Résultats de l’enquête du printemps 2021 | Vol. 18.1 | 12 avril 2021
Selon les résultats de l’enquête sur les perspectives des entreprises menée au printemps, la confiance des entreprises continue de s’améliorer. Les répondants ont fait état d’une baisse de l’incertitude liée à la pandémie de COVID‑19 ainsi que d’un raffermissement de la demande, laquelle se trouvait à de bas niveaux. Néanmoins, la reprise demeure inégale, les entreprises liées aux services à forte proximité physique étant aux prises avec des difficultés persistantes.
Vue d’ensemble
- Les entrevues menées de la mi-février au début de mars révèlent que la confiance des entreprises a continué de s’améliorer après une année difficile.
- Les perspectives de ventes au pays et à l’étranger se sont redressées par rapport aux faibles niveaux d’il y a un an, mais elles restent peu reluisantes pour les entreprises liées aux services à forte proximité physique.
- Beaucoup d’entreprises prévoient d’augmenter leurs dépenses d’investissement afin de répondre à la demande grandissante et de se doter des capacités de production supplémentaires dont elles ont besoin – en misant souvent sur la numérisation et l’automatisation. Les entreprises aux perspectives de ventes favorables sont les plus nombreuses à vouloir accroître leurs effectifs.
- Bon nombre d’entreprises faisant face à une forte demande ont signalé des contraintes de capacité; cependant, il subsiste une marge considérable de capacités excédentaires chez celles qui ont été le plus durement touchées par la pandémie.
- Les entreprises s’attendent à des pressions haussières sur la croissance des salaires, ainsi que sur celle des prix des produits qu’elles achètent (intrants) et qu’elles vendent (extrants). Les attentes d’inflation ont augmenté, mais elles restent en grande partie à l’intérieur de la fourchette de maîtrise de l’inflation de 1 à 3 % visée par la Banque du Canada.
La reprise continue de se généraliser, mais des faiblesses subsistent
L’indicateur de l’enquête a encore augmenté, signe que la confiance des entreprises continue de se raffermir (graphique 1). Cette confiance s’est d’ailleurs renforcée dans toutes les régions. Pour beaucoup de répondants, les effets de la pandémie sur leurs activités sont chose du passé. Les perspectives des entreprises quant à la demande intérieure et étrangère se sont améliorées par rapport aux faibles niveaux d’il y a un an, les répondants n’étant pour la plupart plus préoccupés par l’incertitude entourant la pandémie. Malgré cela, certaines entreprises liées aux services à forte proximité physique font toujours état d’une faible demande.
Graphique 1 : La confiance des entreprises continue de s’améliorer
La demande s’est raffermie, sauf pour les services à forte proximité physique
Près des deux tiers des entreprises ont indiqué que leurs ventes ont atteint ou dépassé les niveaux d’avant la pandémie, ce qui représente une augmentation par rapport à l’enquête de l’hiver et un signe que la reprise se généralise davantage (graphique 2). La moitié des répondants ont affirmé que la deuxième vague de restrictions et de confinements a eu moins d’effets défavorables – voire aucun – sur leurs ventes comparativement à la première vague. Ils attribuent cela principalement au fait qu’ils se sont adaptés, tout comme leurs clients, à la situation toujours changeante. Par exemple, les entreprises ont maintenant des capacités accrues leur permettant de vendre davantage en ligne, les employés sont bien installés pour le télétravail et y sont habitués, et des protocoles de nettoyage et de distanciation physiques sont en place.
Comme l’incertitude s’est atténuée et que les campagnes de vaccination se poursuivent, les indicateurs des ventes futures des entreprises se sont à nouveau renforcés (graphique 3). Pour beaucoup d’entreprises, la demande émanant de clients canadiens et étrangers – surtout américains – s’est raffermie par rapport à l’an dernier. De plus, ces perspectives sont soutenues par les faibles taux d’intérêt et un changement des préférences des consommateurs, qui se tournent vers des produits et services qui facilitent la vie à la maison et permettent de réduire les contacts avec les autres. Par exemple, les entreprises liées au secteur du logement et aux produits connexes (c’est-à-dire qui procurent des services de construction, des services financiers, des services immobiliers, des matériaux de construction, des appareils ménagers, de la nourriture, etc.) ont le plus souvent déclaré que leurs indicateurs des ventes sont en hausse par rapport aux forts niveaux auxquels ils s’établissaient déjà. Les fournisseurs de services aux entreprises constatent aussi un renforcement de la demande, qui découle parfois des changements opérationnels que les entreprises ont faits pendant la pandémie (comme l’adoption de nouvelles plateformes et applications numériques). Les entreprises exportatrices liées aux produits de base ont également noté un raffermissement de la demande, bien que ce soit par rapport à des niveaux modérés.
