Résultats de l’enquête du 2e trimestre | Vol. 2.2 | 5 juillet 2021

La présente enquête, menée pendant la troisième vague de la pandémie de COVID‑19, a coïncidé avec l’accélération des efforts de vaccination1. Comme les quatre précédentes, elle comprenait des questions sur l’incidence de la pandémie et sur les mesures pour la contenir. Les répondants devaient aussi indiquer comment ils comptaient utiliser les épargnes supplémentaires qu’ils pourraient avoir accumulées pendant la pandémie (encadré 1). Des compléments d’information sont fournis selon des caractéristiques démographiques.

Vue d’ensemble

  • Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des dépenses demeurent près de leur sommet, probablement en raison de la demande refoulée découlant des restrictions sanitaires. Devant le regain d’optimisme et la plus grande assurance des gens quant à la fin de la pandémie, certains répondants prévoient dépenser une partie des épargnes qu’ils ont accumulées au cours des 16 derniers mois (encadré 1)2. Ils disent aussi vouloir surtout dépenser pour des activités qui ont fait l’objet de restrictions, comme aller au restaurant. Les Canadiens plus âgés, toutefois, hésitent davantage à reprendre des activités en personne.
  • La part des répondants qui envisagent l’achat d’une maison ou d’un appartement en copropriété demeure considérable, particulièrement chez les locataires. La pandémie a stimulé la demande globale sur le marché de l’habitation, et les acheteurs préfèrent encore des logements plus spacieux et des logements situés à l’extérieur des centres-villes. Les attentes des consommateurs relatives à la croissance des prix des logements ont continué de monter à l’échelle du pays.
  • La récente hausse de l’inflation se reflète dans les attentes d’inflation à court terme plus élevées, mais les consommateurs anticipent qu’elle sera temporaire. L’accroissement des attentes d’inflation à l’horizon d’un an concorde avec des attentes plus élevées quant aux augmentations des prix des aliments, des prix de l’essence et des loyers. Les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans sont demeurées relativement stables, alors que celles qui concernent l’horizon de cinq ans se sont rapprochées de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation visée par la Banque du Canada, qui va de 1 à 3 %. Ces résultats concordent avec des attentes d’inflation à moyen terme ancrées à la cible.
  • Même si les consommateurs ont fait part d’un certain optimisme par rapport aux conditions du marché du travail, les indicateurs demeurent pour la plupart en deçà des niveaux d’avant la pandémie. Comparativement à l’enquête précédente, un plus grand nombre de répondants pensent pouvoir trouver un autre emploi au besoin et ne s’attendent pas à perdre leur emploi. Cependant, ce nombre est plus faible qu’avant la pandémie, possiblement à cause de la menace que continue de poser la COVID‑19 et des restrictions qui sont toujours en place dans certaines régions. Les résultats de l’enquête semblent montrer que les ajustements sur le marché du travail pourraient prendre du temps pour les répondants qui ont perdu leur emploi ou des heures de travail pendant la pandémie. Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des salaires ont légèrement augmenté, mais demeurent modérées.
  • La plupart des gens aimeraient télétravailler après la pandémie, ce qui a des répercussions sur les préférences en matière de logement et la demande de locaux pour bureaux.

Les consommateurs prévoient dépenser une partie de leurs épargnes accumulées durant la pandémie

Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des dépenses demeurent près de leur sommet, même si la croissance du revenu s’est peu améliorée (graphique 1). Ces résultats pourraient s’expliquer par la demande refoulée de certains biens et services après une longue période de restrictions et découler aussi du fait que les consommateurs envisagent avec plus d’assurance la fin de la pandémie. L’écart entre les attentes concernant la croissance des dépenses et celles relatives à la croissance du revenu demeure près du plus haut niveau enregistré depuis la toute première enquête. Cette observation concorde avec des réponses laissant présager que certains ménages vont dépenser une partie des épargnes supplémentaires qu’ils ont accumulées durant la pandémie (encadré 1). Il se pourrait aussi que certains ménages empruntent davantage.

Graphique 1 : Attentes relatives au revenu et aux dépenses des ménages

Encadré 1 : Les signes d’optimisme laissent entrevoir une hausse des dépenses

Comme les enquêtes récentes, l’enquête du deuxième trimestre de 2021 comportait des questions sur l’incidence de la pandémie de COVID‑19 et les mesures prises pour la freiner. L’enquête contenait aussi de nouvelles questions sur ce que les participants feront lorsque la majeure partie de la population canadienne aura été vaccinée.

Au moment de l’enquête, de nombreux répondants avaient déjà reçu une dose de vaccin contre la COVID‑19 (environ 50 %) ou comptaient en recevoir une (35 %). Le très bon déroulement des campagnes de vaccination a entraîné un regain d’optimisme quant à la fin de la pandémie. Beaucoup de consommateurs affirment vouloir reprendre les activités en personne. Bon nombre de répondants ont abandonné l’idée de faire des achats importants ou de participer à des activités récréatives ou sociales durant la pandémie. Certains prévoient maintenant renouer avec leurs projets quand celle-ci va s’estomper, et environ 10 % de l’ensemble des répondants comptent même en faire plus. Cela porte à croire que certains consommateurs veulent rattraper les achats qu’ils avaient annulés.

