Bonjour. Je suis ravi d’être ici en compagnie de la première sous-gouverneure Carolyn Rogers pour parler de l’annonce de ce matin concernant le taux directeur, ainsi que du Rapport sur la politique monétaire de la Banque.

Aujourd’hui, nous avons relevé le taux directeur de 50 points de base pour le faire passer à 3,75 %. Il s’agit de la sixième hausse consécutive depuis mars. En complément de ces hausses, le resserrement quantitatif se poursuit. Nous nous attendons aussi à ce que le taux directeur doive encore augmenter. Et jusqu’où il augmentera dépendra de l’efficacité de la politique monétaire pour ralentir la demande, de la résolution des problèmes d’approvisionnement, et de la réaction de l’inflation et des attentes d’inflation au cycle de resserrement en cours.

La décision d’aujourd’hui est le reflet de plusieurs considérations.

Premièrement, l’inflation au Canada reste élevée et généralisée. Elle a diminué ces derniers mois, mais on attend encore une baisse globale des pressions sur les prix.

Deuxièmement, et ce facteur est lié au précédent, l’économie continue d’afficher une demande excédentaire – autrement dit, elle surchauffe. Les ménages et les entreprises veulent acheter plus de biens et de services que ce que l’économie est capable de produire, et cela fait monter les prix.

Troisièmement, les taux d’intérêt plus élevés commencent à peser sur la croissance. C’est de plus en plus évident dans les dépenses sensibles aux taux d’intérêt, comme le logement et les gros achats. Il faudra toutefois du temps pour que les effets des hausses de taux se propagent à l’ensemble de l’économie.

Quatrièmement, il n’y a pas de solution facile pour restaurer la stabilité des prix. Il faut que l’économie ralentisse pour rééquilibrer l’offre et la demande, et réduire les pressions sur les prix. Nous nous attendons à ce que la croissance stagne au cours des prochains trimestres – c’est-à-dire à ce qu’elle soit près de zéro. Mais, passé ce ralentissement, la croissance se redressera, notre économie progressera fortement, et le Canada bénéficiera de nouveau d’une inflation basse et prévisible.

Enfin, nous essayons de mettre en balance les risques liés à un resserrement trop faible ou trop fort.

Si nos interventions sont insuffisantes, les Canadiens continueront de subir les rigueurs d’une forte inflation. Et ils en viendront à s’attendre à ce que cette situation persiste. Si cela se produit, il faudra alors des taux d’intérêt beaucoup plus élevés et, possiblement, une profonde récession pour maîtriser l’inflation. Personne ne veut cela.

Si nous intervenons trop, nous pourrions ralentir l’économie plus que nécessaire. Et nous savons que cela entraverait la capacité des gens à assurer le service de leurs dettes, en plus de nuire à l’emploi et aux entreprises.

La phase actuelle de resserrement arrivera à sa fin. Bientôt, mais pas tout de suite.

Nous évaluons rigoureusement les effets des taux d’intérêt plus élevés sur l’activité économique et l’inflation. Nous sommes transparents avec la population et nous focalisons nos efforts sur le mandat qui nous a été confié : restaurer la stabilité des prix pour le bien de tous.

Permettez-moi de parler un peu plus en détail de ces considérations et des principaux points abordés par le Conseil de direction durant ses délibérations.

Le Conseil de direction a d’abord évalué la conjoncture internationale depuis la parution du Rapport de juillet. L’inflation est élevée partout et se généralise. La plupart des banques centrales ont relevé leur taux directeur pour maîtriser l’inflation, ce qui a causé un resserrement rapide des conditions financières dans le monde. L’économie mondiale ralentit et nous avons revu à la baisse notre projection concernant sa croissance. Nous avons aussi constaté l’émergence de tensions financières sur certains marchés ces derniers mois.

Des indicateurs donnent à penser que les perturbations mondiales de l’approvisionnement s’atténuent. Les prix du pétrole et d’autres produits de base ont aussi diminué depuis juillet. La croissance plus lente à l’échelle du globe, combinée à ces évolutions, porte à croire que l’inflation mondiale devrait descendre au fil du temps. Cependant, l’incertitude est élevée, surtout en raison de l’invasion russe de l’Ukraine, et une augmentation de la volatilité sur les marchés de l’énergie ainsi qu’une recrudescence des perturbations des chaînes d’approvisionnement sont possibles.

Pour ce qui est de la conjoncture canadienne, le Conseil de direction a soigneusement évalué l’inflation, les attentes d’inflation ainsi que l’équilibre entre l’offre et la demande au sein de l’économie.

Depuis juin, l’inflation au Canada est descendue de 8,1 à 6,9 %. Bien qu’elle soit bienvenue, cette baisse tient principalement à la chute des prix de l’essence. L’inflation au pays est généralisée, et reflète une forte progression des prix des biens et des services. Environ les deux tiers des composantes de l’indice des prix à la consommation (IPC) ont augmenté de plus de 5 % au cours de la dernière année. Les ménages à faible revenu, en particulier, sont durement frappés par les hausses des dépenses essentielles, comme l’épicerie et le loyer.