Néanmoins, les effets négatifs de la pandémie continuent de peser lourdement sur les perspectives de ventes d’un bon nombre d’entreprises. Le cinquième d’entre elles ne s’attendent pas à ce que leurs ventes retrouvent leurs niveaux d’avant la pandémie dans les douze prochains mois. La plupart sont liées aux services à forte proximité physique – notamment dans le secteur du tourisme ou dans le commerce de détail non essentiel. Certaines de ces entreprises ont affirmé que leurs perspectives de ventes se sont légèrement améliorées, bien que ce soit à la suite d’une période où la demande était extrêmement faible. Pour quelques-unes d’entre elles, les perspectives de ventes sont encore incertaines, puisque la trajectoire que prendra la pandémie reste floue.
Graphique 2 : Près des deux tiers des entreprises ont indiqué que leurs ventes ont atteint ou dépassé les niveaux d’avant la pandémie
2021T1 | 2020T4 | 2020T3 | |
---|---|---|---|
non touchées, plus élevées ou se sont redressées | 64 | 52 | 38 |
de 0 à 25 % inférieures | 25 | 25 | 38 |
de 25 à 50 % inférieures | 5 | 13 | 12 |
de 50 à 75 % inférieures | 2 | 6 | 6 |
de 75 à 100 % inférieures | 4 | 4 | 6 |
Graphique 3 : Les signes d’amélioration de la demande sont généralisés
Les contraintes liées à la main-d’œuvre qui existaient avant la pandémie commencent de nouveau à se faire sentir
La proportion d’entreprises qui auraient du mal à faire face à une hausse imprévue de la demande se situe près de la moyenne historique, plusieurs d’entre elles faisant état de sérieuses difficultés (graphique 4). Il semble donc que les pressions sur la capacité soient modérées. Les entreprises qui font face à une forte demande – en particulier dans le secteur du logement et des produits connexes – sont souvent celles qui indiquent des contraintes de capacité. Les obstacles les plus courants sont liés à la main-d’œuvre. De nombreuses entreprises ont déclaré avoir des difficultés à faire face à une hausse imprévue de la demande, soit parce qu’il est difficile de trouver de nouveaux employés aux niveaux de salaires actuels, soit parce qu’elles utilisent déjà pleinement leurs effectifs en ce moment. Ces contraintes sont souvent similaires à celles qui existaient avant la pandémie, et représentent des besoins criants en métiers spécialisés et en professionnels des technologies de l’information, ainsi qu’un manque de main-d’œuvre qualifiée dans les régions rurales ou éloignées. De nombreux répondants s’attendent à ce que ces contraintes perdurent. Les signalements de frictions au niveau des chaînes d’approvisionnement liées à la pandémie demeurent plus nombreux que d’habitude, mais ont diminué depuis l’enquête de l’hiver. Les entreprises liées aux services à forte proximité physique continuent de faire état de capacités excédentaires en raison de la faiblesse persistante de la demande.
Graphique 4 : Les pressions sur la capacité de production se trouvent à leur moyenne historique
Les entreprises comptent augmenter leurs dépenses d’investissement et leurs effectifs
Les intentions d’investir davantage en machines et matériel comparativement aux douze derniers mois sont répandues, en particulier parmi les entreprises qui n’ont pas souffert des effets de la pandémie ou dont les ventes se sont complètement redressées (graphique 5). La volonté d’accroître les investissements est motivée par des signes de bonne santé de la demande – tant intérieure qu’étrangère – et un besoin de capacités supplémentaires (graphique 6). Plusieurs entreprises s’attendent à ce que leurs investissements soient plus importants que pendant la période de faibles dépenses à ce chapitre qu’elles ont connue cette dernière année. Elles prévoient en outre de relancer des projets d’investissements qu’elles avaient dû reporter en raison de la pandémie. Les projets d’investissement des entreprises s’appuient aussi sur des objectifs stratégiques à long terme ou des investissements programmés (par exemple, les projets d’expansion, les stratégies en matière de technologies et l’entretien systématique). Peu de répondants ont indiqué que des contraintes financières freinaient leurs projets d’investissement.
Les entreprises qui envisagent de rehausser leurs investissements parce qu’elles atteignent les limites de leur capacité de production actuelle misent sur l’adoption de nouvelles technologies. C’est une évidence parmi celles qui connaissent une forte demande, notamment dans le secteur du logement et des produits connexes. Plusieurs d’entre elles ont signalé des contraintes liées à la main-d’œuvre, et leurs projets d’investissement reposent souvent sur des efforts d’automatisation visant à accroître la production de leur personnel actuel. D’autres entreprises prévoient d’augmenter leur capacité en investissant dans la numérisation pour favoriser les ventes en ligne et faciliter le télétravail. Par exemple, elles investissent dans des plateformes numériques destinées aux consommateurs (outils de commande en ligne, applications mobiles) ainsi que dans d’autres ressources informatiques (logiciels, serveurs, ordinateurs portables) qui rendent le travail à distance plus productif et qui permettent d’accéder à des bassins de main-d’œuvre éloignés.
