Le gouverneur Tiff Macklem explique comment les hausses du taux directeur de la Banque du Canada feront ralentir l’économie et baisser l’inflation.
Comment la politique monétaire permet de contrôler l’inflation
Les Canadiens savent que l’inflation est élevée. Et certains pourraient se demander pourquoi la Banque s’y attaque avec des hausses de taux d’intérêt.
La conduite de la politique monétaire consiste à relever, baisser ou maintenir tel quel le taux directeur pour contrôler l’inflation. Voilà notre principale mission. Nous ciblons un taux d’inflation de 2 % par année. C’est ce que nous entendons par « stabilité des prix ».
Quand l’économie surchauffe et que l’inflation est bien au-dessus de 2 %, les hausses de taux d’intérêt contribuent à ramener l’inflation à la cible. Ce processus prend du temps. Voici comment il fonctionne :
- Quand nous relevons notre taux directeur, les taux des prêts bancaires augmentent, et il coûte donc plus cher d’emprunter.
- Ces augmentations découragent le recours aux prêts hypothécaires, aux prêts automobiles, aux marges de crédit et aux prêts commerciaux.
- Quand les gens empruntent moins, la demande de logements, de biens et de services baisse. Bref, tout le monde réduit ses dépenses, même les entreprises, qui peuvent aussi limiter leurs projets d’investissements.
- Quand la demande baisse de façon généralisée, l’offre – soit la capacité de production de l’économie – peut alors la rattraper.
- Pendant ce temps, les pressions inflationnistes s’atténuent et les attentes concernant l’inflation future diminuent.
Nos hausses de taux fonctionnent
En mars 2022, alors que le taux directeur s’établissait à 0,25 %, nous avons commencé à le relever rapidement et énergiquement. Aujourd’hui, il est à 4,5 %.
Voici les effets jusqu’ici :
- Les taux d’emprunt des ménages et des entreprises ont monté.
- Les dépenses ont diminué, surtout pour les logements et les gros achats, comme les meubles et les électroménagers.
- Le marché du travail reste tendu, mais de faibles signes montrent que les tensions commencent à s’atténuer sous l’effet des hausses de taux.
- L’inflation recule, en partie à cause de la baisse des prix mondiaux de l’énergie et de l’amélioration des chaînes d’approvisionnement, mais aussi en raison de l’affaiblissement de la demande ici, au Canada.
- Moins d’entreprises croient que la forte inflation va persister. Ce fait est important, car les attentes d’inflation influent sur leurs décisions concernant les prix et les salaires.
Même si on aimerait qu’elle fasse effet plus rapidement et facilement, la politique monétaire fonctionne. C’est un mal nécessaire pour que tout le monde puisse à nouveau compter sur une inflation basse, stable et prévisible. »
Nos prochaines décisions seront dictées par l’évolution de la situation
En janvier, nous avons dit nous attendre à pouvoir mettre les augmentations du taux directeur en pause pendant que nous en évaluerons les effets.
Cette pause est conditionnelle : elle aura lieu seulement si l’évolution de l’économie est conforme à nos perspectives et si l’inflation continue de baisser.
Nous nous attendons à ce que la croissance économique ralentisse et soit presque nulle durant le premier semestre de 2023. L’inflation devrait alors chuter pour s’établir autour de 3 % au milieu de l’année, puis atteindre la cible de 2 % en 2024. L’inflation a déjà commencé à baisser pour de nombreux biens, mais elle y mettra plus de temps dans le secteur des services.
Nous allons voir si les pratiques de fixation des prix des entreprises continuent de refléter le contexte de surchauffe économique ou si elles se normalisent.
Nous voulons éviter d’en faire trop ou pas assez. Et nous sommes prêts à agir de nouveau avec fermeté s’il le faut.
Si de nouvelles données montrant que l’inflation ne baisse pas comme attendu commencent à s’accumuler, on est prêts à relever encore le taux directeur. »
Le chemin vers la cible de 2 % est incertain
Nous voulons être certains que les Canadiens comprennent le comment et le pourquoi de ce que nous faisons pour combattre l’inflation.
Nous savons qu’il y a beaucoup d’incertitude. Nous allons donc être clairs quant aux risques qui pourraient pousser l’économie dans une autre direction.
D’une part, l’inflation pourrait être plus élevée que prévu si les prix mondiaux de l’énergie augmentent. De plus, les attentes d’inflations pourraient demeurer relativement élevées. Et si la vigueur du marché du travail ne s’atténue pas, les hausses des coûts de main-d’œuvre pourraient continuer de faire monter les prix. Il serait donc plus difficile de ramener l’inflation à 2 %.
D’autre part, les taux d’intérêt plus élevés au Canada et ailleurs dans le monde pourraient freiner la croissance économique de façon plus marquée que prévu.
Comme l’inflation se situe bien au-dessus de notre cible de 2 %, nous sommes plus préoccupés par les risques qui pourraient la faire monter.
On va continuer d’expliquer ce qu’on voit, ce qu’on fait, et ce que le public peut attendre de nous. Nous sommes déterminés à rétablir la stabilité des prix pour les Canadiennes et les Canadiens. »