Le 1er juin, la Banque du Canada a décidé de relever le taux directeur d’un demi-point de pourcentage. Dans un discours prononcé le lendemain, le sous-gouverneur Paul Beaudry a expliqué pourquoi l’inflation a été plus élevée que prévu et ce que fait la Banque pour la ramener à la cible de 2 %.
Notre décision concernant le taux directeur
Le 1er juin, la Banque a augmenté le taux cible du financement à un jour d’un demi-point de pourcentage, pour le faire passer à 1,5 %. De même, elle poursuit sa politique de resserrement quantitatif.
La situation économique depuis avril
L’économie canadienne s’est remise rapidement des effets de la pandémie de COVID-19. Le rebond a été plus fort et plus rapide qu’on l’avait anticipé. La croissance des salaires est revenue aux niveaux prépandémiques, et le taux de chômage se situe à un creux historique. On s’attend à ce que ces tendances se maintiennent.
Mais la forte inflation exerce des pressions sur les budgets des familles et augmente les coûts pour les entreprises. Et l’inflation demeurera élevée dans les prochains mois. Cette situation est difficile pour tout le monde, particulièrement pour les personnes à revenu fixe ou à faible revenu.
Empêcher l’inflation élevée de s’enraciner
Notre priorité est de faire redescendre l’inflation pour que les Canadiens payent moins cher pour les biens et services essentiels et pour que l’inflation élevée ne s’enracine pas.
L’inflation s’enracine quand elle se nourrit d’elle-même. Les prix augmentent parce d’autres prix augmentent aussi, et parce que le coût de la main-d’œuvre grimpe. Dans ce contexte, l’inflation s’autoalimente du fait que les ménages et les entreprises s’attendent à ce qu’elle reste élevée ou continue de monter, et qu’ils agissent en conséquence.
L’inflation est trop élevée au Canada, mais elle n’a pas encore commencé à s’enraciner ou à s’autoalimenter. Il y a actuellement des forces extérieures évidentes, comme les perturbations persistantes de l’approvisionnement et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui contribuent à l’inflation qu’on connaît.
Néanmoins, la Banque prend des mesures pour faire redescendre l’inflation et l’empêcher de s’enraciner. L’histoire montre qu’une fois que l’inflation élevée s’est enracinée, il est très difficile de la juguler sans nuire à l’économie.
Des forces intérieures et mondiales
Deux grandes forces sont derrière la poussée d’inflation actuelle : l’une d’origine intérieure, et l’autre mondiale.
Dans les derniers mois, la demande excédentaire au sein de l’économie canadienne a fait grimper l’inflation. Les banques centrales réagissent à une demande excédentaire en relevant les taux d’intérêt. C’est ce que la Banque du Canada a commencé à faire en mars, quand nous avons constaté que l’économie canadienne tournait de nouveau à plein régime.
Mais c’est la conjoncture internationale qui a fait monter l’inflation le plus au cours de la dernière année. La reprise mondiale au sortir de la pandémie a provoqué des ruptures d’approvisionnement dans plusieurs secteurs, comme l’énergie, l’alimentation et l’électronique. La guerre en Ukraine a amplifié ces problèmes, entraînant une flambée additionnelle des prix.
Les pays ne peuvent pas contrôler le prix des biens qui font l’objet d’échanges internationaux. Et l’effet des chocs inflationnistes provenant de l’étranger est habituellement temporaire. C’est pourquoi les banques centrales n’ont pas l’habitude de réagir à ce type d’inflation en relevant les taux d’intérêt.
Équilibre et arbitrages
Les décisions de politique monétaire supposent souvent des arbitrages.
Quand l’inflation a commencé à grimper l’an dernier, nous avons décidé de ne pas monter les taux d’intérêt, non seulement parce que les chocs inflationnistes d’origine étrangère tendent à être de courte durée, mais aussi parce que nous voulions aider ceux qui avaient perdu leur emploi durant la pandémie à retrouver du travail.
Aujourd’hui, la situation est tout à fait différente.
L’effet des chocs initiaux dans les chaînes d’approvisionnement mondiales a perduré plus longtemps que prévu et a été amplifié par la guerre en Ukraine et les reconfinements en Chine. Il y a maintenant un risque plus grand que les attentes d’inflation augmentent et que l’inflation élevée s’enracine. Pour prévenir cette éventualité, il faut monter les taux d’intérêt.
Chaque fois que les Canadiens font le plein d’essence ou vont au supermarché, ils ont le sentiment que le coût de la vie ne cesse d’augmenter. Mais je tiens à vous assurer qu’on ne laissera pas cette inflation élevée s’enraciner. On va la faire redescendre. »