Deux fois par an, la Banque effectue une enquête auprès d’experts en gestion des risques. Ces experts donnent leur avis sur les risques menaçant le système financier canadien, sur la résilience du système, ainsi que sur les tendances naissantes en matière de pratiques et de produits financiers. Les résultats permettent de comparer les avis et les travaux d’analyse de la Banque avec des opinions externes, en plus d’aider le personnel de l’institution à trouver de nouveaux sujets de recherche et d’analyse.

La plus récente enquête sur le système financier, menée entre le 24 septembre et le 11 octobre 2019 et à laquelle ont participé 47 répondants, comportait un nouvel ensemble de questions portant sur les changements climatiques. Les points saillants sont présentés ci après, de même que certaines comparaisons avec les enquêtes précédentes.

Points saillants

  • Le risque global perçu a augmenté au cours des six derniers mois, prolongeant ainsi la tendance à la hausse observée depuis les dernières enquêtes. Selon les répondants, une détérioration des perspectives de l’économie mondiale, la matérialisation d’un cyberincident et le risque géopolitique sont les principaux risques pesant sur le système financier canadien. Par ailleurs, la confiance dans la résilience du système financier canadien demeure élevée.
  • Les répondants nous ont indiqué quels effets les risques physiques et les risques liés à la transition découlant des changements climatiques auraient sur leur organisation au cours des dix prochaines années. Même si les réponses différaient quelque peu selon le type de répondants (banques, fonds de pension, etc.), ils ont estimé que l’effet le plus important serait, du côté des risques physiques, une diminution de la valeur de leurs actifs et, pour les risques liés à la transition, une atteinte à la réputation de leur organisation. D’après les répondants, ce sont les problèmes de mesure et l’incertitude (p. ex., vitesse à laquelle les changements climatiques s’opèrent et évolution des politiques) qui entravent le plus l’évaluation des répercussions des changements climatiques sur les activités de leur organisation.

Risque global perçu et confiance

En tout, 63 % des répondants estiment que la probabilité qu’un événement susceptible de perturber gravement le fonctionnement du système financier se produise à moyen terme (dans un délai d’un à trois ans) a augmenté soit légèrement, soit sensiblement (graphique 1). Il s’agit d’une nouvelle hausse du risque perçu par rapport aux résultats de l’enquête du printemps 2019, qui révélait que 40 % des répondants jugeaient que les risques s’étaient légèrement ou sensiblement accrus.

Graphique 1: Deux répondants sur trois ont déclaré que la probabilité que survienne un événement grave a augmenté

Néanmoins, tous les répondants sont certains que le système financier canadien pourrait résister dans l’éventualité d’un événement grave (graphique 2).

Graphique 2 : Les répondants continuent d'avoir confiance en la résilience du système financier canadien

Les risques les plus importants

Les répondants à l’enquête étaient appelés à indiquer les trois risques qui, à leur avis, auraient les retombées les plus négatives sur le fonctionnement du système financier canadien en cas de matérialisation (graphique 3). Ils devaient faire de même pour les trois risques qui auraient l’incidence la plus grande sur les activités de leur organisation (graphique 4). Lors de l’évaluation des risques systémiques, il est important de tenir compte des risques pouvant avoir un effet sur les activités d’une organisation. En effet, le système financier canadien étant fortement interconnecté, toute perturbation ou difficulté au sein d’une organisation peut se propager rapidement aux autres.

Voici les trois risques pour le système financier qui sont les plus fréquemment désignés dans l’enquête de l’automne 2019 :

  • une détérioration des perspectives de l’économie mondiale;
  • les cyberincidents;
  • la matérialisation d’un risque géopolitique.

Les répondants ont nommé ces risques dans une proportion égale.

Une perturbation du commerce international ou les différends commerciaux, ainsi qu’une réduction de la liquidité de marché, ont été plus souvent cités dans cette enquête que dans celle du printemps. Par ailleurs, moins d’organisations ont mentionné les chutes de prix dans l’immobilier résidentiel ou commercial.

