Résultats de l’enquête du 1er trimestre | Vol. 2.1 | 12 avril 2021

L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille l’opinion des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. L’enquête du premier trimestre de 2021 a été menée entre le 15 février et le 4 mars 2021. Cette période coïncide avec l’annonce de retards temporaires dans l’administration des vaccins contre la COVID‑19 au Canada et avec la montée des risques associés aux nouveaux variants du virus. L’enquête a été conclue avant la plus récente vague d’infections et de confinements survenus dans les plus grandes provinces. À l’instar des trois enquêtes précédentes, celle du premier trimestre comprenait des questions sur l’incidence de la pandémie et sur les mesures prises pour la contenir. Dans l’enquête, les répondants devaient aussi indiquer quelles activités économiques et sociales ils comptaient faire quand la majorité des Canadiens auront été vaccinés (encadré 1). Comme au quatrième trimestre de 2020, des compléments d’information sont fournis selon des caractéristiques démographiques.

Vue d’ensemble

  • Si la COVID‑19 continue de préoccuper les Canadiens, ces derniers ont trouvé des façons de s’adapter aux restrictions, notamment en changeant leurs habitudes de consommation et en faisant du télétravail. La plupart des répondants ont l’intention de se faire vacciner, et certains ont déjà reçu leur première dose. Nous notons donc un regain d’optimisme, car, comparativement aux enquêtes précédentes, un plus grand nombre de répondants s’attendent à ce que la vie finisse par revenir à la normale. De plus, après la vaccination, les répondants comptent augmenter leurs dépenses en biens et services, surtout pour les activités récréatives et sociales (encadré 1). Néanmoins, une partie des répondants restent très prudents. Les personnes âgées, en particulier, ne sont pas sûres de vouloir reprendre leurs activités économiques et sociales, même quand elles – et la majorité des Canadiens – auront été vaccinées.
  • En général, l’inflation n’est pas devenue plus préoccupante pour les consommateurs canadiens, et la pandémie n’a pas radicalement changé leurs opinons sur cette dernière. Les attentes d’inflation à l’horizon d’un an ont diminué, ce qui vient plus qu’annuler l’augmentation observée dans les résultats de l’enquête du quatrième trimestre de 2020. La variation de ces attentes depuis le début de la pandémie peut s’expliquer par les fluctuations des prix des aliments. À plus long terme, les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans sont demeurées relativement stables, alors que celles qui concernent l’horizon de cinq ans se sont partiellement redressées par rapport à 2020.
  • Dans l’ensemble, les attentes des consommateurs relatives aux conditions sur le marché du travail se sont en partie rétablies, mais demeurent plus pessimistes qu’avant la pandémie, possiblement à cause de certaines restrictions qui sont toujours en place. Les attentes à l’égard de la croissance des salaires restent modestes. Les indicateurs du renouvellement de la main-d’œuvre continuent d’être plus bas qu’avant la pandémie : les taux relatifs à la probabilité de conserver un emploi ont peu changé et les taux relatifs à la probabilité de trouver un emploi se sont légèrement détériorés. Sur une note plus positive, les taux qui mesurent la probabilité de départ volontaire se sont accrus. Cette hausse du rythme attendu des changements d’emploi et des possibilités d’avancement pourrait favoriser des augmentations futures des salaires.
  • Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des dépenses ont atteint un sommet, tandis que leurs attentes à l’égard de la croissance du revenu de leur ménage n’ont pas changé. Cette progression anticipée des dépenses pourrait être attribuable à la demande refoulée de certains biens et services. L’écart entre ces deux catégories d’attentes, qui n’a jamais été aussi prononcé, porte à croire que les consommateurs pourraient devenir plus enclins à faire des achats après la pandémie, et pourraient dépenser une partie de l’épargne qu’ils ont accumulée.
  • Les attentes relatives à la croissance des prix des logements ont continué à monter à l’échelle du pays. Les résultats indiquent que la pandémie a stimulé la demande globale de logements et amène les acheteurs à préférer des logements plus spacieux et des logements situés à l’extérieur des centres-villes.

