La Banque du Canada relève le taux directeur de 50 points de base et amorce le resserrement quantitatif
La Banque du Canada a annoncé aujourd’hui qu’elle augmente le taux cible du financement à un jour pour le faire passer à 1 %. Le taux officiel d’escompte s’établit à 1¼ %, et le taux de rémunération des dépôts, à 1 %. La Banque met aussi fin au réinvestissement et amorcera le resserrement quantitatif le 25 avril. Les obligations du gouvernement du Canada inscrites au bilan de la Banque qui arrivent à échéance ne seront plus remplacées, ce qui fera diminuer la taille de celui-ci au fil du temps.
L’invasion en cours de l’Ukraine par la Russie cause une souffrance humaine inimaginable et est une nouvelle source d’incertitude économique. La flambée des prix du pétrole, du gaz naturel et d’autres produits de base alimente l’inflation à l’échelle mondiale. Les perturbations de l’approvisionnement attribuables à la guerre exacerbent également les contraintes d’offre persistantes et pèsent sur l’activité. Ce sont principalement ces facteurs qui expliquent la révision à la hausse substantielle des perspectives de la Banque concernant l’inflation au Canada.
La guerre en Ukraine perturbe la reprise mondiale, alors que la plupart des économies se relèvent à peine de l’impact du variant omicron de la COVID-19. Les pays européens sont plus directement touchés par les effets sur la confiance et les bouleversements de l’offre découlant du conflit. L’économie chinoise fait face à de nouvelles éclosions du virus et à une correction en cours du marché de l’immobilier. Aux États-Unis, la demande intérieure reste très forte et la Réserve fédérale américaine a clairement indiqué sa ferme intention d’utiliser ses outils de politique monétaire pour maîtriser l’inflation. Avec la réduction des mesures de relance, la croissance aux États-Unis devrait se modérer pour s’établir à un rythme plus conforme à celui de la croissance potentielle. Les conditions financières mondiales se sont resserrées et la volatilité a augmenté. La Banque prévoit maintenant une croissance mondiale d’environ 3½ % cette année, 2½ % en 2023 et 3¼ % en 2024.
Au Canada, la croissance est forte et l’économie entre dans une phase de demande excédentaire. Le marché du travail est tendu et la croissance des salaires, qui a retrouvé son rythme d’avant la pandémie, est en hausse. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à déclarer qu’elles ont de la difficulté à répondre à la demande, et qu’elles peuvent répercuter les coûts plus élevés des intrants sur leurs clients en haussant les prix. Même si le virus de la COVID-19 continue de muter et de circuler, les taux élevés de vaccination ont réduit ses effets sur la santé et l’économie. La croissance semble avoir été plus vigoureuse au premier trimestre qu’on le prévoyait en janvier et devrait augmenter au deuxième trimestre. Avec la levée des mesures sanitaires, les dépenses de consommation se raffermissent. La reprise des exportations et des investissements des entreprises se poursuivra, soutenue par la solide demande étrangère et les prix élevés des produits de base. L’activité sur le marché du logement, qui a été exceptionnellement forte, devrait se modérer.
La Banque prévoit que la croissance de l’économie canadienne atteindra 4¼ % cette année, avant de ralentir pour s’établir à 3¼ % en 2023 et à 2¼ % en 2024. Les robustes investissements des entreprises, la croissance de la productivité du travail et la hausse de l’immigration vont faire augmenter la capacité de production de l’économie, alors que les taux d’intérêt plus élevés devraient modérer la croissance de la demande intérieure.
Au Canada, l’inflation mesurée par l’IPC s’établit à 5,7 %, dépassant la prévision du Rapport sur la politique monétaire publié par la Banque en janvier. L’inflation est tirée par la hausse des prix de l’énergie et des aliments, ainsi que les perturbations de l’approvisionnement conjuguées à la forte demande mondiale et intérieure. Les mesures de l’inflation fondamentale ont toutes augmenté, puisque les pressions sur les prix se généralisent. La Banque s’attend maintenant à ce que l’inflation mesurée par l’IPC atteigne presque 6 % en moyenne durant la première moitié de 2022 et reste bien au-dessus de la fourchette de maîtrise de l’inflation tout au long de l’année. Elle devrait ensuite baisser pour s’établir à environ 2½ % au deuxième semestre de 2023 et retourner à la cible de 2 % en 2024. Il y a un risque croissant que les attentes relativement à une inflation élevée s’enracinent. La Banque utilisera ses outils de politique monétaire pour ramener l’inflation à la cible et garder les attentes d’inflation bien ancrées.
Puisque l’économie entre dans une phase de demande excédentaire et que l’inflation demeure bien au-dessus de la cible, le Conseil de direction juge que les taux d’intérêt devront encore augmenter. Le taux directeur est le principal instrument de politique monétaire de la Banque, et le resserrement quantitatif viendra s’ajouter aux hausses de ce taux. Le moment et le rythme des hausses subséquentes du taux directeur seront guidés par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et par son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2 %.
Note d’information
La prochaine date d’établissement du taux cible du financement à un jour est le 1er juin 2022. La Banque publiera sa prochaine projection complète pour l’économie et l’inflation, ainsi qu’une analyse des risques connexes, dans le Rapport sur la politique monétaire qui paraîtra le 13 juillet 2022.
Un avis aux marchés fournissant des précisions sur les modalités opérationnelles du resserrement quantitatif sera publié ce matin sur le site de la Banque.