Résultats de l’enquête du 3e trimestre | Vol. 3.3 | 17 octobre 2022
La présente enquête a été menée du 2 au 23 août 20221. Des entrevues de suivi ont été réalisées en septembre.
Vue d’ensemble
- Les attentes d’inflation aux horizons d’un an et de deux ans ont continué d’augmenter, car les consommateurs s’attendent à ce que les problèmes de chaîne d’approvisionnement se poursuivent et que les prix du pétrole restent élevés. Les attentes à l’horizon de cinq ans ont quant à elles diminué et sont presque de retour à leurs niveaux prépandémiques. Néanmoins, les répondants sont plus divisés ce trimestre à propos du niveau d’inflation à long terme.
- La plupart des consommateurs savent que la Banque du Canada a relevé ses taux d’intérêt, mais beaucoup d’entre eux ne sont pas sûrs de l’impact qu’auront ces hausses sur l’inflation.
- Les Canadiens sont optimistes quant aux conditions du marché du travail. Cela dit, le recul de la croissance des salaires réels et le resserrement des conditions du crédit pèsent sur leur confiance; la plupart anticipent une récession dans les 12 prochains mois.
- Les travailleurs croient que leurs hausses salariales ne suivent pas l’inflation et qu’elles ne la rattraperont pas. Ils ont dit composer avec la forte inflation en réduisant leurs dépenses et en changeant leurs habitudes de magasinage. Les régimes de travail à distance compensent, dans une certaine mesure, la baisse des salaires réels.
Les attentes d’inflation à court terme demeurent élevées
Malgré la baisse des prix de l’essence, les attentes d’inflation des consommateurs ont continué de monter aux horizons d’un an et de deux ans (graphique 1). Parallèlement, pour tous les horizons, ces attentes se situent maintenant sous le taux d’inflation actuel perçu, signe que les consommateurs croient que l’inflation va ralentir.
De manière générale, les gens continuent de penser que des facteurs externes, notamment les problèmes de chaîne d’approvisionnement et les prix du pétrole, maintiendront l’inflation à de hauts niveaux pendant encore un an ou deux.
Les consommateurs ont maintenant des opinions plus divergentes par rapport aux facteurs intérieurs qui influent sur l’inflation. Certains croient que les dépenses publiques élevées et les prix abusifs de détaillants locaux font aussi partie de l’équation. D’après les résultats des entrevues de suivi, des répondants considèrent que la forte inflation est généralisée, n’ayant pas constaté de baisse des prix des aliments ou d’autres produits. L’un d’eux a déclaré ceci : « Les prix sont élevés partout, et ça affecte beaucoup d’aspects de ma vie. » Un autre a dit que « les gens ont de la misère à satisfaire leurs besoins de base ».
Graphique 1 : Les attentes d’inflation à court terme sont en légère hausse malgré la chute des prix de l’essence
En revanche, les attentes d’inflation à l’horizon de cinq ans ont baissé ce trimestre, et se situent maintenant près de leurs niveaux d’avant la pandémie. Ce recul des attentes à long terme semble indiquer que les gens prévoient encore que l’inflation revienne à la normale.
Dans ce contexte d’inflation forte et persistante, la dispersion des attentes d’inflation à l’horizon de cinq ans s’est fortement accrue (graphique 2). La part des répondants qui croient que l’inflation sera élevée à long terme a augmenté. En même temps, un plus grand nombre de consommateurs pensent que les prix pourraient progresser à un rythme plus lent ou encore baisser.
Graphique 2 : Les attentes d’inflation à long terme n’ont jamais autant divergé
Les consommateurs restent très préoccupés par l’inflation et ils s’y intéressent davantage. Beaucoup d’entre eux ont dit comprendre ce qu’elle signifie, et un plus grand nombre que par le passé ont affirmé connaître la cible d’inflation de la Banque. Toutefois, lorsqu’on leur a demandé quelle était cette cible, les personnes interrogées ont donné en moyenne un taux plus élevé que la cible réelle et aussi plus élevé que les réponses des enquêtes précédentes. C’était particulièrement le cas chez les répondants qui ne savaient pas que le Canada a une cible d’inflation (graphique 3). Ces personnes étaient aussi plus susceptibles d’avoir des attentes d’inflation plus élevées à long terme.