Cette demande refoulée serait probablement soutenue par les épargnes supplémentaires accumulées par certains consommateurs (plus de 40 % des répondants affirment avoir épargné plus qu’à l’habitude en raison de la pandémie). Environ les trois quarts des répondants qui ont accumulé des épargnes supplémentaires ont gardé leurs fonds facilement accessibles – c’est-à-dire sous forme d’argent liquide ou dans des comptes bancaires – en vue de faire des dépenses. Les répondants qui ont constitué des épargnes s’attendent notamment à en dépenser environ 35 % au cours des deux prochaines années (graphique 1‑A). Ils ont aussi l’intention d’en consacrer à peu près 10 % au remboursement de dettes, et 10 % au versement d’une mise de fonds pour l’achat d’une maison ou d’un appartement en copropriété. Les ménages à revenu moyen ou élevé comptent dépenser une plus grande part de leurs épargnes et en conserver beaucoup moins par précaution, probablement parce qu’ils ont une plus grande sécurité financière que les ménages à faible revenu.

Graphique 1-A : Les consommateurs devraient dépenser en moyenne plus du tiers de leurs épargnes supplémentaires au cours des deux prochaines années

Conserver mes épargnes par précautionDépenser en 2021-2022Utiliser mes épargnes pour rembourser mes dettesUtiliser mes épargnes comme mise de fonds
Moins de 40 000 $612775
De 40 000 $ à 100 000 $42341014
Plus de 100 000 $3938139

Les Canadiens s’attendent à augmenter leurs dépenses dans une large gamme de biens et services, en particulier dans les voyages et les activités récréatives et sociales (graphique 1‑B). Bien que les données laissent en grande partie entrevoir une forte hausse des dépenses à venir, certains groupes démographiques, comme les personnes âgées, restent prudents pour ce qui est des activités en personne. Cette observation concorde avec la perception selon laquelle le virus fait courir davantage de risques aux personnes de plus de 55 ans.

Graphique 1-B : La plus forte hausse des dépenses de consommation devrait être dans les services à forte proximité physique

2021T12021T2
Éducation2,60,5
Biens durables (voitures, électroménagers et ameublement)1,54,5
Épicerie7,86,6
Logement14,112,9
Santé et soins personnels13,113,0
Vêtements et chaussures9,913,7
Voyages et transport16,821,5
Restaurants, cinéma et activités sociales19,026,9

Parmi les répondants, 14 % planifient l’achat d’une maison ou d’un appartement en copropriété, ce qui cadre avec la forte demande des consommateurs et dépasse les 11 % du dernier trimestre. La part des gens qui cherchent à acheter est relativement plus grande chez les locataires (20 %) que chez les propriétaires (11 %). Les bas taux hypothécaires, l’épargne accrue et les changements de comportement induits par la pandémie continuent de nourrir la demande de logements. Les acheteurs recherchent des logements plus spacieux et des logements situés à l’extérieur des centres-villes. En phase avec la vigueur du marché de l’habitation, les attentes des consommateurs à l’égard de la hausse des prix des logements ont à nouveau augmenté (graphique 2). Cette progression depuis le début de la pandémie s’observe à l’échelle du Canada, le Québec enregistrant la plus forte hausse3.

Graphique 2 : Attentes relatives à la croissance des prix des logements

Les consommateurs anticipent une hausse temporaire de l’inflation

Les attentes d’inflation à court terme reflètent la récente montée de l’inflation, mais les consommateurs s’attendent à ce que cette hausse soit temporaire. Si les attentes d’inflation à l’horizon d’un an se sont accrues, les attentes à moyen terme n’ont pas été influencées par la récente augmentation de l’inflation, et les attentes à long terme ont reculé (graphique 3)4, 5, 6. La plupart des répondants s’attendent à ce que l’inflation se maintienne à l’intérieur (ou juste au-dessus) de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation visée par la Banque, qui va de 1 à 3 %. Les attentes d’inflation à moyen terme demeurent donc bien ancrées.

La hausse des attentes d’inflation à court terme cadre avec les attentes plus élevées à l’égard des prix des aliments, des prix de l’essence et des loyers pour le trimestre. Il s’agit là de dépenses courantes pour les répondants.

L’incertitude entourant les prévisions d’inflation a légèrement diminué durant le trimestre et se situe sous les niveaux élevés du début de la pandémie (graphique 4).

Graphique 3 : Attentes d’inflation

Graphique 4 : Attentes d’inflation : incertitude

Les consommateurs sont plus optimistes quant aux conditions sur le marché du travail

Dans l’ensemble, les attentes des consommateurs quant aux conditions sur le marché du travail se sont améliorées, mais restent plus faibles qu’avant la pandémie.

