L’assouplissement quantitatif encourage les dépenses et les investissements. En stabilisant l’économie, il nous aide à atteindre la cible d’inflation.
Un outil de plus pour le ciblage de l’inflation
La Banque du Canada ajuste le taux directeur pour influer sur la croissance économique et l’inflation. Si nous voyons qu’il faut stimuler l’économie pour atteindre la cible d’inflation, nous pouvons abaisser ce taux de façon à favoriser l’emprunt et les dépenses. Ce genre d’ajustement a un impact direct sur les taux d’intérêt à très court terme. En revanche, il a un effet plus tardif sur les taux à plus long terme importants pour les ménages, comme ceux des prêts hypothécaires et des marges de crédit.
Mais quand le taux directeur est déjà très bas, d’autres outils de politique monétaire peuvent être nécessaires pour soutenir l’économie et atteindre la cible d’inflation.
L’assouplissement quantitatif est l’un de ces outils exceptionnels. Il est différent de nos outils habituels parce qu’il nous permet d’influencer plus directement les taux d’intérêt à plus long terme offerts aux consommateurs et aux entreprises. Il vise toutefois le même résultat, soit atteindre la cible d’inflation.
L’effet sur l’inflation
Nos mesures de politique monétaire sont toujours axées sur l’atteinte de la cible d’inflation – un objectif qui contribue au bon fonctionnement de l’économie. Nous utilisons l’assouplissement quantitatif quand il faut contrer le risque de déflation, c’est-à-dire le risque d’une dangereuse chute des prix qui nuirait à tout le monde. Cet outil contribue à stabiliser l’économie en facilitant l’accès au crédit pour les particuliers et en aidant les entreprises à rester en affaires, à investir et à créer des emplois.
Quand une banque centrale a recours à l’assouplissement quantitatif, elle achète des obligations du gouvernement pour en faire monter le prix et baisser le rendement, soit les intérêts que touchent les détenteurs.
Le rendement des obligations du gouvernement a beaucoup d’influence sur les taux d’emprunt : plus il est bas, plus les prêts sont abordables. Bref, l’assouplissement quantitatif encourage les ménages et les entreprises à emprunter, à dépenser et à investir. Par exemple :
- Quand nous achetons des obligations du gouvernement à cinq ans, leur rendement diminue. Résultat : le coût des prêts hypothécaires à taux fixe de cinq ans baisse aussi, ce qui rend l’achat d’une maison plus accessible.
- Nos achats d’obligations du gouvernement à 10 ans ou plus ont le même effet à la baisse. Les entreprises profitent alors de meilleurs taux pour faire des investissements de développement à long terme.
L’assouplissement quantitatif envoie le signal que nous allons garder le taux directeur à un niveau bas pour un certain temps, soit aussi longtemps que l’inflation va rester sous contrôle. En donnant plus de certitude que le taux directeur va rester bas, l’assouplissement quantitatif contribue à réduire les coûts d’emprunt à long terme pour les entreprises et les ménages.
En bref, l’assouplissement quantitatif nous aide à atteindre la cible d’inflation de 2 %.
Comment payons-nous les obligations?
L’assouplissement quantitatif, ce n’est pas comme imprimer de l’argent. Quand nous avons recours à cet outil, nous achetons des obligations auprès d’institutions financières. Nous réglons ces achats en déposant des fonds dans les comptes que ces institutions détiennent chez nous, à la Banque du Canada. Ces fonds sont appelés « soldes de règlement » ou « réserves ».
Les soldes de règlement sont une forme particulière de dépôts créée par les banques centrales. Ils font partie intégrante de leurs opérations. Les institutions financières les utilisent pour régler des paiements entre elles. Nous leur versons des intérêts sur ces montants, comme elles le font sur l’argent déposé chez elles par leurs clients.
Seules les banques centrales ont ce privilège de créer des soldes de règlement. Et nous l’utilisons avec discernement pour remplir notre mandat, qui est de favoriser la prospérité économique et financière du Canada.
Il est important que les banques centrales soient indépendantes du gouvernement et que les pouvoirs restent séparés : celui de créer de la monnaie et celui de dépenser.
Comment achetons-nous les obligations?
Nos achats d’obligations dans le cadre de l’assouplissement quantitatif sont un outil complémentaire aux modifications du taux directeur.
Voici comment ça marche :
- Nous offrons d’acheter des obligations aux institutions financières prêtes à nous les vendre au meilleur prix. C’est ce qu’on appelle une adjudication à l’envers, parce que nous proposons d’acheter les obligations, et non pas de les vendre.
- Pour payer les institutions financières, nous créons des soldes de règlement que nous déposons dans les comptes qu’elles détiennent chez nous, à la Banque du Canada.
En temps normal, quand nous achetons des obligations ou d’autres actifs financiers, c’est pour compenser le passif à notre bilan, dont la majeure partie correspond au montant des billets de banque en circulation.
Le resserrement quantitatif expliqué
L’assouplissement quantitatif sert à stimuler l’économie en faisant baisser les coûts d’emprunt quand le taux directeur est déjà très bas. Il n’est pas censé être permanent. Une fois que l’économie retourne à la normale, il faut freiner cette baisse des coûts d’emprunt et ramener notre bilan à une taille plus près de la normale. Pour ce faire, nous devons réduire graduellement le volume des obligations achetées en vertu de l’assouplissement quantitatif. Ce processus s’appelle le « resserrement quantitatif ».
Le resserrement quantitatif peut être actif ou passif. En mode actif, nous vendons les obligations que nous avons achetées. En mode passif, nous les laissons simplement arriver à échéance, sans les remplacer. Ces deux options réduisent à la fois le montant des soldes de règlement et la taille de notre bilan.