Résultats de l’enquête du 3e trimestre | Vol. 1.3 | 19 octobre 2020
L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille les opinions des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. L’enquête du troisième trimestre de 2020 a été réalisée entre le 17 août et le 1er septembre 2020. Les cas déclarés de COVID‑19 ont augmenté depuis dans certaines provinces. L’enquête comprenait des questions introduites au trimestre précédent sur l’incidence de la COVID‑19 et sur les mesures prises pour contenir sa propagation, ainsi que de nouvelles questions à propos des effets de la pandémie sur l’épargne des ménages (encadré 1).
Vue d’ensemble
- Les réponses aux questions posées sur la COVID‑19 indiquent que les Canadiens restent prudents, mais qu’ils sont plus disposés à participer à des activités économiques qu’au deuxième trimestre. Les consommateurs croient que la reprise générale sera lente. Et les attentes relatives à l’évolution de l’emploi varient considérablement selon les groupes démographiques.
- Les indicateurs du renouvellement de la main-d’œuvre, du revenu et des dépenses se sont légèrement améliorés après leur chute au deuxième trimestre de 2020. Cette amélioration concorde avec la réouverture de l’économie.
- Les attentes d’inflation à l’horizon d’un an ont diminué, ce qui annule l’augmentation observée au trimestre précédent. Ce renversement des attentes à court terme tient peut-être aux attentes plus modérées à l’égard de la croissance des prix des aliments, puisque les opinions des ménages sur la progression des prix des aliments influencent leurs opinions sur l’inflation globale. À plus long terme, les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans sont demeurées relativement stables, et celles à l’horizon de cinq ans ont quelque peu augmenté.
- Dans l’ensemble, les attentes des consommateurs quant aux conditions sur le marché du travail se sont améliorées, mais restent inférieures à ce qu’elles étaient avant l’éclosion de COVID‑19. Les attentes à l’égard de la croissance des salaires, elles, restent en dessous du niveau observé avant la pandémie. Certains répondants ont maintenant davantage confiance dans leurs perspectives d’emploi : la probabilité de perte d’emploi dont ils ont fait état a baissé par rapport au sommet atteint au deuxième trimestre, et ils ont également indiqué avoir de meilleures chances de trouver un nouvel emploi s’ils devaient perdre le leur.
- Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance du revenu et de la croissance des dépenses de leur ménage se sont légèrement accrues au troisième trimestre de 2020. L’écart entre les deux demeure relativement faible, puisque les attentes concernant la croissance des dépenses n’ont pas dépassé les attentes en matière de croissance du revenu aussi largement que par le passé. Ces résultats tendent à indiquer que les consommateurs restent prudents.
- Parallèlement au rebond observé sur le marché du logement, les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des prix des logements se sont redressées après la baisse enregistrée au deuxième trimestre. Ce redressement est visible dans l’ensemble des provinces.
- Certains répondants ont déclaré épargner plus que d’habitude depuis l’éclosion de COVID‑19 et prévoient de conserver la majeure partie de cette épargne par mesure de précaution. Ils comptent aussi dépenser avant tout dans des produits et services essentiels et moins dans des services fournis en personne (encadré 1).
Inflation
Les attentes d’inflation des consommateurs à l’horizon d’un an ont diminué, ce qui annule l’augmentation observée au deuxième trimestre et ramène les attentes à leur niveau d’avant la pandémie (graphique 1)1, 2, 3. Cette diminution des attentes à court terme s’explique peut-être par une modération des attentes à l’égard de la croissance des prix des aliments au troisième trimestre de 2020. Les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans et les perceptions de l’inflation relatives aux douze mois précédents sont demeurées relativement stables et près du niveau observé au cours de la dernière année. Les attentes à l’horizon de cinq ans, elles, ont légèrement augmenté après la baisse enregistrée au trimestre précédent. La majorité des répondants s’attendent à ce que l’inflation se maintienne à l’intérieur ou juste au-dessus de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation, qui va de 1 à 3 % (graphique 2). Toutefois, leur incertitude quant aux prévisions d’inflation reste élevée, ce qui révèle une grande incertitude à l’égard des perspectives économiques.
Graphique 1 : Attentes d’inflation
Graphique 2 : Distribution des attentes d’inflation
Marché du travail
Dans l’ensemble, les attentes des consommateurs relatives aux conditions sur le marché du travail demeurent plus pessimistes qu’avant l’éclosion de COVID‑19. Leurs attentes quant à la croissance de leur salaire au cours de l’année suivante restent en dessous du niveau observé avant la pandémie, à 1,9 %, tandis que leurs perceptions à l’égard de la croissance des salaires au cours des douze mois précédents ont atteint un creux record de 1,1 % (graphique 3).
Les attentes relatives à l’emploi varient considérablement selon les groupes d’âge. À titre d’exemple, les répondants âgés entre 18 et 24 ans s’attendent à une normalisation de leur horaire de travail plus tardive que les 25-55 ans4. Si ces attentes sont exactes, les jeunes travailleurs pourraient subir des revers économiques plus persistants (perte d’une expérience professionnelle) en raison de leur retrait prolongé de la population active.
Par contre, les attentes concernant la probabilité de conserver un emploi ou d’en trouver un nouveau se sont quelque peu améliorées, ce qui concorde avec la forte reprise de l’emploi survenue depuis la réouverture de l’économie en mai et en juin (graphique 4). Malgré une légère amélioration, la probabilité de départ volontaire dont ont fait état les répondants reste beaucoup plus faible qu’avant l’éclosion de COVID‑19, ce qui semble indiquer que la santé du marché du travail continue d’être un sujet de forte préoccupation. Si cette situation se traduit par une diminution du taux de roulement, la qualité de l’appariement travailleur-emploi pourrait s’en trouver réduite, entraînant ainsi une baisse de la croissance future de la productivité et des salaires.
