Notre approche axée sur la gestion des risques nous aidera à faire face à l’inconnu, selon le gouverneur Poloz
L’approche de gestion des risques qu’utilise la Banque du Canada pour mener la politique monétaire orientera ses actions, alors que l’économie fait face à l’incertitude extrême engendrée par la pandémie de COVID-19, a expliqué le gouverneur Stephen S. Poloz aujourd’hui.
Invité par l’Université de l’Alberta à prononcer la 23e conférence commémorative Eric J. Hanson, le gouverneur a parlé des changements apportés au fil des ans au processus décisionnel de la Banque pour mieux gérer l’incertitude.
M. Poloz a fait valoir que la gestion des risques enseignera à la Banque des leçons cruciales à mesure que l’économie se remettra du choc de la pandémie. Il a ensuite souligné que « les événements de cette année mettront à rude épreuve les capacités d’élaboration de politiques de toutes les parties concernées. Nous nous retrouvons devant l’inconnu, et il nous faudra être souples et novateurs ».
Le gouverneur a expliqué qu’il est primordial de comprendre et de gérer les risques pour que le ciblage de l’inflation fonctionne, car la politique monétaire est toujours soumise à un degré d’incertitude et l’économie présente bien des zones d’ombre. Il a précisé qu’adopter une approche de gestion des risques « ne signifie pas de rejeter l’utilisation des modèles pour prendre des décisions. Elle consiste essentiellement à repérer les risques et les incertitudes les plus importants pesant sur les perspectives. Nous analysons la probabilité que les risques se concrétisent, envisageons les scénarios possibles liés aux incertitudes et réfléchissons aux conséquences éventuelles d’une erreur de politique. Nous choisissons ensuite une stratégie qui permet de soupeser ces risques et incertitudes afin de les gérer le mieux possible. »
Une telle approche implique l’utilisation de multiples modèles économiques et de données qualitatives, comme celles d’enquêtes, pour arriver à des décisions. Elle a aussi poussé la Banque à améliorer ses communications pour aider les gens à comprendre ses actions et le raisonnement derrière chacune. M. Poloz a ajouté qu’il fallait « présenter notre évaluation des événements et des enjeux qui influent sur nos décisions tout en faisant preuve de franchise quant à la grande incertitude inhérente à la formulation de la politique monétaire ».
Le gouverneur a fait remarquer que les risques associés aux vulnérabilités financières avaient été particulièrement importants pendant son mandat. Il a rappelé que « la cible d’inflation reste notre but premier, le grand objectif de notre politique monétaire. Par contre, notre cadre de politique nous donne du jeu quant au temps qu’il faut pour ramener l’inflation à sa cible, ce qui nous laisse prendre des décisions stratégiques pour éviter d’accentuer involontairement les préoccupations liées à la stabilité financière. »
Lorsque la pandémie a frappé, la Banque a pris des mesures fermes pour soutenir le système financier. Comme l’a mentionné le gouverneur : « Jusqu’à présent, l’approche adoptée semble avoir fonctionné. Les marchés financiers affichent une bonne tenue ». La Banque devait également abaisser le taux directeur à la valeur plancher pour stimuler l’économie de manière à soutenir l’emploi et la croissance (et à ramener l’inflation à la cible) après le déconfinement.
M. Poloz a aussi fait valoir que les risques à la baisse pour l’inflation et la possibilité d’une déflation étaient des préoccupations plus importantes que la probabilité que les taux d’intérêt plus bas aggravent les vulnérabilités financières. « Au début de la pandémie, les risques à la baisse étaient selon nous tellement élevés qu’aucun arbitrage pertinent ne pouvait être envisagé par les autorités monétaires », a-t-il précisé.
Pour conclure, il a mis en évidence la façon dont les économistes et les décideurs tirent des leçons de leurs expériences : « Cette aptitude à sans cesse apprendre sera absolument essentielle en cette période d’inconnu. Je suis fermement convaincu que le Canada renouera avec la prospérité, non seulement parce que les bases de notre économie sont solides, mais aussi parce que nos efforts et notre ingéniosité seront au rendez-vous, comme d’habitude. »