Graphique 3 : La cible d’inflation perçue est élevée et en hausse
Dans l’ensemble, les consommateurs comprennent l’objectif de la politique de taux d’intérêt de la Banque. Une majorité d’entre eux savent que les hausses de taux d’intérêt visent à faire baisser le taux d’inflation. Malgré cette compréhension, ils sont beaucoup moins nombreux à s’attendre à ce que ces mesures fonctionnent (graphique 4). Lors des entrevues, les répondants ont déclaré que les hausses de taux opérées par la Banque ne produisaient pas l’effet voulu. L’un d’eux a dit : « Les taux d’intérêt ont pas mal augmenté, mais l’inflation reste très élevée. »
Graphique 4 : Beaucoup de consommateurs pensent que les hausses du taux directeur ne feront pas baisser l’inflation
Objectif des hausses de taux | Résultat attendu des hausses de taux | |
---|---|---|
Réduire l’inflation | 76,12 % | 40,54 % |
Augmenter l’inflation | 14,88 % | 18,17 % |
Je ne suis pas certain(e) | 9 % | 41,29 % |
La plupart des travailleurs croient que leurs gains salariaux sont inférieurs à l’inflation (graphique 5), et une majorité d’entre eux pensent que leurs salaires ne rattraperont pas la hausse des prix. Qui plus est, la forte inflation en a incité quelques-uns à demander une hausse de salaire ou à quitter leur emploi pour un autre mieux payé. Bien qu’une grande majorité de travailleurs aient indiqué que leur paye n’est pas ajustée automatiquement en fonction de l’inflation, la proportion de ceux ayant fait état de tels rajustements a légèrement augmenté ce trimestre. Voir l’encadré 1 pour plus d’information à propos des attentes salariales.
Graphique 5 : Les travailleurs estiment que leurs récentes augmentations salariales sont inférieures au taux d’inflation
2022T1 | 2022T3 | |
---|---|---|
Rajustement inférieur au taux d’inflation | -59,28 % | -66,46 % |
Rajustement supérieur au taux d’inflation | 18,08 % | 12,97 % |
Pourcentage net* | -41,20 % | -53,49 % |
Les consommateurs croient que la situation économique se détériore
La confiance des consommateurs est influencée par leur façon de voir différents aspects économiques de leur vie, qu’il s’agisse de leurs attentes quant à l’économie en général, de leurs revenus et situation d’emploi ou encore de la situation financière et des conditions de crédit de leur ménage. Le graphique 6 brosse un portrait sommaire de cette confiance en fonction des résultats d’une combinaison de questions d’enquête liées à ces aspects2.
Comme au trimestre précédent, la confiance des consommateurs est plus faible que d’habitude vis-à-vis des salaires réels attendus, des conditions de crédit et de la situation financière des ménages. Dans le cas des conditions de crédit, cette faiblesse reflète les taux d’intérêt plus élevés, la probabilité accrue de ne pas pouvoir rembourser ses dettes, et l’accès au crédit plus difficile. Et dans le cas de la situation financière des ménages, elle reflète les attentes selon lesquelles les dépenses ne pourront pas suivre le rythme de l’inflation.
Par contre, la confiance des consommateurs quant aux conditions du marché du travail est supérieure à la moyenne, tant à l’égard de leur situation personnelle que de celle de l’ensemble de l’économie. La probabilité perçue d’un changement d’emploi volontaire a atteint un sommet, tandis que celle d’une perte d’emploi demeure sous la moyenne.
Graphique 6 : La confiance des consommateurs reste plus faible qu’à l’habitude
Graphique 6 : La confiance des consommateurs reste plus faible qu’à l’habitude
Nota : Chaque ligne représente un écart-type par rapport à la moyenne historique. Les résultats plus proches du centre laissent supposer une confiance inférieure à la moyenne.
Malgré leur opinion positive concernant les conditions du marché du travail, la plupart des consommateurs estiment à au moins 50 % la probabilité qu’une récession survienne (graphique 7). Ce point de vue est généralisé au sein de différents groupes.
Les répondants ont exprimé divers avis concernant les états actuel et futur de l’économie canadienne. Pendant les entrevues, plusieurs personnes ont dit que le Canada pourrait déjà être en récession. Elles pensent que l’économie ne s’est pas entièrement relevée de la pandémie et que la forte inflation et la hausse des taux d’intérêt aggravent la situation. D’autres répondants qui donnent plus de poids aux solides conditions du marché du travail ont dit que l’économie se portait bien.
