L’indice des prix à la consommation (IPC) suit l’évolution des dépenses du ménage canadien moyen au fil du temps. La Banque du Canada s’en sert pour établir sa cible d’inflation.

Un panier virtuel

On ne peut évidemment pas suivre les dépenses individuelles de tout le monde au pays, mais il est possible de se faire une idée des habitudes de consommation du ménage moyen. Pour y arriver, Statistique Canada remplit un panier virtuel d’environ 700 biens et services courants. Puis, chaque mois, l’organisme calcule le coût total de ce panier et note les variations de prix par rapport au mois précédent. Ce panier regroupe diverses catégories d’articles :

  • Alimentation – épicerie et repas au restaurant
  • Logement – loyer et coûts hypothécaires, assurance habitation, réparations et entretien, impôt foncier et services publics
  • Transports – véhicules, essence, assurance auto, réparations et entretien et transport collectif
  • Dépenses ménagères – téléphone, Internet, services de garde et produits de nettoyage
  • Meubles et électroménagers
  • Habillement – vêtements, chaussures, bijoux et nettoyage à sec
  • Soins de santé et soins personnels – médicaments sur ordonnance, soins dentaires, soins de la vue, coiffeur et produits de soins personnels
  • Sports, voyages, formation et loisirs
  • Alcool, produits du tabac et cannabis récréatif

Statistique Canada accorde à chaque article du panier un certain « poids » selon le montant que le ménage moyen y consacre. Par exemple, comme la plupart des Canadiens dépensent plus en épicerie et en loyer qu’en visites chez le coiffeur, l’alimentation et le logement ont un poids plus important dans l’IPC que les soins personnels. Ainsi, plus un article a de poids, plus il a d’impact sur le coût de la vie du ménage moyen.

L’IPC ne tient pas compte de tous les prix et ne reflète pas toujours la réalité de tous les Canadiens. Par exemple, les coûts de logement englobent l’impôt foncier et l’assurance habitation, mais pas le prix d’achat des maisons. C’est parce que les propriétés sont considérées comme un actif, et non comme un bien ou un service. Cette distinction peut faire énormément varier le coût de la vie d’une région à l’autre.

Un indice très utile

L’IPC est une mesure simple et bien connue de la variation des prix, c’est-à-dire de l’inflation. Les employeurs l’utilisent pour indexer les salaires sur le coût de la vie. Quant aux gouvernements, ils s’en servent pour ajuster les impôts sur le revenu et les prestations sociales comme celles du Régime de pensions du Canada et de la Sécurité de la vieillesse.

La meilleure chose que la Banque peut faire pour assurer le bien-être des Canadiens, c’est de maintenir l’inflation mesurée par l’IPC à un niveau bas et stable, soit autour de 2 % par année. Cette cible est la même depuis le début des années 1990.

Une mesure de l’inflation

Pour mesurer l’inflation, on regarde le pourcentage de variation de l’IPC.

  • Pour obtenir le taux de variation sur 12 mois, on compare l’IPC d’un mois donné avec celui du même mois de l’année précédente, par exemple l’IPC de mars 2020 avec celui de mars 2019.
  • Pour obtenir la moyenne annuelle, on fait la moyenne de l’IPC de janvier à décembre pour une année donnée.

Statistique Canada mesure l’évolution des prix en fonction du panier de biens et services d’une année de base. Il donne à ce panier la valeur de 100 $. Par exemple, le panier qui coûtait 100 $ en 2002 coûterait à peu près 140 $ en 2020. Cette différence d’environ 40 $ est due à l’inflation.

Un outil imparfait

L’IPC a beau être l’indicateur de l’évolution des prix le plus utilisé, il n’est pas parfait. Les choses qu’on achète et la façon dont on se les procure évoluent. Ça devient alors compliqué d’évaluer comment les prix changent au fil du temps. C’est pourquoi l’IPC ne donne pas un portrait tout à fait exact de l’inflation. Par exemple, il peut donner l’impression que le coût de la vie moyen monte plus vite qu’en réalité. Ça s’explique de plusieurs façons :

  • L’effet de substitution : Les gens changent leurs habitudes de consommation quand les prix montent ou descendent. Ils peuvent par exemple acheter plus de poulet et moins de bœuf pour économiser. Cependant, le poids de ces aliments dans le panier de l’IPC ne change pas nécessairement.
  • Les nouveaux produits : Statistique Canada met à jour le panier de l’IPC tous les deux ans pour qu’il reflète les changements dans les habitudes de consommation des Canadiens. Donc, quand un nouveau produit ou service arrive sur le marché, il n’est pas pris en compte avant la prochaine mise à jour.
  • Le progrès : Les avancées technologiques rapides ont tendance à faire baisser le prix de produits comme les ordinateurs et les appareils électroniques. Par exemple, un ordinateur bien rudimentaire coûtait des milliers de dollars en 1985, alors qu’aujourd’hui on peut trouver un ordinateur beaucoup plus performant pour quelques centaines de dollars.
  • Les détaillants en ligne : Les consommateurs achètent de plus en plus en ligne, car les prix sont souvent plus bas que dans les magasins ayant pignon sur rue. Si l’effet de ce changement n’est pas bien mesuré, l’IPC pourrait surestimer le coût de la vie.

L’effet de glissement annuel

L’inflation mesurée par l’IPC est calculée en comparant le prix du panier de l’IPC du mois courant avec le prix d’il y a 12 mois, qui constitue la base de comparaison. Ainsi, quand le prix des articles dans le panier change beaucoup, cette mesure devient volatile. Autrement dit, elle inverse sa trajectoire d’une année à l’autre. Ce revirement est ce qu’on appelle l’effet de glissement annuel.

Examinons cet effet de plus près. Prenons comme exemple la chute des prix de l’essence de mars 2020, au début de la pandémie de COVID-19 :

  • Au cours des 12 mois suivants, la baisse des prix de l’essence a fait diminuer l’inflation mesurée par l’IPC étant donné que l’essence coûtait moins cher qu’un an auparavant.
  • En mars 2021, l’essence moins chère a cessé d’avoir un effet sur l’inflation, car les prix de l’essence de mars 2020 sont devenus la nouvelle base de comparaison. L’inflation a donc augmenté.

Durant la pandémie, les prix d’autres biens et services (comme ceux des vêtements et des nuitées à l’hôtel) ont aussi chuté de façon marquée, en raison soit d’un accès limité par les mesures de confinement, soit d’un ralentissement de la demande dû aux inquiétudes liées à la COVID-19. C’est pourquoi :

  • Pendant le reste de l’année 2020, l’inflation a été plus faible qu’elle ne l’aurait été autrement.
  • Un an plus tard, l’inflation a augmenté parce que les prix plus bas de l’année précédente sont devenus la nouvelle base de comparaison.
Pour en savoir plus sur l’incidence de la pandémie de COVID-19 sur l’inflation mesurée par l’IPC et les effets de glissement annuel, consultez le site Web de Statistique Canada : Indice des prix à la consommation, avril 2021

Vous pourriez aussi aimer

Garder l’inflation à 2 %

Dans son premier discours en tant que sous-gouverneur, Rhys Mendes explique pourquoi les taux d’intérêt plus élevés étaient nécessaires pour ramener l’inflation à la cible de 2 %, et pourquoi on veut qu’elle y reste.
26 novembre 2024

Prise d’une décision de politique monétaire

Nicolas Vincent, sous-gouverneur externe à la Banque du Canada, lève le voile sur la façon dont le Conseil de direction arrive à ses décisions de politique monétaire, et les explique.
19 septembre 2024
Aller à la page

Sur cette page
Table des matières