La sous-gouverneure Sharon Kozicki explique comment les différents niveaux d’endettement, de revenu et d’épargne ont influé sur la façon dont chaque ménage a vécu la pandémie de COVID-19 et comment ces différences influencent aujourd’hui la politique monétaire.
Les effets de la pandémie ont différé selon les ménages
La situation financière de chaque ménage est unique. Et les différents niveaux d’endettement, de revenu et d’épargne ont influé sur la façon dont chaque ménage a vécu la pandémie de COVID-19.
Au début de la pandémie, des confinements ont forcé beaucoup d’entreprises à fermer complètement leurs portes ou à limiter leurs activités. De nombreux travailleurs ont perdu leur emploi. Pour alléger le fardeau de la pandémie sur les ménages et l’économie :
- les gouvernements ont lancé des programmes d’aide
- la Banque du Canada a abaissé les taux d’intérêt
Parallèlement, beaucoup de personnes ont conservé leur emploi mais se sont mises à travailler à partir de chez elles, ce qui a fait grimper la demande de biens comme le matériel de bureau ou les accessoires de sport. Malgré cette demande de biens, nombre de ces ménages ont épargné davantage durant la pandémie, en partie parce que les gens ne pouvaient pas voyager ni manger au restaurant.
La demande de logements a également bondi, sous l’effet :
- de l’épargne importante constituée par les ménages
- des bas taux d’intérêt
- du désir des ménages d’avoir plus d’espace
Les propriétaires ont vu leur avoir propre foncier et leur richesse s’accroître avec la hausse des prix de l’immobilier. Mais certains ménages ont contracté une dette hypothécaire considérable pour financer l’achat d’une propriété.
Les niveaux de richesse et d’endettement influent sur les flux de trésorerie et la politique monétaire
Les taux d’intérêt sont maintenant plus élevés, puisque nous avons commencé à les relever en 2022 pour lutter contre l’inflation élevée.
Et, alors que nous mettons tout en œuvre pour rétablir un équilibre entre l’offre et la demande et pour ramener l’inflation à la cible de 2 %, la façon dont chaque ménage a vécu la pandémie joue également sur l’incidence du relèvement des taux d’intérêt.
Par le passé, la hausse des taux d’intérêt ralentissait la demande excessive principalement en encourageant les gens à épargner et à reporter leurs achats.
Beaucoup de ménages ont toutefois accumulé une richesse et une épargne importantes, ce qui les rend moins sensibles à la hausse des taux d’intérêt, puisqu’ils n’ont pas forcément besoin d’emprunter pour financer leurs achats. Les ménages très endettés sont quant à eux plus sensibles à la hausse des taux d’intérêt : si les coûts du service de leur dette augmentent, il leur restera moins d’argent à dépenser.
La recherche d’un équilibre entre ces deux éléments contradictoires associés à la pandémie que sont la dette accumulée et la richesse accumulée a marqué l’élaboration de la politique monétaire durant ce cycle de resserrement. »
Nous tenons compte des différences parmi la population dans l’établissement de la politique monétaire
Quand nous prenons nos décisions de politique monétaire, nous les prenons dans l’intérêt de l’économie tout entière. Mais nous tenons compte des différences parmi la population, et nous surveillons les répercussions de près.
Depuis que nous avons mis en place des cibles d’inflation dans les années 1990, nous n’avions pas connu de cycle de resserrement comme celui-ci. En effet, l’inflation – qui s’est hissée à un peu plus de 8 % en juin 2022 – a atteint un niveau beaucoup plus élevé. Elle s’est aussi inscrite au-dessus de notre fourchette cible, qui va de 1 à 3 %, pendant plus longtemps.
Autre différence importante : les taux d’intérêt avaient été inhabituellement bas pendant longtemps avant la pandémie, ce qui a amené de nombreux ménages à s’endetter davantage.
À cause de ces différences entre les ménages, nous analysons une foule de données détaillées sur les emprunts, les dépenses et l’épargne provenant d’un large éventail de sources d’information. Cela nous permet de nous assurer que nous ne prenons pas de mesures excessives ou insuffisantes pour ramener l’inflation à la cible.
Nous n’établissons pas notre politique en fonction de ce qui arrive à un sous-ensemble de ménages ou au prix d’un bien ou service en particulier. Mais nous faisons de notre mieux pour saisir ce qui se produit de manière plus détaillée. Cela nous aide à mieux prévoir la trajectoire probable de l’économie et à mettre en balance les risques. »