demande par contre si les nouveaux emplois sont bien rémunérés. »

Les attentes à l’égard de la croissance des salaires ont atteint un sommet pour l’enquête, à 2,8 %. Le coût de la vie reste le facteur qui influe le plus sur les attentes de croissance salariale des travailleurs. Bien que les employés du secteur public continuent d’exprimer des attentes moins élevées que ceux du secteur privé (2,3 % contre 3,2 %, respectivement), au cours des derniers trimestres, ces attentes ont augmenté plus rapidement chez les travailleurs du secteur public que chez ceux du secteur privé (graphique 10). La croissance plus forte dans le secteur public pourrait être due aux conventions collectives.

Graphique 10 : Les attentes de croissance des salaires des travailleurs du secteur public affichent une tendance à la hausse


  1. 1. Voir N. Bédard et P. Sabourin, « Measuring household financial stress in Canada using consumer surveys », note analytique du personnel 2024-5 de la Banque du Canada (avril 2024).[]
  2. 2. Voir J. Champagne, E. Ens, X. Guo, O. Kostyshyna, A. Lam, C. Luu, S. Miller, P. Sabourin, J. Slive, T. Taskin, J. Trujillo et S. L. Wee, « Évaluation des effets de la hausse de l’immigration sur l’économie et l’inflation au Canada », note analytique du personnel 2023-17 de la Banque du Canada (décembre 2023).[]

L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille l’opinion des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

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