Graphique 3 : Une détérioration des perspectives de l’économie mondiale, les cyberincidents et les risques géopolitiques sont les risques jugés les plus importants pour le système financier canadien

Les trois principaux risques pour les activités d’une organisation sont les mêmes que ceux cités lors de l’enquête du printemps 2019 :

  1. cyberincident (ce risque inquiète surtout les banques, les coopératives de crédit et les institutions financières n’acceptant pas de dépôts);
  2. détérioration des perspectives de l’économie mondiale (mentionnée le plus souvent par les banques et les fonds de pension);
  3. réduction de la liquidité de marché (évoquée majoritairement par les fonds de pension et les gestionnaires d’actifs).

Certaines organisations ont souligné un nouveau risque : la croissance des placements et des créances privés parmi les formes de financement.

Graphique 4 : Une détérioration des perspectives de l'économie mondiale et les cyberincidents sont des risques jugés importants pour les activités des organisations

Conséquences des changements climatiques

Lors des enquêtes précédentes, certaines organisations ont évoqué les risques posés par les changements climatiques, dont elles avaient commencé alors récemment à suivre l’évolution. L’enquête de l’automne 2019 comprenait donc un ensemble de questions qui visaient à estimer l’évaluation que font les répondants des effets de ces risques sur les activités de leur organisation.

Les répondants ont cité différents effets qu’auraient les risques physiques et les risques liés à la transition sur leur organisation au cours des dix prochaines années.

  • L’effet principal des risques physiques serait une baisse de la valeur des actifs (p. ex. à travers des dommages matériels). En tout, 67 % des répondants ont indiqué considérer cet effet comme « important » ou « très important » (graphique 5). Cela est particulièrement le cas pour les organisations qui détiennent des actifs à long terme, comme les fonds de pension.
  • L’effet le plus important des risques liés à la transition serait une atteinte à la réputation (p. ex., perception négative ou stigmatisation de la part des parties prenantes). Au total, 80 % des répondants ont qualifié cet effet d’« important » ou de « très important » (graphique 6). Les banques et les gestionnaires d’actifs sont les plus préoccupés par le risque d’atteinte à leur réputation lié aux changements climatiques.

Graphique 5 : Les répondants estiment que l’effet le plus important des risques physiques serait une diminution de la valeur des actifs

Graphique 6 : Les répondants croient que le principal effet des risques liés à la transition serait une atteinte à leur réputation

Les enjeux liés aux paramètres et aux cibles (p. ex., disponibilité des données, classification) et l’incertitude (p. ex., vitesse à laquelle les changements climatiques s’opèrent ou évolution des politiques) sont vus comme les difficultés les plus importantes pour déterminer l’incidence des changements climatiques sur les activités d’une organisation (graphique 7).

Graphique 7 : Selon les répondants, l'incertitude de même que les paramètres et cibles sont les difficultés les plus importantes pour déterminer l'incidence des changements climatiques sur les activités de leur organisation

Dans le cadre de l’enquête, les répondants devaient préciser jusqu’à quel degré ils diffusaient actuellement des informations financières relatives aux changements climatiques. Ces informations recouvrent la communication de renseignements à des organismes gouvernementaux ou à des organismes de réglementation, ainsi que la publication d’informations dans des rapports publics, des enquêtes, des sites Web et les réseaux sociaux.

  • Environ 60 % des répondants ont indiqué qu’ils diffusent largement ou partiellement des informations concernant leur gouvernance (p. ex., politiques internes sur les occasions et les risques liés au climat) et leur stratégie (p. ex., évaluation des incidences réelles et potentielles des occasions et des risques liés au climat sur les activités de leur organisation) (graphique 8).
  • Seulement 35 % des répondants ont affirmé diffuser dans des proportions similaires des informations concernant leurs paramètres et leurs cibles (p. ex., principes de mesure utilisés pour évaluer et gérer les occasions et les risques liés au climat). Les répondants ont à maintes reprises mentionné que le manque de classification commune représente un défi pour la communication d’informations.
  • En tout, 40 % des répondants ont indiqué qu’ils comptent diffuser, dans un avenir rapproché, davantage d’informations quant à tous les éléments sur lesquels ils ont été interrogés.

Graphique 8 : En tout, 60 % des répondants diffusent largement ou partiellement des informations sur leur gouvernance et leur stratégie liées aux changements climatiques

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