Le gouverneur Tiff Macklem parle de la décision annoncée hier par la Banque du Canada de laisser le taux directeur inchangé. Il explique aussi comment la Banque pourrait ajuster la politique monétaire quand l’économie recommencera à voler de ses propres ailes.

Le gouverneur Macklem s’adresse à la Fédération des chambres de commerce du Québec par vidéoconférence. Lisez le discours complet.

Notre décision d’hier

La Banque a décidé de maintenir le taux directeur à 0,25 %.

On a aussi décidé de :

  • rester engagés à maintenir le taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable;
  • garder le rythme cible des achats au titre du programme d’assouplissement quantitatif à 2 milliards de dollars par semaine.

La reprise progresse, mais en dents de scie

Grâce aux taux élevés de vaccination et au déclin de la troisième vague de la pandémie, les secteurs comme le tourisme et l’hôtellerie ont enfin pu renouer avec leur clientèle au cours de l’été.

Mais la reprise demeure cahoteuse, et la montée des cas dans de nombreuses régions continue de faire planer beaucoup d’incertitude.

  • Le marché du travail a rebondi, mais sa reprise demeure inégale.
  • La croissance d’avril à juin a été plus faible que prévu.
  • La consommation, les investissements des entreprises et les dépenses publiques ont continué d’alimenter la reprise. Par contre, l’activité semble ralentir dans le secteur du logement.
  • Les problèmes d’approvisionnement ont pesé sur l’activité manufacturière et les exportations.

L’inflation demeure plus élevée qu’avant la pandémie, principalement parce qu’on compare les prix actuels à ceux de l’an passé, quand une grande partie de l’économie était encore à l’arrêt. De plus, des problèmes d’approvisionnement font monter les prix des véhicules automobiles et d’autres biens.

Dans ce contexte, et compte tenu de la marge de capacités excédentaires considérable qui subsiste dans l’économie, le Conseil de direction a jugé que la reprise devait continuer d’être appuyée par des mesures de politique monétaire exceptionnelles.

Les achats d’obligations ont favorisé la reprise

La contribution de la Banque à la reprise est principalement passée par les achats massifs d’obligations du gouvernement du Canada effectués dans le cadre de son programme d’assouplissement quantitatif.

L’assouplissement quantitatif stimule l’économie en abaissant les coûts d’emprunt des ménages, des entreprises et des administrations publiques. Quand la Banque achète de grandes quantités d’obligations du gouvernement du Canada, son bilan prend de l’expansion, et le taux d’intérêt des obligations diminue.

Il en résulte une pression à la baisse sur d’autres taux de prêt dans l’économie.

Depuis octobre 2020, on diminue peu à peu nos achats au titre du programme à mesure que l’économie se redresse. Quand on a lancé le programme, en juillet 2020, on achetait chaque semaine pour au moins 5 milliards de dollars d’obligations. On est maintenant passés à une cible de 2 milliards par semaine.

On continue donc d’augmenter la détente monétaire au moyen de l’assouplissement quantitatif, mais plus lentement.

La reprise progresse et on se rapproche du moment où une détente additionnelle au moyen de l’assouplissement quantitatif ne sera plus nécessaire. »

Que se passera-t-il après la fin de l’assouplissement quantitatif?

Quand il ne sera plus nécessaire d’apporter une détente monétaire additionnelle par l’assouplissement quantitatif, on va cesser d’augmenter la taille de notre portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada.

Il restera un grand degré de détente monétaire dans l’économie, qui en aura toujours besoin. Alors, pour garder les obligations détenues à peu près au même niveau, on va devoir continuer à en acheter pour remplacer celles qui viennent à échéance.

En gros, on va réinvestir le produit des obligations échues. On appelle donc ça la phase de réinvestissement.

Et quand il va être temps de réduire la détente monétaire, vous pouvez vous attendre à ce qu’on commence par relever le taux directeur. Ce que ça veut dire, c’est qu’il est raisonnable de penser que la phase de réinvestissement va durer un certain temps – au moins jusqu’à la hausse du taux directeur.

Mais, au bout du compte, le moment où va débuter cette phase, et le temps qu’elle va durer, sont des décisions qui vont dépendre de la vigueur de la reprise et de l’évolution de l’inflation.

On s’est engagés à fournir le niveau de détente monétaire nécessaire pour soutenir la reprise et atteindre la cible d’inflation de 2 %. Et vous pouvez compter sur nous pour continuer de vous donner l’heure juste. »

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