Au lendemain de notre annonce de maintenir le taux directeur, la première sous-gouverneure Carolyn Rogers parle des moteurs de la forte inflation et des signes nous indiquant qu’elle descend.

La première sous-gouverneure Rogers s’adresse aux chambres de commerce du Manitoba. Lisez le discours complet.

Notre décision d’hier

Compte tenu de l’évolution de l’économie, nous avons décidé de maintenir le taux directeur à 4½ % et de poursuivre notre politique de resserrement quantitatif.

Comment les forces mondiales ont provoqué la montée de l’inflation

Au début de la pandémie de COVID‑19, les prix de produits de base comme le pétrole, le gaz naturel et le bois d’œuvre ont chuté. De plus, comme l’économie s’est retrouvée à l’arrêt, les gens avaient moins l’occasion de manger au restaurant ou de voyager. La demande s’est donc soudainement déplacée des services vers les biens. Mais les confinements ont aussi eu des répercussions sur des éléments clés des chaînes d’approvisionnement mondiales, tels que les usines et les ports. L’offre ne pouvant pas suivre l’essor de la demande de biens, les prix ont bondi.

Lorsque les économies ont rouvert, les prix de ces produits de base ont subitement monté en flèche. Puisque ces produits sont utilisés pour de nombreux autres biens et services, cela a créé un effet d’entraînement sur une multitude d’autres prix. Ensuite, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a encore accentué le renchérissement généralisé.

En bref, voici les forces mondiales qui, combinées, ont tant fait grimper l’inflation :

  • La flambée des prix des produits de base
  • L’emballement de la demande mondiale de biens
  • La mise à mal des chaînes d’approvisionnement

Comment des forces nationales ont alimenté l’inflation

L’économie canadienne s’est rapidement redressée, car les entreprises et les travailleurs ont été résilients durant les confinements. À la réouverture de l’économie, la population canadienne avait hâte de rattraper le temps perdu. Certaines dépenses en services ont donc repris le pas sur celles en biens.

Cependant, les entreprises – dont bon nombre avaient mis à pied des employés durant les confinements – ont eu de la difficulté à embaucher et à former assez de personnel pour répondre à la forte demande. Cette situation s’est traduite par des pénuries de main-d’œuvre qui ont encore intensifié les pressions sur les coûts de production. En raison du renforcement de la demande et des problèmes persistants dans les chaînes d’approvisionnement, de nombreuses entreprises ont commencé à répercuter leurs coûts plus élevés sur leurs clients en augmentant les prix.

Ce sont ces facteurs qui ont permis à l’inflation mondiale de s’installer au pays.

Les forces mondiales et nationales contribuent maintenant à faire baisser l’inflation

Récemment, l’inflation a commencé à baisser, en partie parce que les facteurs mondiaux qui l’avaient fait monter se modèrent :

  • Les prix des produits de base et les frais de transport se replient.
  • Les chaînes d’approvisionnement retrouvent leur efficacité.

Parallèlement, nous relevons les taux d’intérêt depuis mars 2022 pour rééquilibrer l’offre et la demande au pays.

Même si nous avons observé des améliorations ces derniers mois, l’inflation demeure trop élevée. Nous avons encore du travail à faire pour ramener l’inflation à la cible de 2 %.

L’évolution de l’inflation au Canada a, jusqu’à maintenant, quelque chose de symétrique : des facteurs tant mondiaux que nationaux se sont combinés pour faire monter l’inflation, et ils devront se replier davantage pour que celle-ci revienne à la cible de 2 %. »

Le contexte unique du Canada

Même à 5,9 %, le taux d’inflation actuel du Canada est le deuxième plus faible des pays du G7. Nous avons commencé à combattre l’inflation relativement tôt et sommes intervenus énergiquement en augmentant le taux directeur de 4,25 points de pourcentage depuis le début de 2022. C’était la meilleure façon d’éviter des hausses encore plus importantes – et plus pénibles – plus tard.

Depuis le début de l’augmentation des taux d’intérêt l’an dernier, le Canada a enregistré la plus forte croissance du produit intérieur brut parmi les pays du G7. Le marché du travail demeure également solide. Bien que favorables, ces évolutions risquent d’accentuer les pressions sur l’inflation à l’avenir, principalement parce que le taux de productivité reste bas au pays. En revanche, compte tenu de la faible croissance économique attendue dans les prochains trimestres, les pressions sur les marchés de produits et du travail devraient, quant à elles, s’alléger.

Nous allons continuer d’analyser l’évolution de l’économie de très près. Nous sommes déterminés à ramener l’inflation jusqu’à 2 %.

Le Canada, comme les autres pays, a un contexte qui lui est propre et qui influera sur la trajectoire de l’économie et de l’inflation. Mais c’est l’avantage d’une politique monétaire indépendante : nous pouvons revenir à notre cible d’inflation de 2 % d’une manière qui nous convienne, tout comme les autres banques centrales le font en fonction de leur propre contexte. »

La première sous-gouverneure Rogers répond aux questions des médias après son discours.

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