Inflation

Dans l’ensemble, l’inflation n’est pas devenue une préoccupation plus pressante pour les consommateurs canadiens, et la pandémie n’a pas radicalement changé leurs opinions sur l’inflation. Les consommateurs ont continué de percevoir que le niveau de l’inflation était à près de 2 %, alors que l’inflation réelle était faible.

Les attentes à court terme ont légèrement baissé, mais celles à long terme se sont accrues. Les attentes d’inflation à l’horizon d’un an ont diminué, ce qui vient plus qu’annuler l’augmentation observée au quatrième trimestre de 2020 (graphique 1)1, 2, 3. La dynamique des attentes à court terme des consommateurs depuis le début de la pandémie pourrait s’expliquer par les fluctuations des prix des aliments4. Malgré une certaine volatilité, la moyenne de toutes les attentes à court terme rapportées depuis le deuxième trimestre de 2020 est demeurée proche des niveaux enregistrés avant la pandémie. Les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans continuent de demeurer relativement stables et à proximité des niveaux observés au cours des deux dernières années. Les attentes à l’horizon de cinq ans, elles, se sont partiellement redressées par rapport à 2020 et se situent près de leurs niveaux d’avant la pandémie.

Les attentes d’inflation demeurent bien ancrées, tandis que l’incertitude entourant l’inflation a légèrement augmenté. La plupart des répondants s’attendent à ce que l’inflation se maintienne à l’intérieur (ou juste au-dessus) de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation de la Banque du Canada, qui va de 1 à 3 %. Cependant, l’incertitude des consommateurs quant à la justesse de leurs propres prévisions d’inflation s’est un peu accrue au premier trimestre de 2021. Elle est actuellement supérieure aux niveaux d’avant la pandémie, mais inférieure aux niveaux élevés constatés au début de la pandémie (graphique 2).

Graphique 1 : Attentes d’inflation



Graphique 2 : Attentes d’inflation : incertitude

Marché du travail

Dans l’ensemble, les attentes des consommateurs concernant les conditions sur le marché du travail ont regagné une partie du terrain perdu. Elles demeurent toutefois plus pessimistes qu’avant l’éclosion du virus, possiblement parce que certaines restrictions pourraient rester en place pour une période prolongée.

La reprise de l’emploi devrait être retardée et inégale. Les répondants s’attendent à revenir à leur horaire normal de travail dans environ huit mois, soit trois mois plus tard que ce qu’ils envisageaient au quatrième trimestre de 2020. Ce report s’expliquerait par l’effet des confinements et des retards pris dans les livraisons de vaccins en février 2021. La reprise de l’emploi devrait être inégale, les jeunes prévoyant un retour plus lent à un horaire normal, comparativement aux travailleurs dans la force de l’âge.

Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des salaires restent modestes. Elles ont peu évolué au cours du trimestre et demeurent en dessous des niveaux relevés avant la pandémie, à 1,9 %. Les perceptions à l’égard de la croissance des salaires au cours des douze mois précédents sont tombées à un creux record de 1 % (graphique 3).

Graphique 3 : Attentes à l’égard de la croissance des salaires

Les attentes quant à la probabilité de perte d’emploi ou à la probabilité de trouver un emploi restent plus modérées qu’avant la pandémie. Les attentes des consommateurs relatives à la probabilité de perdre leur emploi ont peu changé (graphique 4). Leurs attentes en ce qui concerne la probabilité de trouver un nouvel emploi, elles, se sont détériorées pour un deuxième trimestre consécutif. Cette baisse pourrait s’expliquer par la fermeture partielle de l’économie pendant la deuxième vague de la pandémie. La probabilité de départ volontaire a augmenté, même si elle demeure plus faible qu’avant la pandémie, ce qui laisse entrevoir que les préoccupations au sujet de la santé du marché du travail pourraient s’atténuer pour certaines personnes qui seraient plus susceptibles de changer d’emploi une fois la reprise amorcée. Si un niveau de confiance plus élevé se traduit par une hausse du taux de roulement sur le marché du travail, la qualité de l’appariement travailleur-emploi pourrait s’en trouver accrue, entraînant ainsi une augmentation de la productivité et de la croissance des salaires dans l’avenir.

