Understanding Trend Inflation Through the Lens of the Goods and Services Sectors

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La politique monétaire cherche dans une large mesure à agir sur la part de l’inflation qui est durable ou permanente, laquelle est souvent qualifiée d’« inflation tendancielle ». Il suffit d’ouvrir n’importe quel rapport sur la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine pour constater que cette banque centrale se focalise non seulement sur l’inflation globale, mais aussi sur des mesures de l’inflation dite « sous-jacente » ou « fondamentale » qui excluent les composantes les plus volatiles comme l’alimentation et l’énergie. Cette stratégie repose sur l’idée que les fluctuations des prix des aliments et de l’énergie ne sont en définitive que temporaires et que les considérations de politique monétaire concernant la trajectoire à long terme de l’inflation devraient en faire abstraction. Les notions d’inflation tendancielle et d’inflation fondamentale sont donc étroitement liées, puisque l’une et l’autre permettent d’obtenir une lecture de l’inflation qui n’est pas entachée du « bruit » censé s’estomper à court terme.

Or, les prix dans les secteurs des biens et des services – les deux grands secteurs sur lesquels repose la mesure de l’inflation – ont évolué selon des dynamiques très différentes au cours des 30 dernières années. Dans cette étude, nous avons cherché à comprendre comment des évolutions sectorielles aussi contrastées se répercutent sur la dynamique de l’inflation tendancielle globale. Nous élaborons à cette fin un cadre empirique qui prend en compte les variations de la volatilité de l’inflation tendancielle dans les secteurs des biens et des services aux États-Unis et les covariations entre ces inflations tendancielles sectorielles au fil du temps.

La principale conclusion de notre étude est que si les deux secteurs contribuaient auparavant à la variation totale de l’inflation tendancielle globale, depuis les années 1990, les variations de cette mesure sont presque entièrement attribuables au secteur des services. Ce résultat tient à deux changements intervenus dans la dynamique de l’inflation particulière à chaque secteur : premièrement une baisse marquée de la variance de l’inflation tendancielle dans le secteur des biens et, deuxièmement, la disparition de la covariation entre les deux secteurs. Nous arrivons à des conclusions similaires quand nous étendons notre analyse aux cas de l’Australie et du Canada, ce qui donne à penser que le phénomène n’est pas propre aux États-Unis.

DOI : https://doi.org/10.34989/swp-2020-45