Les variations à court terme de l’inflation mesurée par l’IPC global sont souvent dominées par des fluctuations de prix volatils à l’échelle internationale, comme ceux du pétrole. C’est pourquoi nous suivons de près les mesures de l’inflation fondamentale, afin de déceler des signes que les pressions sur les prix s’atténuent au Canada. Nos mesures privilégiées de l’inflation fondamentale ont cessé de monter au cours des deux derniers mois, mais elles ne montrent pas encore clairement une baisse de l’inflation sous-jacente. Une analyse prospective permet de constater de premiers signes encourageants. Les entreprises ont dit s’attendre à ce que les taux d’augmentation des prix des biens et services qu’elles vendent diminuent. De plus, les taux d’inflation fondamentale sur trois mois, qui reflètent des évolutions récentes, ont baissé, mais avoisinent encore 4 % en moyenne. Leur recul devra donc être plus important et durable.

Nous cherchons des signes que les attentes d’inflation à court terme diminuent et que celles à plus long terme sont en phase avec notre cible de 2 %. Les attentes à court terme restent élevées et nos enquêtes laissent entrevoir que l’incertitude quant à la trajectoire de l’inflation reste exceptionnellement élevée.

Quand on observe les indicateurs des marchés du travail et de l’activité économique, il est évident que même si l’économie a commencé à ralentir, la demande reste excédentaire. Le nombre de postes vacants a reculé par rapport à son sommet, mais demeure élevé, et les entreprises font encore état de pénuries de main-d’œuvre généralisées. Depuis la réouverture complète de l’économie, les ménages veulent profiter des services à forte proximité qui leur ont manqué, mais les entreprises ne peuvent pas répondre à la demande. On a ainsi assisté à une flambée des prix des services.

Le taux directeur plus élevé commence à freiner la demande. Les hausses de taux hypothécaires ont contribué au ralentissement marqué de l’activité dans le secteur du logement, qui avait atteint des niveaux insoutenables. Et les dépenses en biens des consommateurs et des entreprises se modèrent. Cela a fait diminuer les prix des logements et exerce une pression à la baisse sur les prix des biens.

À l’avenir, nous nous attendons à ce que les effets des taux d’intérêt plus élevés continuent de se propager dans l’économie, pour ainsi freiner les dépenses des ménages et les investissements des entreprises. Le ralentissement de la croissance mondiale, surtout aux États-Unis, pèsera aussi sur les exportations canadiennes. Nous prévoyons que la croissance du produit intérieur brut (PIB) stagnera jusqu’à la fin de l’année et durant la première moitié de 2023, avant de se redresser au deuxième semestre. La croissance annuelle moyenne du PIB devrait donc diminuer, passant d’environ 3¼ % cette année à tout juste en deçà de 1 % l’année prochaine, et à quelque 2 % en 2024. Puisque la croissance a été en dessous de son potentiel durant plusieurs trimestres, la demande excédentaire se dissipera pour faire place à une offre excédentaire en 2023.

Compte tenu à la fois des perspectives mondiales et canadiennes, nous nous attendons à ce que l’inflation oscille autour de 7 % au dernier trimestre de cette année, descende à environ 3 % à la fin de l’année prochaine et retourne à la cible de 2 % à la fin de 2024.

La Banque du Canada a pour mandat de veiller à maintenir l’inflation à un niveau bas, stable et prévisible. Nous sommes encore loin du but. Nous considérons les risques entourant notre prévision d’inflation comme étant raisonnablement équilibrés, mais comme l’inflation est bien au-dessus de la cible, nous nous préoccupons particulièrement des risques à la hausse. Nous savons qu’il est difficile pour bien des Canadiens de s’adapter à des taux d’intérêt plus élevés. De nombreux ménages sont très endettés et les hausses de taux viennent alourdir leur fardeau. Nous ne voulons pas que cette transition soit plus difficile que nécessaire, mais nous restons déterminés à remplir notre mandat. Des taux plus élevés à court terme feront descendre l’inflation sur le long terme. Il faut traverser cette phase difficile pour revenir à la stabilité des prix et à une croissance soutenue.

Dans les temps qui viennent, nous surveillerons attentivement l’incidence des taux plus élevés sur les dépenses et les implications pour les pressions sur les prix. Nous observerons aussi la résolution des perturbations mondiales de l’approvisionnement et dans quelle mesure elle fera baisser l’inflation au Canada. Enfin, nous suivrons de près les attentes d’inflation pour évaluer comment les ménages et les entreprises réagissent au ralentissement de la croissance et des dépenses.

Voilà qui met fin à mon résumé de la situation. La première sous-gouverneure Rogers et moi serons maintenant heureux de répondre à vos questions.

Rapport sur la politique monétaire – octobre

Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2022

L’inflation a amorcé sa descente après avoir atteint un sommet, mais elle demeure trop élevée. La Banque s’attend à ce que ce recul se poursuive à mesure que l’économie va réagir à la hausse des taux d’intérêt et que les effets des prix élevés des produits de base et des perturbations de l’approvisionnement vont s’estomper. L’inflation devrait donc s’établir aux alentours de 3 % à la fin de 2023 et retourner à 2 % en 2024.

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26 octobre 2022

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Publication du Rapport sur la politique monétaire — Conférence de presse donnée par le gouverneur Tiff Macklem et la première sous-gouverneure, Mme Carolyn Rogers. (vers 11 h, heure de l’Est)