Notre réaction à la COVID-19 : Achat massif d’actifs
La Banque du Canada a pris toute sorte de mesures pour aider les Canadiens depuis le début de la pandémie de COVID-19. Parmi ces interventions, on compte l’achat massif d’actifs, c’est-à-dire l’acquisition à grande échelle d’obligations et d’autres actifs financiers de l’État. Cette opération vise un double objectif : permettre aux principaux marchés financiers de fonctionner adéquatement, et faciliter l’augmentation des dépenses au sein de l’économie. Ultimement, il s’agit de favoriser l’emploi et une croissance économique accrue.
Notre réaction à la COVID-19 : Achat massif d’actifs
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Examinons pourquoi nous faisons ce genre d’interventions et comment elles se déroulent.
Maintenir le bon fonctionnement des marchés
Pour se remettre des contrecoups de la pandémie, l’économie canadienne doit pouvoir compter sur un système financier qui marche bien. En effet, notre économie dépend du crédit. Lorsque le système financier fonctionne bien, les ménages et les entreprises ont accès à du crédit. Par exemple, les consommateurs peuvent obtenir un prêt hypothécaire pour s’acheter une maison ou utiliser une marge de crédit pour financer les traitements orthodontiques de leur enfant. Et les entreprises ont parfois besoin de fonds pour prendre de l’expansion et créer des emplois; alors, elles peuvent emprunter auprès d’investisseurs par l’intermédiaire des marchés financiers.
Quand la pandémie a frappé, l’activité dans de nombreux marchés financiers s’est presque complètement arrêtée. Peu d’investisseurs voulaient acquérir des actifs; la plupart souhaitaient plutôt les vendre pour avoir plus de liquidités. Pour réagir à cette situation, la Banque a lancé divers programmes pour permettre à ces marchés de fonctionner plus normalement. Nous avons commencé à acheter des Obligations hypothécaires du Canada, du papier commercial, des acceptations bancaires, des obligations de sociétés ainsi que des titres du gouvernement fédéral et des provinces. Ces achats ont contribué à rétablir l’activité sur les marchés, ce qui a aidé à maintenir l’accès au crédit pour les entreprises et les ménages canadiens.
Le Programme d’achat d’obligations du gouvernement du Canada est particulièrement important. C’est que les prix sur le marché des obligations du gouvernement du Canada contribuent à établir les prix dans presque tous les autres marchés du crédit. Ce marché doit bien se porter pour que les autres marchés du crédit fonctionnent bien à leur tour. Et lorsque ce marché tourne bien, les Canadiens peuvent profiter de notre très faible taux directeur. »
Paul Beaudry, sous-gouverneur
Comment les achats d’actifs favorisent aussi les dépenses
Maintenant que les marchés financiers ont retrouvé leur allant, nos achats d’actifs peuvent, associés à un taux directeur extrêmement bas, favoriser les dépenses et les investissements. L’objectif est de faire en sorte que la demande des ménages et des entreprises soit suffisante pour correspondre à la capacité de production de l’économie. Lorsque les dépenses sont assez élevées, l’économie tourne à plein régime, ce qui permet d’atteindre le plein emploi et de maintenir l’inflation près de sa cible.
Voici comment ça fonctionne. Quand la Banque du Canada achète des obligations, le prix des obligations augmente et leur rendement diminue. La baisse de rendement réduit le coût de l’accès au crédit. Et ceci encourage les ménages et les entreprises à emprunter pour dépenser et investir. Ces achats d’obligations du gouvernement du Canada, c’est ce qu’on appelle l’« assouplissement quantitatif ».
L’assouplissement quantitatif peut favoriser les dépenses et les investissements des ménages et des entreprises de diverses façons. Par exemple, si nos achats d’actifs réduisaient le rendement des obligations d’État à cinq ans, les taux des prêts hypothécaires à taux fixe de cinq ans baisseraient aussi. Il deviendrait ainsi plus abordable d’emprunter pour acheter un logement.
L’assouplissement quantitatif stimule l’économie d’autres façons également. En effet, il peut inciter les banques à proposer des prêts aux ménages et aux entreprises, car nos achats d’actifs procurent plus de liquidités aux banques et leur permettent donc de prêter à un plus large éventail d’emprunteurs.
