Le système financier canadien s’est montré résilient face à la pandémie de COVID-19 grâce à une gestion des risques solide et à des mesures de soutien budgétaires et monétaires sans précédent.
Dans la livraison de 2021 de la Revue du système financier, nous :
- soulevons les principaux facteurs susceptibles d’influer sur la stabilité financière au Canada;
- expliquons comment la Banque du Canada et d’autres pouvoirs publics aident à maintenir la résilience du système financier pendant que la reprise de l’économie se poursuit.
Les vulnérabilités touchant les ménages se sont intensifiées
Bon nombre de ménages ont accumulé de l’épargne et réduit leur dette de consommation au cours de la dernière année. Les signes de tensions financières, comme les faillites personnelles, sont faibles. Cela s’explique surtout par le soutien gouvernemental exceptionnel.
Malgré cette aide, l’endettement des ménages et la hausse rapide des prix des logements continuent de nous préoccuper :
- De nombreux ménages ont contracté un gros prêt hypothécaire par rapport à leur revenu. Ils disposent donc d’une moins grande marge de manœuvre pour faire face à des événements imprévus, comme une perte d’emploi.
- Dans l’ensemble, l’augmentation de la dette hypothécaire a plus que contrebalancé la baisse des dettes de consommation, comme celles associées aux cartes de crédit.
- Beaucoup de Canadiens passent plus de temps à leur domicile pour le travail et les loisirs et cherchent un logement plus spacieux. Mais, le nombre de logements à vendre est limité et les prix dans plusieurs marchés montent rapidement. De plus, certaines personnes achèteraient des logements maintenant parce qu’elles s’attendent à ce que les prix continuent à monter, ce qui est préoccupant.
- Si les prix des logements et le revenu des ménages venaient à diminuer en raison d’un choc économique, certains ménages devraient possiblement réduire leurs dépenses, ce qui ralentirait l’économie et pourrait exercer des tensions sur le système financier.
Accentuation des vulnérabilités : liquidité des marchés et changements climatiques
La demande potentielle de liquidités sur le marché des obligations progresse plus vite que ce que les banques peuvent fournir en période de fortes tensions.
Le secteur de la gestion d’actifs compte sur les liquidités pour gérer ses risques. Il croît plus rapidement que la capacité des banques à fournir des liquidités. Le système financier pourrait donc être vulnérable à une hausse soudaine de la demande de liquidités. Cette vulnérabilité n’est pas nouvelle, mais le risque qu’elle fait peser sur la stabilité du système financier a été mis en évidence par les tensions observées sur les marchés au printemps 2020, ce que certains ont appelé la « ruée vers les liquidités ».
Le prix des actifs exposés aux risques climatiques fait généralement l’objet d’une évaluation erronée. En conséquence, les investisseurs et les institutions financières risquent des pertes soudaines pouvant être causées par des phénomènes météorologiques violents et la transition vers une économie sobre en carbone.
Autres défis à l’horizon
Le système financier canadien est confronté à d’autres vulnérabilités qui devront être suivies de près :
- la viabilité de certaines entreprises quand les mesures de soutien des gouvernements prendront fin;
- le fait que certaines sociétés se financent continuellement au moyen de titres d’emprunt à rendement élevé – un type de financement sujet aux revirements de la confiance des investisseurs;
- la menace grandissante des cyberattaques;
- l’évolution rapide des marchés de cryptoactifs.
De plus, les conditions financières pourraient se durcir de façon considérable si un événement déclencheur provoquait une réévaluation mondiale du risque. Un tel événement pourrait comprendre :
- une aggravation ou un prolongement de la pandémie;
- le retrait plus rapide que prévu des mesures de soutien mises en place par les gouvernements;
- des tensions géopolitiques;
- une réévaluation des risques autour de l’inflation mondiale.
Le système financier canadien était en bonne posture au moment où cette crise a débuté, et il s’est avéré résilient. Cela tient à la fois à une saine gestion des risques de la part de tout un éventail de participants au système financier et au solide cadre de réglementation et de surveillance dont notre pays est doté. »
Tiff Macklem, gouverneur
Nous continuerons d’analyser les vulnérabilités du système financier et de communiquer avec les participants aux marchés, les pouvoirs publics et la population canadienne pour leur permettre de prendre des décisions éclairées.