Graphique 4 : Renouvellement de la main-d’œuvre

Situation financière des ménages, crédit et prix des logements

Les consommateurs s’attendent à un redressement de la croissance de leurs dépenses malgré l’aplatissement de la croissance de leur revenu (graphique 5). Cette hausse record des attentes à l’égard de la croissance des dépenses pourrait s’expliquer par la demande refoulée de certains biens et services et découler aussi du fait que les consommateurs envisagent avec plus d’assurance la fin de la pandémie (encadré 1). L’écart entre les attentes concernant la croissance des dépenses et celles relatives à la croissance du revenu est le plus prononcé depuis la toute première enquête. Les ménages pourraient donc être plus enclins à dépenser après la fin de la pandémie et être portés à dépenser une partie de l’épargne qu’ils ont accumulée. En fait, les consommateurs comptent dépenser dans les deux prochaines années plus du tiers des économies constituées durant la pandémie5. Les répondants s’attendent également à affecter environ 15 % de leur surplus d’épargne au paiement de leur dette.

Pour les taux d’intérêt, les attentes des consommateurs ont peu évolué, quel que soit l’horizon, et sont inférieures à celles que l’on enregistrait avant la pandémie. Ce recul est en lien avec les réductions du taux directeur de la Banque et ses indications prospectives. Il conforte également les projets de dépenses planifiés par les ménages (graphique 6).

La pandémie n’a pas notablement empêché les consommateurs de payer leurs dettes. Les opinions des consommateurs sur les conditions d’accès au crédit sont moins positives qu’avant la pandémie, ce qui est indicateur d’un durcissement des conditions d’octroi du crédit. Quoi qu’il en soit, la plupart des répondants ont déclaré pouvoir payer leurs dettes à temps. Seule une faible proportion (9 %) a demandé un report de paiement pour les prêts hypothécaires ou les crédits à la consommation. La vaste majorité de ces demandes de report — faites par précaution ou motivées par une baisse de revenu des ménages attribuable à la pandémie — ont été acceptées, soit totalement, soit partiellement.

En phase avec la vigueur du marché du logement, les attentes des consommateurs à l’égard de la hausse des prix des logements ont crû (graphique 7)6. Cette progression depuis l’éclosion de la COVID‑19 s’observe dans de nombreuses régions du pays, même si les attentes sont plus modérées en Alberta et en Saskatchewan. Les bas taux d’intérêt, l’épargne accrue et les changements de comportement induits par la pandémie continuent de nourrir la demande de logements. Les acheteurs tendent à privilégier les logements plus spacieux et à s’éloigner des centres-villes. En gros, 10 % des répondants (14 % des locataires et 9 % des propriétaires de logements) planifient ou envisagent l’achat d’une maison ou d’un appartement en copropriété.

Graphique 5 : Attentes relatives au revenu et aux dépenses des ménages


Graphique 6 : Attentes à l’égard des taux d’intérêt


Graphique 7 : Attentes relatives à la croissance des prix des logements

Encadré 1 : Les inquiétudes liées à la COVID‑19 persistent mais les répondants sont plus enclins à dépenser

À l’instar des enquêtes récentes, la première enquête de 2021 comportait des questions sur l’incidence de la pandémie de COVID‑19 et sur les mesures prises pour la freiner. L’enquête contenait aussi de nouvelles questions : les participants ont été interrogés sur ce qu’ils feront lorsque la majeure partie de la population aura été vaccinée.

Dans l’ensemble, les Canadiens sont restés prudents au premier trimestre de 2021 et leur point de vue sur les risques et les activités sécuritaires était semblable à celui qu’ils avaient lors de l’enquête précédente. Les répondants continuent de s’adapter à la pandémie ainsi qu’aux restrictions et mesures sanitaires en modifiant leurs habitudes de consommation et en télétravaillant. La plupart des répondants ont l’intention de se faire vacciner (75 %) ou ont déjà été vaccinés (5 %) contre la COVID‑19.