Par ailleurs, l’assouplissement quantitatif envoie le signal que nous comptons maintenir le taux directeur à un bas niveau sur le long terme, tant que l’inflation restera sous contrôle. C’est une approche que nous employons une fois que nous avons déjà réduit au minimum le taux directeur. Si, d’une part, l’économie a besoin de mesures d’assouplissement quantitatif, elle a également besoin d’un taux directeur aussi bas que possible, d’autre part. En offrant aux investisseurs la certitude que notre cible pour le taux d’intérêt à un jour demeurera bas, l’assouplissement quantitatif peut aider à réduire les coûts d’emprunt à long terme pour les entreprises et les ménages.
La Banque achète aussi des obligations de sociétés. Ces opérations d’achat peuvent soutenir l’économie en faisant baisser pour les entreprises les coûts associés aux investissements et à la création d’emplois. En général, les sociétés payent un taux d’intérêt plus élevé que les gouvernements pour emprunter. Nos achats peuvent atténuer l’écart entre les taux d’intérêt payés par les entreprises et par l’État lorsqu’ils émettent des obligations. Il devient alors plus facile pour les entreprises d’emprunter pour être en mesure d’investir dans l’embauche ou dans l’expansion de leur activité. C’est ce qu’on appelle habituellement l’« assouplissement direct du crédit ».
Tant pour l’assouplissement quantitatif que pour l’assouplissement direct du crédit, nous achetons des actifs auprès des institutions financières et non auprès des entreprises et des gouvernements.
Payer au moyen de soldes de règlement
Comment payons-nous ces actifs? Selon la croyance populaire, nous imprimons tout simplement de l’argent. Mais ce n’est vraiment pas le cas. Nous réglons ces achats à l’aide de soldes de règlement. Concrètement, les soldes de règlement sont comme des prêts que nous font les institutions financières. Lorsque nous achetons des actifs, nous empruntons des fonds aux institutions financières et créditons les dépôts de soldes de règlement dans les comptes qu’elles détiennent auprès de la Banque du Canada. Comme c’est peut-être le cas pour vos dépôts à votre banque, les soldes de règlement produisent des intérêts. Actuellement, nous versons un taux d’intérêt de 0,25 % sur les soldes de règlement, soit le même taux que le taux directeur.
Pourquoi les institutions financières voudraient-elles nous vendre des actifs en échange d’un dépôt? Les soldes de règlement sont utiles pour les institutions financières, car :
- ils sont entièrement sûrs;
- ils apportent un revenu, vu qu’ils produisent des intérêts;
- ils peuvent servir à régler des transactions avec d’autres institutions financières à la fin de la journée.
Pour acheter des actifs, nous procédons à une sorte de mise aux enchères. Nous achetons les actifs de l’institution financière qui proposent le plus bas prix de vente.
Enfin, lorsque la crise sera passée et que nous n’aurons plus besoin de ces actifs, nous pourrons les revendre aux institutions financières. Cette opération de revente réduira leurs dépôts de soldes de règlement. Ou alors, nous pourrons garder les actifs jusqu’à leur échéance, puis utiliser les revenus produits pour réduire les soldes de règlement.
Achat d’actifs et inflation
Comme toutes nos autres mesures, l’achat d’actifs est guidé par la nécessité d’atteindre notre cible d’inflation de 2 %. Le maintien d’une inflation faible, stable et prévisible est la mission première de la Banque du Canada. N’oubliez pas, le but de ces achats est de stimuler la demande et les dépenses. En effet, lorsque la demande et les dépenses correspondent à la capacité de production de l’économie, nous pouvons maintenir l’inflation près de la cible de 2 %.
Par contre, si nous constatons que les dépenses grimpent trop vite et que l’inflation risque de s’accélérer, nous pouvons intervenir pour la maintenir sous contrôle. Par exemple, nous pourrions augmenter le taux directeur afin de ralentir l’activité économique et freiner l’inflation. Ou alors nous pourrions cesser d’acheter des actifs et inverser le processus. »
Paul Beaudry, sous-gouverneur
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