Graphique 3 : Attentes à l’égard de la croissance des salaires
Graphique 4 : Roulement de la main-d’œuvre
Situation financière des ménages, crédit et prix des logements
Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance du revenu et de la croissance des dépenses de leur ménage ont quelque peu augmenté (graphique 5) mais sont demeurées modérées. L’écart entre les deux est relativement plus ténu qu’auparavant, ce qui semble indiquer dans l’ensemble que les consommateurs demeurent prudents.
Les attentes des consommateurs à l’égard des taux d’intérêt sont restées beaucoup plus basses qu’avant la pandémie, en accord avec les annonces de la Banque sur son taux directeur (graphique 6). Les perceptions des consommateurs sur l’accès au crédit n’ont pas changé depuis le dernier trimestre et demeurent à des niveaux historiquement faibles, ce qui témoigne d’un resserrement des conditions du crédit depuis le début de la pandémie. Pour autant, la plupart des répondants ont indiqué pouvoir payer leurs dettes à temps.
En phase avec le rebond enregistré sur le marché du logement, les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des prix des logements se sont redressées depuis le trimestre passé (graphique 7). Ce redressement s’est observé dans toutes les provinces, bien que les attentes en Alberta soient demeurées près de zéro. Les répondants qui projettent d’acheter une maison ou un appartement en copropriété ont fait état d’une légère modification de leur préférence : ils portent ainsi un intérêt accru pour des endroits moins fréquentés et plus éloignés.
Graphique 5 : Attentes relatives au revenu et aux dépenses des ménages
Graphique 6 : Attentes à l’égard des taux d’intérêt
Graphique 7 : Attentes relatives à la croissance des prix des logements
Encadré 1 : Encore prudents, les consommateurs comptent conserver de l’épargne de précaution
Comme au deuxième trimestre, l’enquête du troisième trimestre comprenait des questions sur l’incidence de la pandémie de COVID‑19 et sur les mesures prises pour la contenir. Cette fois, l’enquête contenait également des questions à propos des effets de la pandémie sur l’épargne des ménages.
Dans l’ensemble, les consommateurs demeurent prudents mais sont plus enclins à participer à des activités économiques qu’au deuxième trimestre. Les répondants continuent à estimer que les risques que pose le virus pour la santé sont élevés ou modérés. Leurs perceptions à l’égard des risques qu’il pose pour l’économie se sont légèrement améliorées. Malgré tout, la plupart des répondants s’attendent à une reprise lente.
La pandémie teinte encore le comportement actuel des ménages et leur vision de l’avenir. L’incidence de la pandémie sur les habitudes de consommation persiste, les répondants indiquant qu’ils achètent moins souvent en magasin mais plus fréquemment en ligne. Un plus grand nombre de répondants qu’au trimestre passé signalent avoir annulé ou retardé des achats importants.
Dans un contexte de baisse des dépenses et de réduction des activités récréatives et sociales, une partie des consommateurs, surtout dans la tranche des revenus élevés, déclare épargner davantage (graphique 1-A). Les ménages aux bas revenus sont plus susceptibles que les autres ménages de conserver leur surplus d’épargne par mesure de précaution. Du reste, l’épargne de précaution est répandue dans toutes les tranches de revenus (graphique 1-B). Seule une petite proportion des répondants indique envisager de dépenser une part du surplus de revenus épargnés dans l’achat d’articles non essentiels ou plus discrétionnaires (meubles, piscines, etc.).
Bon nombre de répondants s’attendent à ce que leur situation professionnelle revienne à la normale plus rapidement que leurs dépenses. Cette perception donne à penser que la demande des consommateurs aura tendance à se redresser plus lentement que ne le fera le marché du travail, ce qui laisse présager qu’il persistera des capacités excédentaires au sein de l’économie.
Option | Moins de 40 000 $ | De 40 000 $ à 99 999 $ | 100 000 $ et plus |
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Je conserverai la plus grande partie de ces épargnes par précaution | 59.06 | 47.22 | 47.12 |
Je conserverai une partie de ces épargnes par précaution et j'en dépenserai une partie ou rembourserai une partie de mes dettes | 33.21 | 44.18 | 44.96 |
Je dépenserai la plus grande partie de ces épargnes en 2021 et 2022 | 7.73 | 8.59 | 7.91 |
Notes
- 1. Nous nous concentrons sur la médiane des anticipations plutôt que sur leur moyenne pour éviter les asymétries pouvant être associées à des valeurs extrêmes. Pour des précisions sur le mode de calcul de la médiane des attentes d’inflation et d’autres données faisant l’objet du présent rapport, se reporter au document Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Vue d’ensemble.[←]
- 2. Comme dans d’autres pays, au Canada, les anticipations d’inflation des ménages ont tendance à être un peu supérieures à l’inflation observée. Il est donc plus utile de s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux. Pour des précisions à ce sujet, voir M.‑A. Gosselin et M. Khan (2015), « Une enquête sur les attentes des consommateurs pour le Canada », Revue de la Banque du Canada, automne, p. 15-26; et Center for Microeconomic Data (2020), Survey of Consumer Expectations, Banque fédérale de réserve de New York, octobre.[←]
- 3. Les attentes d’inflation peuvent varier selon les caractéristiques démographiques (âge, niveau de scolarité et revenu). C’est une raison de plus de s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux pour bien comprendre l’ensemble des pressions inflationnistes.[←]
- 4. Au total, 40 % des répondants âgés entre 18 et 24 ans s’attendent à une normalisation de leur horaire de travail dans 9 mois ou plus. Ce taux est deux fois plus élevé que celui des 25-55 ans.[←]