Les attentes des consommateurs en ce qui a trait à la probabilité de perdre leur emploi ont nettement baissé au deuxième trimestre de 2021, tandis qu’elles ont presque retrouvé leurs niveaux d’avant la pandémie en ce qui concerne la probabilité de trouver un nouvel emploi (graphique 5). Ces améliorations pourraient refléter une confiance accrue dans le marché du travail en raison de l’accélération des campagnes de vaccination et de la réouverture anticipée de l’économie. La probabilité de départ volontaire s’est en partie redressée par rapport aux bas niveaux observés au début de la pandémie, ce qui laisse entrevoir que certaines personnes pourraient être plus disposées à changer d’emploi quand la pandémie sera terminée.

Graphique 5 : Renouvellement de la main-d’œuvre

D’après les résultats de l’enquête, les ajustements sur le marché du travail pourraient prendre du temps pour certains travailleurs. Près de la moitié des répondants dont les heures travaillées ou le revenu de travail ont souffert de la pandémie ont indiqué qu’il était plus difficile de trouver un emploi dans leur domaine par rapport à il y a un an. Environ 40 % ne s’attendent pas à retrouver un horaire de travail normal de sitôt. La reprise de l’emploi devrait être inégale, les jeunes prévoyant un retour plus lent à un horaire normal, comparativement aux travailleurs dans la force de l’âge.

Les attentes des consommateurs à l’égard à la croissance des salaires restent modérées. Elles ont affiché une hausse modeste pendant le trimestre, tandis que les attentes d’inflation ont augmenté (graphique 6). Ce constat donne à penser que les attentes d’une inflation plus élevée ne se sont pas traduites par des attentes de salaires également plus élevés. Les perceptions à l’égard de la croissance des salaires au cours des 12 mois précédents sont montées à 1,7 %, ce qui concorde avec la moyenne historique de l’enquête.

Graphique 6 : Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des salaires restent modérées

La plupart des gens aimeraient télétravailler après la pandémie. Environ 80 % des répondants ayant télétravaillé récemment s’attendent à pouvoir continuer une fois la pandémie terminée. Cette situation cadre avec le changement des préférences en matière de logement en lien avec la pandémie et pourrait faire baisser la demande de locaux pour bureaux.

Les consommateurs font état de moins de reports de paiement liés à la pandémie

Tandis qu’environ les trois quarts des répondants font leurs remboursements à temps, environ 5 % disent avoir eu de la difficulté à y arriver et avoir demandé un report de paiement. La majeure partie (35 %), soit plus qu’au trimestre dernier, ont indiqué que leur demande de report n’avait pas de lien avec la pandémie. Le nombre de répondants qui n’arrivent pas à faire leurs paiements parce que leur ménage a subi des pertes de revenu en raison de la pandémie a atteint son plus bas niveau. De plus, la probabilité perçue d’un retard de paiement a continué de baisser par rapport à ce qu’elle était à l’éclosion du virus.

Les attentes relatives aux taux d’intérêt à l’horizon de deux ans ont augmenté au deuxième trimestre de 2021, mais restent inférieures aux niveaux d’avant la pandémie. Ces attentes qui sont plus basses depuis le printemps 2020 confortent les dépenses anticipées des ménages (graphique 7).

Graphique 7 : Attentes à l’égard des taux d’intérêt


  1. 1. L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille l’opinion des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. L’enquête du deuxième trimestre de 2021 a été menée du 4 au 14 mai 2021. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.[]
  2. 2. Dans un contexte de baisse des dépenses en activités récréatives et sociales, une partie des consommateurs — surtout dans la tranche des revenus élevés — déclarent épargner plus qu’à l’habitude.[]
  3. 3. Les répondants ont classé en ordre d’importance les facteurs derrière la forte croissance des prix des logements dans les 15 dernières années. L’offre de maisons et la croissance démographique se sont retrouvées aux premiers rangs, suivies des acheteurs étrangers et des conditions de crédit.[]
  4. 4. Nous nous concentrons sur la médiane des anticipations plutôt que sur leur moyenne pour éviter les asymétries pouvant être associées à des valeurs extrêmes. Pour des précisions sur le mode de calcul de la médiane des attentes d’inflation et d’autres données faisant l’objet du présent rapport, se reporter au document Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Vue d’ensemble.[]
  5. 5. Comme dans d’autres pays, au Canada, les anticipations d’inflation des ménages ont tendance à être un peu supérieures à l’inflation observée. Il est donc plus utile de s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux à des moments donnés. Pour des précisions à ce sujet, voir M.‑A. Gosselin et M. Khan (2015), « Une enquête sur les attentes des consommateurs pour le Canada », Revue de la Banque du Canada, automne, p. 15-26; et Center for Microeconomic Data (2021), Survey of Consumer Expectations, Banque fédérale de réserve de New York, mai.[]
  6. 6. Les attentes d’inflation peuvent varier selon les caractéristiques démographiques (âge, niveau de scolarité et revenu). C’est pour cela qu’il vaut mieux s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux à des moments donnés pour bien comprendre l’ensemble des pressions inflationnistes.[]

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