Les ménages s’attendent à ce que la reprise de l’économie soit lente et à ce que la menace de la COVID‑19 ne s’estompe pas avant le second semestre de 2021. Les femmes et les ménages à faible revenu sont plus nombreux que les hommes et les ménages à revenu élevé à penser que la reprise sera lente. Cette différence pourrait s’expliquer par les effets inégaux de la pandémie auprès de ces groupes. Une partie des répondants, notamment les personnes âgées, hésitent à reprendre leurs habitudes. Plus de 40 % des répondants de 55 ans et plus affirment qu’ils seront moins portés à prendre part à des activités économiques et sociales même après la vaccination d’une majorité de Canadiens (graphique 1‑A). Cette frilosité découle de la perception selon laquelle la COVID‑19 fait courir davantage de risques à ce groupe d’âge qu’aux plus jeunes. Les consommateurs croient que leurs dépenses reviendront à la normale dans environ un an.

Malgré les inquiétudes soulevées par la COVID‑19, la confiance des répondants au sujet de leurs dépenses a grandi. Les consommateurs s’attendent à augmenter leurs dépenses dans une large gamme de biens et services après la vaccination de la majeure partie de la population, en particulier en ce qui concerne les voyages et les activités récréatives et sociales (graphique 1‑B). Si un grand nombre de répondants ont abandonné l’idée de faire des achats importants ou de participer à des activités récréatives et sociales durant la pandémie, certains s’attendent cependant à renouer avec leurs projets après la pandémie, voire à en faire plus que ce qui était envisagé au départ. Chez les jeunes consommateurs, les signes d’une demande refoulée sont plus présents que parmi les autres groupes d’âge.

AgeReprendre les activités économiques et sociales comme avant la pandémiePrendre part à moins d’activités économiques et sociales qu’avant la pandémiePrendre part à plus d’activités économiques et sociales qu’avant la pandémie
18-24 ans46,1317,3536,51
25-54 ans47,7725,8326,39
55 ans et plus45,4342,9911,56


OptionSolde des opinions
Biens durables1,52
Épicerie7,77
Vêtements, soins de santé et soins personnels11,47
Hébergement14,1
Voyage, transport, restaurants, cinéma et activités sociales17,89

  1. 1. Nous nous concentrons sur la médiane des anticipations plutôt que sur leur moyenne pour éviter les asymétries pouvant être associées à des valeurs extrêmes. Pour des précisions sur le mode de calcul de la médiane des attentes d’inflation et d’autres données faisant l’objet du présent rapport, se reporter au document Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Vue d’ensemble.[]
  2. 2. Comme dans d’autres pays, au Canada, les anticipations d’inflation des ménages ont tendance à être un peu supérieures à l’inflation observée. Il est donc plus utile de s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux à des moments donnés. Pour des précisions à ce sujet, voir M.‑A. Gosselin et M. Khan (2015), « Une enquête sur les attentes des consommateurs pour le Canada », Revue de la Banque du Canada, automne, p. 15-26; et Center for Microeconomic Data (2020), Survey of Consumer Expectations, Banque fédérale de réserve de New York, février.[]
  3. 3. Les attentes d’inflation peuvent varier selon les caractéristiques démographiques (âge, niveau de scolarité et revenu). C’est pour cela qu’il vaut mieux s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux à des moments donnés pour bien comprendre l’ensemble des pressions inflationnistes.[]
  4. 4. Vu les ruptures d’approvisionnement causées par la pandémie (p. ex., fermetures d’abattoirs), l’accumulation de stocks et les intempéries, les prix ont connu des hausses marquées au deuxième trimestre de 2020. Ils ont ensuite fléchi graduellement.[]
  5. 5. Dans un contexte de baisse des dépenses et de réduction des activités récréatives et sociales, une partie des consommateurs — surtout dans la tranche des revenus élevés — déclare épargner davantage.[]
  6. 6. Parmi les facteurs qui contribuent à la montée des prix depuis 15 ans, l’offre de logements et la croissance démographique figurent aux premiers rangs pour les Canadiens. Viennent ensuite le rôle des acheteurs étrangers et l’influence des conditions du crédit.[]

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