Deux fois par an, la Banque du Canada effectue une enquête auprès d’experts en gestion des risques. Ces experts donnent leur avis sur les risques menaçant le système financier canadien dans leur domaine respectif, sur la résilience du système, ainsi que sur les tendances naissantes en matière de pratiques et de produits financiers. Les résultats permettent de comparer les avis et les travaux d’analyse de la Banque avec des opinions externes, en plus d’aider le personnel de l’institution à trouver de nouveaux sujets de recherche et d’analyse.

L’enquête de l’automne, menée entre le 8 et le 25 septembre 2020 auprès de 47 répondants, comportait, en plus des questions récurrentes, un nouvel ensemble de questions portant sur l’incidence de la pandémie et les mesures prises pour y faire face.

L’enquête du printemps a été annulée parce que sa tenue coïncidait avec le début de la pandémie de COVID‑19, en mars 2020, qui a provoqué de fortes tensions sur les marchés. C’est pourquoi toutes les références à « l’enquête précédente » concernent celle qui a été réalisée à l’automne 2019.

Pour en savoir plus sur les objectifs et la conception de l’enquête, voir la livraison de juin 2018 de la Revue du système financier.

Points saillants

  • Les répondants continuent d’avoir confiance dans la résilience du système financier, mais ils font état d’une augmentation du risque qu’un choc perturbe son fonctionnement.
  • À leurs yeux, la survenue d’un cyberincident et la hausse des défaillances dans le secteur des ménages et le secteur des sociétés sont les deux principaux risques, à la fois pour les entreprises prises séparément et pour le système financier canadien dans son ensemble.
  • Le commerce de détail, l’hébergement et les services de restauration, et l’immobilier sont les secteurs qu’ils ont indiqué être les plus exposés à un accroissement du risque d’insolvabilité dû à la pandémie de COVID‑19.
  • Les répondants ont également mentionné qu’ils avaient des difficultés à effectuer des opérations sur les marchés financiers et à obtenir du financement au début de la crise.
  • Ils ont, par ailleurs, salué les mesures prises par le gouvernement du Canada, la Banque du Canada et le Bureau du surintendant des institutions financières pour apporter un soutien essentiel au système financier compte tenu de la pandémie.

La confiance, les niveaux de risque et les mesures prises pour faire face à la pandémie

Parmi les répondants, 98 % sont convaincus que le système financier canadien restera résilient (graphique 1). La mise en place de mesures de soutien par le secteur public à cause de la pandémie est une raison qui a été fréquemment évoquée pour expliquer cette conviction. Les répondants ont une opinion positive à l’égard de l’ampleur de ces mesures et de la vitesse à laquelle elles ont été instaurées. Ils ont également classé les mesures prises par le secteur public en fonction de leur efficacité pour stabiliser le système financier (graphique 2).

Le pourcentage des répondants qui se disent sûrs de la résilience du système financier canadien est demeuré élevé, mais le pourcentage de ceux qui se disent très sûrs a baissé de 9 points par rapport à l’automne 2019 et s’établit à 40 %. De plus, la perception du risque —mesurée par la probabilité perçue que survienne un choc susceptible de perturber le fonctionnement du système financier — s’est accrue depuis l’enquête précédente (graphiques 3 et 4) :

  • Le pourcentage des répondants qui croient que le risque à court terme (sur une période de moins d’un an) a connu une hausse importante a enregistré une hausse de 40 points, alors que le pourcentage de ceux qui estiment que le risque est demeuré inchangé a chuté de 36 points par rapport à l’enquête de l’automne 2019.
  • Le pourcentage des répondants qui sont d’avis que le risque à moyen terme (période de 1 à 3 ans) a connu une hausse importante a affiché une hausse de 20 points, tandis que le pourcentage de ceux qui pensent que le risque est resté inchangé a reculé de 17 points.

Les justifications de cette hausse du risque tournaient essentiellement autour de deux grands thèmes :

  • L’économie et le système financier sont plus fragiles en raison de la pandémie.
  • Le secteur public a peut-être maintenant moins de ressources pour continuer à intervenir.