Graphique 7 : La plupart des consommateurs pensent qu’une récession est probable
0 ou 10 % | 4 % |
20, 30 ou 40 % | 18 % |
50 % | 22 % |
60, 70 ou 80 % | 42 % |
90 ou 100 % | 14 % |
Selon les répondants, les trois facteurs les plus susceptibles de déclencher une récession au pays sont :
- les salaires qui ne suivent pas l’inflation
- les prix élevés qui réduisent la capacité de dépenser
- l’augmentation importante des taux d’intérêt (graphique 8)
Graphique 8 : Selon les consommateurs, le recul des salaires réels, les prix élevés et la hausse des taux d’intérêt sont les principaux facteurs pouvant entraîner une récession
Salaires qui ne suivent pas l’inflation | 25,58 % |
Prix élevés qui réduisent la capacité de dépenser des gens | 21,28 % |
Augmentation importante des taux d’intérêt | 19,78 % |
Lower confidence in the economy | 14,61 % |
Affaiblissement du marché du travail | 7,33 % |
Épargne des ménages insuffisante pour satisfaire leur consommation | 4,64 % |
Diminution importante du prix des maisons | 4,17 % |
Plus de 80 % des répondants prennent des mesures pour faire face à l’inflation plus élevée (graphique 9). Les consommateurs réduisent leurs dépenses : près de la moitié des personnes interrogées ont affirmé dépenser moins, et plus du tiers s’en tiennent à l’achat d’articles essentiels. Parallèlement, les gens changent leurs habitudes de magasinage : ils achètent davantage d’articles en rabais, ils magasinent pour trouver les meilleurs prix, et ils consultent plus souvent les circulaires pour dénicher des aubaines.
Lors des entrevues, certains répondants ont indiqué devoir faire plus attention lorsqu’ils magasinent. Beaucoup de consommateurs croient que ce n’est pas le bon moment pour faire des achats importants parce que les prix sont élevés, les choix sont limités, les retards sont longs et la probabilité qu’une récession survienne est élevée. Ils n’effectueront un achat important que s’il s’agit d’un besoin essentiel, par exemple s’il faut remplacer un appareil ménager qui ne fonctionne plus.
Graphique 9 : Pour composer avec la hausse de l’inflation, les gens ont réduit leur consommation, en plus de chercher les soldes et les meilleurs prix
J’achète moins | 48,04 % |
J’achète davantage d’articles en rabais | 46,56 % |
Je compare davantage les prix avant d’acheter pour obtenir le meilleur prix | 42,93 % |
Je consulte les dépliants plus souvent pour trouver les aubaines | 37,29 % |
J’achète seulement les choses nécessaires | 35,09 % |
Je magasine moins ou moins souvent | 29,17 % |
Je n’ai pas changé mes habitudes de magasinage | 19,19 % |
Je fréquente davantage les magasins de rabais | 17,49 % |
Selon les résultats des entrevues, les consommateurs plus endettés sont davantage susceptibles d’être malmenés par la hausse des taux d’intérêt. C’est particulièrement le cas de ceux qui ont récemment acheté une maison ou fait des rénovations importantes en utilisant leur marge de crédit. Les locataires et les retraités ont quant à eux indiqué ne pas être autant touchés par la montée des taux, car ils ont pu réduire leurs dettes pendant la pandémie ou ils n’en ont pas accumulé.
La hausse des taux d’intérêt semble influencer les attentes des consommateurs vis-à-vis de la croissance des prix des logements. Ces attentes ont sensiblement reculé mais demeurent positives. Le pourcentage de répondants qui anticipent une baisse des prix des logements au pays au cours des 12 prochains mois a considérablement augmenté ce trimestre. Cependant, il ressort des entrevues que la plupart d’entre eux croient que cette baisse sera temporaire, étant donné la vigueur actuelle de la demande sur le marché de l’habitation. Les consommateurs ont affirmé que leurs attentes relatives aux prix des logements étaient basées sur des facteurs fondamentaux comme les conditions du crédit, l’offre de logements et la croissance démographique.
L’activité sur le marché du logement demeure forte en dépit des hausses de taux d’intérêt (graphique 10). La probabilité de déménager, d’acheter ou de vendre se maintient près ou au-dessus de la moyenne historique de l’enquête.
Graphique 10 : Le marché du logement reste dynamique
2022T3 | Moyenne | |
---|---|---|
Plus de 50 % de chance de déménager dans les 12 prochains mois | 21,62 % | 18,45 % |
Plus de 50 % de chance devendre dans les 12 prochains mois | 14,93 % | 11,04 % |
Propriétaires prévoyant oupensant acheter unemaison ou un condo | 16,84 % | 13,25 % |
Renters planning to buy in next 12 months | 17,03 % | 16,52 % |
Encadré 1 : Les attentes à l’égard des salaires augmentent, mais restent inférieures à l’inflation
Dans l’ensemble, les attentes à l’égard de la croissance des salaires n’ont augmenté que modérément, malgré la forte inflation. Près du tiers des travailleurs ont déclaré ne pas avoir la capacité de négocier leur salaire, et près du cinquième ont dit que la pandémie demeurait un obstacle pour leur employeur. Ces facteurs limitent la croissance des salaires. L’impression selon laquelle ceux-ci ne suivent pas l’inflation est une source grandissante de mécontentement pour une partie des travailleurs. En effet, certains croient que leur situation financière va se dégrader au cours de la prochaine année.
