Trading for Bailouts

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En période de forte incertitude, les gouvernements interviennent souvent en adoptant des mesures telles que le renflouement des institutions financières. Pour utiliser efficacement les ressources publiques et éviter des répercussions majeures sur le reste de l’économie, les décideurs tentent d’établir quelles institutions devraient recevoir de l’aide. L’activité sur les marchés boursiers est une importante source d’information : généralement, des cours élevés indiquent qu’on s’attend à des profits considérables, et des cours bas qu’on prévoit un mauvais rendement. À partir de ces renseignements, les décideurs peuvent déduire comment les participants aux marchés perçoivent la santé financière des sociétés cotées en bourse et déterminer si elles ont besoin d’aide. Cependant, cette façon de procéder comporte un obstacle potentiel : l’intervention de l’État peut présenter un intérêt particulier pour certains participants (p. ex., les créanciers et les actionnaires importants). Il est donc possible que les cours sur les marchés financiers ne reflètent pas uniquement l’information existante sur la santé financière des entreprises, mais aussi l’intérêt que pourraient avoir les spéculateurs à influencer les décisions des gouvernements.

Nous étudions en quoi la présence d’opérateurs qui pourraient bénéficier d’une intervention de l’État influe sur la valeur informative des cours, de même que sur l’incidence et l’efficience des renflouements. Nous proposons un modèle théorique dans lequel un décideur convient de fournir de l’aide à une institution financière. Il tente de recueillir de l’information sur la situation financière de l’entreprise à partir du cours de ses actions. Nous montrons dans quelles circonstances, et dans quelle mesure, le décideur peut accroître l’efficacité des interventions en se fiant à l’information recueillie sur les marchés boursiers.

D’après nos résultats, la présence de gros opérateurs qui ont beaucoup à gagner de l’intervention de l’État réduit la valeur informative des cours des actions. Les décisions de renflouement sont donc moins efficientes. Nous montrons également qu’on coût plus élevé de mise en œuvre des renflouements peut en fait accroître le bon fonctionnement des marchés. Si le décideur est plus réticent à intervenir, les spéculateurs seront moins portés à faire des opérations stratégiques pour influencer les décisions. Les gains du point de vue de la valeur informative des marchés peuvent ainsi largement compenser les coûts de mise en œuvre plus élevés. La valeur informative des marchés est également plus grande si les renflouements sont graduels.

DOI : https://doi.org/10.34989/swp-2020-23