Graphique 1 : Confiance dans la capacité du système financier de résister dans l’éventualité d’un événement grave

Graphique 1 : Confiance dans la capacité du système financier de résister dans l’éventualité d’un événement grave

Pourcentage de répondants

Nota : L’indice de confiance est établi à partir des pondérations suivantes : absolument sûr : 2 points; trèssûr: 1 point; plutôt sûr: 0 point; pas très sûr : -1 point; pas du tout sûr : -2 points.
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Graphique 2 : Classement de l'efficacité des mesures prises pour faire face à la pandémie

Graphique 2 : Classement de l'efficacité des mesures prises pour faire face à la pandémie

Pourcentage de répondants

Nota : Classement des mesures selon un indice pondéré (premier choix : 3 points; deuxième choix : 2 points; troisième choix : 1 point).
* Tous les achats effectués par la Banque du Canada, à l’exception des obligations du gouvernement du Canada, des bons de Trésor et des acceptations bancaires.
† BSIF : Bureau du surintendant des institutions financières
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Graphique 3 : Risque à court terme que survienne un choc susceptible de perturber le fonctionnement du système financier

Graphique 3 : Risque à court terme que survienne un choc susceptible de perturber le fonctionnement du système financier

Pourcentage de répondants

Nota : L’indice de risque est établi à partir des pondérations suivantes : hausse importante : 2 points; légère hausse : 1 point; niveau inchangé : 0 point; légère baisse : -1 point; baisse importante : -2 points.
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Graphique 4 : Risque à moyen terme que survienne un choc susceptible de perturber le fonctionnement du système financier

Graphique 4 : Risque à moyen terme que survienne un choc susceptible de perturber le fonctionnement du système financier

Pourcentage de répondants

Nota : L’indice de risque est établi à partir des pondérations suivantes : hausse importante : 2 points; légère hausse : 1 point; niveau inchangé : 0 point; légère baisse : -1 point; Baisse importante : -2 points.
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Les risques les plus importants

Les répondants à l’enquête devaient indiquer les trois risques qui, à leur avis, auraient les retombées les plus négatives sur le fonctionnement du système financier canadien en cas de matérialisation (graphique 5). Ils devaient faire de même pour les trois risques qui auraient l’incidence la plus grande sur les activités de leur organisation (graphique 6). Dans le cadre d’une évaluation systémique des risques, il est important de connaître ceux qui pèsent sur les activités d’une organisation. En effet, le système financier canadien étant fortement interconnecté, toute perturbation ou difficulté au sein d’une organisation peut se propager rapidement aux autres.

Voici les trois risques pour le système financier les plus fréquemment cités dans l’enquête de l’automne 2020 :

  • un cyberincident;
  • une hausse des défaillances dans le secteur des ménages et le secteur des sociétés;
  • une détérioration des perspectives de l’économie mondiale.

En outre, 26 % des répondants ont mentionné la pandémie sans toutefois la relier à un autre risque.

La perturbation du commerce international ou les différends commerciaux est le risque qui a enregistré la plus forte baisse depuis l’enquête précédente, passant de 29 à 6 %.

Graphique 5 : Principaux risques pour le système financier

Graphique 5 : Principaux risques pour le système financier

Pourcentage de répondants

Nota : Les répondants devaient énumérer les trois principaux risques par ordre d’importance. Le graphique regroupe tous les classements pour chaque type de risque.
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Voici les trois risques qui ont été cités le plus souvent dans le cas des activités des organisations :

  • un cyberincident;
  • une hausse des défaillances dans le secteur des ménages et le secteur des sociétés;
  • les risques entourant un contexte de bas taux d’intérêt.

Par ailleurs, dans l’enquête de cette année, une part beaucoup plus importante des répondants ont cité la perturbation de l’infrastructure informatique comme un des principaux risques (21 %). Le nouvel environnement de travail à domicile a été mentionné souvent comme le principal facteur motivant cette réponse.

Graphique 6 : Principaux risques pour votre organisation

Graphique 6 : Principaux risques pour votre organisation

Pourcentage de répondants

Nota : Les répondants devaient énumérer les trois principaux risques par ordre d’importance. Le graphique regroupe tous les classements pour chaque type de risque.
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Les répondants devaient également énumérer par ordre d’importance les trois scénarios associés à la pandémie de COVID‑19 qui, selon eux, présentaient le plus grand risque pour le système financier (graphique 7).

Graphique 7 : Scénarios présentant le plus grand risque pour le système financier

Graphique 7 : Scénarios présentant le plus grand risque pour le système financier

Pourcentage de répondants

Nota : Classementdes scénarios selon un indice pondéré (premier choix : 3 points; deuxième choix : 2 points; troisième choix : 1 point).
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Les répondants ont jugé que les trois scénarios suivants présentaient le plus grand risque :

  • une période prolongée de chômage élevé1;
  • une reprise lente des dépenses des consommateurs et des entreprises;
  • une recrudescence des cas de COVID‑19 entraînant de nouveau une fermeture de l’économie canadienne.