Néanmoins, le pourcentage de répondants qui s’attendent à de plus fortes hausses salariales s’est accru. Actuellement, environ 40 % des travailleurs pensent que leur salaire va augmenter de plus de 4 % au cours des 12 prochains mois. C’est surtout le cas de ceux du secteur privé (graphique 1‑A) et de ceux à faible revenu. Les personnes selon lesquelles le marché du travail s’améliore ont généralement des attentes plus élevées à l’égard de la croissance des salaires3. D’autres ont affirmé que leur syndicat déployait plus d’efforts pour obtenir des hausses salariales, mais que ce processus prendra du temps.
Graphique 1-A : Les attentes des travailleurs du secteur privé à l’égard de la croissance des salaires ont encore monté
La possibilité de télétravailler a contribué à maintenir la satisfaction de certaines personnes à l’égard de leur paye (graphique 1‑B). Les travailleurs ont dit que le fait de pouvoir travailler à distance avait une grande incidence sur leur volonté de demander une hausse salariale. Lorsqu’on leur a demandé dans quelle mesure leur salaire devrait augmenter s’ils étaient tenus de retourner travailler au bureau, près de 40 % des répondants ont indiqué que leur paye devrait être au moins 4 % plus élevée. Durant les entrevues, les participants ont affirmé que le télétravail leur permettait d’économiser sur l’essence, car ils vivent ou ont déménagé loin de leur lieu de travail. L’un d’eux a dit ceci : « Pour le travail, je préfère un modèle hybride parce que ça me motive à aller au bureau, mais comme j’habite loin, ça me coûte beaucoup plus cher de conduire pour m’y rendre. »
Graphique 1-B : Le télétravail atténue les revendications salariales
De 0 à 2 % | 11,71 % |
De 2 à 4 % | 24,11 % |
De plus de 4 % | 37,81 % |
Aucune augmentation desalaire nécessaire | 11,58 % |
Notes
- 1. L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille l’opinion des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.[←]
- 2. La plupart des indicateurs sommaires sont une moyenne des réponses aux questions concernées de l’enquête, à l’exception de l’indicateur relatif à la croissance des salaires réels. Pour qu’on puisse comparer les résultats d’une question à l’autre, ceux-ci sont normalisés selon l’équation suivante : (résultat trimestriel - moyenne historique)/écart-type. Croissance des salaires réels : attentes à l’égard de la croissance des salaires dans 12 mois, moins attentes d’inflation au cours des 12 prochains mois; Conditions du marché du travail : probabilité de trouver un emploi dans les 3 mois suivant la perte de l’emploi principal, probabilité de quitter un emploi dans les 12 prochains mois, probabilité de perte d’emploi au cours des 12 prochains mois (effet négatif sur la confiance); Situation financière des ménages : croissance attendue du revenu global du ménage au cours des 12 prochains mois, croissance attendue des dépenses totales réelles du ménage au cours des 12 prochains mois (croissance attendue des dépenses totale au cours des 12 prochains mois - attentes d’inflation pour les 12 prochains mois); Conditions de crédit : taux d’intérêt attendus dans 12 mois (effet négatif sur la confiance), solde des opinions sur la facilité ou difficulté accrue d’obtenir du crédit au cours des 12 prochains mois par rapport à maintenant, probabilité de ne pas être capable de faire un versement pour rembourser une dette au cours des 3 prochains mois; Conditions économiques générales (chaque question a été posée à la moitié des répondants) : probabilité que le taux de chômage au Canada soit plus bas qu’à l’heure actuelle dans 12 mois, probabilité que le taux de chômage au Canada soit plus élevé qu’à l’heure actuelle dans 12 mois (effet négatif sur la confiance), probabilité que le cours des actions du marché boursier soit plus élevé qu’à l’heure actuelle dans 12 mois, probabilité que le cours des actions du marché boursier soit plus bas qu’à l’heure actuelle dans 12 mois (effet négatif sur la confiance).[←]
- 3. Voir M. Jain, O. Kostyshyna et X. Zhang (2022), How Do People View Price and Wage Inflation?, document de travail du personnel 2022-34, Banque du Canada.[←]