Néanmoins, les perspectives d’investissement diffèrent encore quelque peu selon les entreprises. Celles qui ont été durement touchées par la pandémie continuent d’avoir des intentions d’investissement modérées. Elles expliquent que leurs flux de trésorerie ou leur bilan, combinés aux incertitudes entourant la pandémie, freinent leurs projets d’investissement. Certaines comptent relever légèrement leurs dépenses d’investissement, qui sont actuellement à un bas niveau, tandis que d’autres retardent encore les investissements qu’elles avaient déjà repoussés précédemment durant la pandémie. Quelques entreprises ont déclaré que les dépenses d’investissement qu’elles avaient prévues pour leurs locaux sont réduites maintenant que leurs employés travaillent à distance.
Graphique 5 : Les entreprises ont l’intention d’investir davantage
Graphique 6 : Les projets d’investissement des entreprises sont surtout motivés par la bonne santé de la demande et leur capacité de production actuellement limitée
Raisons des dépenses d’investissement projetées pour les douze mois à venir (pourcentage d’entreprises) | Facteurs contraignants | Facteurs facilitants |
---|---|---|
Stratégie à long terme ou investissements programmés | 5 | 59 |
Demande étrangère | 11 | 34 |
Demande intérieure | 6 | 27 |
Capacité actuelle | 2 | 24 |
Investissements de l’année précédente | 12 | 18 |
Flux de trésorerie ou bilan | 10 | 8 |
Incertitude | 8 | 1 |
Les perspectives des entreprises en matière d’emploi restent aussi inégales. Les trois-quarts ont déclaré que leurs effectifs n’ont pas subi de répercussions négatives de la pandémie ou qu’ils ont retrouvé leurs niveaux d’avant celle-ci. Les intentions d’embauche sont répandues parmi ces entreprises et souvent liées au fait qu’elles croient que leurs ventes vont augmenter (graphique 7). Dans le quart restant, plusieurs répondants ont déclaré que la Subvention salariale d’urgence du Canada leur a permis de mettre moins d’employés à pied ou de réembaucher rapidement. Mais un bon nombre d’entre eux ne s’attendent pas à ce que leurs effectifs retournent à leurs niveaux d’avant la pandémie au cours des douze prochains mois. Il s’agit surtout d’entreprises œuvrant dans les domaines du tourisme et du commerce de détail non essentiel. La faiblesse de leurs intentions d’embauche laisse penser que la reprise du marché du travail sera longue.
Graphique 7 : Beaucoup d’entreprises comptent augmenter leurs effectifs
Les attentes de pressions inflationnistes sont répandues
Plus de la moitié des entreprises s’attendent à ce que des pressions haussières s’exercent sur les prix de leurs intrants (graphique 8, barres rouges). De nombreux répondants prévoient maintenant que les prix des intrants liés à ceux des produits de base (comme le carburant, les matériaux de construction, les produits agricoles) seront la principale cause de la hausse de leurs coûts. Plusieurs répondants, mais moins qu’à l’enquête de l’hiver, s’attendent à ce que les frais d’expédition et de fret élevés demeurent une source de pression haussière. D’autres répondants estiment que leurs frais de sous-traitance subiront des pressions à la hausse. Les entreprises s’attendent maintenant à ce que leurs salaires augmentent plus rapidement. Pour certaines, ces hausses feront suite à une période de gel ou de faible progression des salaires vécue plus tôt au cours de la pandémie.
En raison du raffermissement de la demande et de leur volonté de rétablir leurs marges, les entreprises de la plupart des secteurs ont l’intention d’accroître leurs prix de vente à un rythme plus prononcé qu’au cours de l’année écoulée, pendant laquelle il a été souvent faible (graphique 8, barres bleues). De fait, de nombreux répondants estiment que les hausses de prix de leurs produits resteront modestes. Plusieurs entreprises comptent répercuter sur leurs clients l’augmentation de leurs coûts, en particulier ceux qui sont associés aux produits de base.
Graphique 8 : Les entreprises envisagent de hausser leurs prix de vente de manière plus importante
Les attentes d’inflation ont augmenté. Plus de la moitié des répondants croient qu’au cours des deux prochaines années, elle se situera dans la moitié supérieure de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation de la Banque du Canada, qui va de 1 à 3 % (graphique 9). Ils basent leur opinion sur le raffermissement de la demande, soutenu par les mesures de relance budgétaire et monétaire, et sur le rebond attendu des dépenses de consommation une fois que les restrictions seront assouplies et que la demande refoulée pourra être assouvie. Comme au cours des derniers trimestres, plusieurs entreprises n’ont pas répondu à la question, ce qui suggère une plus grande incertitude que d’habitude quant à leurs prévisions en matière d’inflation.
Graphique 9 : Plus de la moitié des entreprises prévoient que l’inflation se situera au-dessus de 2 %
Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de cette enquête ont été recueillies par téléphone et par vidéoconférence entre le 16 février et le 8 mars 2021. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.