La Banque du Canada relève le taux directeur de 50 points de base, et poursuit le resserrement quantitatif
La Banque du Canada a annoncé aujourd’hui qu’elle augmente le taux cible du financement à un jour pour le faire passer à 3¾ %. Le taux officiel d’escompte s’établit à 4 %, et le taux de rémunération des dépôts, à 3¾ %. De même, la Banque poursuit sa politique de resserrement quantitatif.
L’inflation à travers le monde reste élevée et généralisée. Cela s’explique par la vigueur de la reprise mondiale au sortir de la pandémie, la série de perturbations mondiales de l’approvisionnement et les prix élevés des produits de base – en particulier l’énergie – qui ont augmenté en raison de l’attaque de l’Ukraine par la Russie. La force du dollar américain amplifie les pressions inflationnistes dans de nombreux pays. Les mesures de resserrement monétaire prises pour maîtriser l’inflation pèsent sur l’activité économique partout dans le monde. L’inflation devrait baisser à l’échelle du globe, avec le ralentissement des économies et l’atténuation des perturbations de l’approvisionnement.
Aux États-Unis, les marchés du travail sont encore très tendus, même si les conditions financières restrictives freinent l’activité économique. Selon la projection de la Banque, la croissance de l’économie américaine devrait être près de zéro durant la majeure partie de l’année prochaine. Dans la zone euro, une contraction est attendue au cours des trimestres à venir, surtout à cause des pénuries aiguës d’énergie. En Chine, l’économie semble s’être redressée après les récents confinements visant à contenir la pandémie, mais les défis auxquels le marché immobilier est confronté continueront de peser sur la croissance. Dans l’ensemble, la Banque prévoit que la croissance mondiale ralentira, passant de 3 % en 2022 à environ 1½ % en 2023, avant de remonter à quelque 2½ % en 2024. Ce rythme est inférieur à la projection du Rapport sur la politique monétaire qu’elle a publié en juillet.
Au Canada, l’économie demeure en situation de demande excédentaire et les marchés du travail restent tendus. La demande de biens et de services dépasse encore la capacité de l’économie à y répondre et exerce ainsi une pression à la hausse sur l’inflation au pays. Les entreprises font encore état de pénuries de main-d’œuvre généralisées et, depuis la réouverture complète de l’économie, la forte demande a entraîné une flambée des prix des services.
Les effets des récentes hausses du taux directeur apportées par la Banque deviennent apparents dans les secteurs de l’économie qui sont sensibles aux taux d’intérêt : l’activité sur le marché du logement a accusé un recul marqué, et les dépenses des ménages et des entreprises sont en train de se modérer. De plus, le ralentissement de la demande internationale commence à peser sur les exportations. On s’attend à ce que la croissance stagne jusqu’à la fin de cette année et durant la première moitié de 2023, à mesure que les effets des taux d’intérêt plus élevés se propageront au sein de l’économie. La Banque prévoit un ralentissement de la croissance du PIB, qui devrait passer de 3¼ % cette année à tout juste en deçà de 1 % l’année prochaine, et à 2 % en 2024.
Ces trois derniers mois, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) est descendue de 8,1 à 6,9 %, en raison surtout de la chute des prix de l’essence. Cependant, les pressions sur les prix restent généralisées, les deux tiers des composantes de l’IPC ayant augmenté de plus de 5 % au cours de la dernière année. Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque n’indiquent pas encore de manière significative que les pressions sous-jacentes sur les prix s’atténuent. Les attentes d’inflation à court terme demeurent élevées, ce qui accroît le risque que la forte inflation s’enracine.
La Banque s’attend à ce que l’inflation mesurée par l’IPC baisse à mesure que les taux d’intérêt plus élevés aideront à rééquilibrer l’offre et la demande, que les pressions sur les prix attribuables aux perturbations mondiales de l’approvisionnement diminueront et que les effets passés des prix plus élevés des produits de base se dissiperont. L’inflation mesurée par l’IPC devrait donc descendre à environ 3 % à la fin de 2023, puis retourner à la cible de 2 % à la fin de 2024.
Étant donné que l’inflation et les attentes d’inflation sont élevées, et que des pressions continues s’exercent sur la demande dans l’économie, le Conseil de direction s’attend à ce que le taux directeur doive encore augmenter. Les futures hausses de taux seront influencées par nos évaluations : de l’efficacité du resserrement de la politique monétaire pour ralentir la demande, de la résolution des problèmes d’approvisionnement, et de la réaction de l’inflation et des attentes d’inflation aux hausses de taux. Le resserrement quantitatif est un outil complémentaire des hausses de taux directeur. Nous sommes déterminés à rétablir la stabilité des prix pour les Canadiens et nous continuerons de prendre les mesures nécessaires en vue de l’atteinte de la cible d’inflation de 2 %.
Note d’information
La prochaine date d’établissement du taux cible du financement à un jour est le 7 décembre 2022. La Banque publiera sa prochaine projection complète pour l’économie et l’inflation, ainsi qu’une analyse des risques connexes, dans le Rapport sur la politique monétaire qui paraîtra le 25 janvier 2023.