Opinions sur la hausse du risque d’insolvabilité

Parmi les répondants, 64 % ont déclaré être au moins quelque peu préoccupés par la possibilité qu’une hausse du risque d’insolvabilité perturbe gravement le secteur financier canadien (graphique 8). Les fonds de pension et les gestionnaires d’actifs (15 répondants) sont ceux qui ont manifesté la plus grande préoccupation à cet égard :

  • 67 % des fonds de pension se disent très ou assez préoccupés;
  • Ils sont 56 % des gestionnaires d’actifs dans ce cas.

Graphique 8 : Préoccupations à l’égard des effets qu’une hausse du risque d’insolvabilité pourrait avoir sur le secteur financier

Graphique 8 : Préoccupations à l’égard des effets qu’une hausse du risque d’insolvabilité pourrait avoir sur le secteur financier

Pourcentage de répondants

Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Les répondants ont estimé que le commerce de détail, l’hébergement et les services de restauration ainsi que l’immobilier étaient les secteurs les plus exposés à une hausse du risque d’insolvabilité causée par la pandémie (graphique 9).

Graphique 9 : Les secteurs les plus exposés à une hausse du risque d’insolvabilité

Graphique 9 : Les secteurs les plus exposés à une hausse du risque d’insolvabilité

Pourcentage de répondants

Nota : Classement des secteurs selon un indice pondéré (premier choix : 3 points; deuxième choix : 2 points; troisième choix : 1 point).
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Les conditions des marchés au début de la pandémie ont affecté les participants à l’enquête

Les répondants ont indiqué qu’au début de la pandémie, ils ont éprouvé de grandes difficultés à effectuer des opérations sur de nombreux marchés financiers, notamment sur ceux des obligations de sociétés canadiennes et des produits titrisés (graphique 10). Les fonds de pension et les gestionnaires d’actifs sont ceux qui disent avoir eu le plus de difficultés :

  • Pour les fonds de pension, ces difficultés se sont concentrées dans les marchés monétaires canadiens et dans le marché des produits titrisés, 67 % ayant fait état de difficultés majeures dans le premier cas, et 50 % dans le second.
  • Du côté des gestionnaires d’actifs, c’est sur le marché des obligations de sociétés canadiennes et sur celui des obligations provinciales que les difficultés ont été les plus importantes, 67 % ayant fait état de difficultés majeures dans le premier cas, et 56 % dans le second.

Graphique 10 : Difficultés à effectuer des opérations sur les marchés financiers

Graphique 10 : Difficultés à effectuer des opérations sur les marchés financiers

Pourcentage de répondants actifs

Nota : Classement des marchés selon un indice pondéré (difficultés majeures : 2 points; difficultés mineures : 1 point).
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

Les répondants ont déclaré avoir éprouvé au début de la pandémie des difficultés à obtenir du financement ou à reconduire leur financement existant. C’est sur le marché du papier commercial qu’ils ont eu le plus de mal à se procurer du financement (graphique 11). Les banques (12 répondants) et les fonds de pension ont signalé avoir eu les plus grandes difficultés :

  • Les banques ont été surtout touchées par les difficultés qu’elles ont éprouvées pour se financer en recourant à des obligations et à d’autres formes de financement non garanti à court terme, 38 % ayant fait état de répercussions importantes dans le premier cas, et 30 % dans le second.
  • Les fonds de pension ont été surtout affectés par les difficultés qu’ils ont rencontrées pour se financer sur le marché du papier commercial, 75 % ayant signalé des répercussions importantes à cet égard.

Graphique 11 : Répercussions sur les marchés de financement

Graphique 11 : Répercussions sur les marchés de financement

Pourcentage de répondants actifs

Nota : Classement des marchés de financement selon un indice pondéré (répercussions importantes : 2 points; répercussions modérées : 1 point). Les autres typesde financement non garanti à court terme comprennent notamment les billets de dépôt bancaire et les certificats de dépôt. Parmi les autres formes de financement garanti à court terme figurent les opérations de pension, le papier commercial adossé à des actifs et les prêts de titres accompagnés de garanties en liquidités.
Source : Enquête de la Banque du Canada sur le système financier – Automne 2020

  1. 1. Le plus grand risque, une période prolongée de croissance économique négative et de chômage élevé, avait été vu comme un risque important pour le système financier dans des livraisons antérieures de la Revue du système financier.[]

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