Résultats de l’enquête du printemps 2019 | Vol. 16.1 | 15 avril 2019
Les résultats de l’enquête du printemps donnent à penser qu’après avoir atteint un niveau élevé, la demande intérieure et la demande étrangère s’atténueront pour les entreprises dans la plupart des régions. Les intentions d’investissement et d’embauche demeurent positives.
Vue d’ensemble
- Les attentes des entreprises quant à la croissance des ventes restent positives mais se sont modérées, plusieurs entreprises se montrant moins optimistes à l’égard de l’évolution de la demande. La situation est principalement attribuable à des perspectives plus incertaines dans le secteur énergétique de l’Ouest canadien, à la faiblesse persistante de l’activité liée au marché de l’habitation dans certaines régions et aux effets tangibles des tensions entourant les échanges mondiaux (encadré 1). Les perspectives de ventes demeurent fermes au Québec.
- Les intentions d’investissement et d’embauche restent bonnes à l’extérieur des Prairies. Les entreprises du secteur des services qui font face à une demande soutenue sont les plus nombreuses à envisager d’accroître leurs investissements et leurs effectifs.
- Le pourcentage de répondants qui déclarent subir des pressions sur leur capacité de production est descendu à un niveau bas : un certain nombre d’entreprises font état de récents ajouts de capital et d’effectifs, alors que d’autres évoquent une modération de la demande. Les indicateurs de pénuries de main-d’œuvre s’inscrivent aussi en baisse.
- Les entreprises prévoient que la croissance des prix des intrants et des extrants se stabilisera sous l’effet de la concurrence persistante, de la montée des prix des produits de base et de l’atténuation de la pression causée par les hausses de coûts liées aux droits de douane. Les attentes d’inflation ont baissé, mais demeurent concentrées dans la fourchette de maîtrise de l’inflation de 1 à 3 % visée par la Banque du Canada.
- Les conditions du crédit se sont un peu assouplies au cours des trois derniers mois.
- L’indicateur de l’enquête, qui était très positif lors de l’enquête de l’hiver, est désormais légèrement négatif, signe d’un possible fléchissement de la confiance des entreprises.
Activité économique
L’indicateur de la croissance passée des ventes est descendu près de zéro (graphique 1), ce qui porte à croire que le rythme d’expansion des ventes a un peu ralenti lors des 12 derniers mois, après une année de forte progression. Cette situation témoigne aussi d’une récente modération de la demande chez les entreprises présentes dans les secteurs de l’énergie et du logement, lesquelles prévoient que leurs ventes resteront faibles ou se dégraderont davantage. La proportion de répondants qui font état d’une amélioration des indicateurs des ventes futures (p. ex., carnets de commandes et demandes de renseignements) par rapport à il y a un an a encore diminué (graphique 2, ligne rouge). Néanmoins, pour les 12 prochains mois, les répondants s’attendent à ce que les ventes croissent à un rythme un peu plus rapide (graphique 2, barres bleues), comme l’indique le solde des opinions légèrement positif. La plupart des entreprises du secteur des services expriment encore un point de vue favorable sur la croissance des ventes. C’est particulièrement le cas dans les domaines des technologies de l’information et des transports, ainsi que dans le centre du Canada.
Graphique 1 : Croissance passée des ventes
Graphique 2 : Croissance future des ventes
Les perspectives de ventes à l’international demeurent positives, portées par une demande étrangère soutenue. Cependant, les obstacles aux échanges mondiaux et les tensions géopolitiques pèsent sur les perspectives de ventes des exportateurs (encadré 1). Bien qu’elles soient encore positives, les attentes des répondants à l’égard de la croissance économique aux États-Unis se sont modérées par rapport aux niveaux élevés des dernières enquêtes.
Même si la confiance des entreprises s’est un peu affaiblie, les intentions d’investissement en machines et matériel restent vigoureuses dans la plupart des régions et continuent de laisser augurer une montée des investissements au cours des 12 prochains mois (graphique 3). Les entreprises du secteur des services qui profitent d’une forte demande, essentiellement sur leur marché intérieur, sont particulièrement nombreuses à projeter une hausse de leurs dépenses. Comme dans les enquêtes récentes, de multiples projets d’investissement ont pour but d’accroître la capacité de production ou les gains d’efficacité. Les entreprises exposées au secteur de l’énergie, en particulier celles des Prairies, ont déclaré prévoir moins d’investissements, en raison de l’incertitude entourant l’autorisation des projets de pipelines et des limitations de la production de pétrole qui ont été décrétées récemment.
Graphique 3 : Intentions d’investissement
Le solde des opinions concernant les intentions d’embauche affiche une légère baisse (graphique 4), mais demeure positif. Ces intentions sont encore répandues dans l’ensemble des régions et sont les plus manifestes dans le secteur des services. De nombreuses entreprises prévoient d’augmenter leurs effectifs afin d’accroître leur capacité de production ou de répondre à des hausses attendues de la demande pour leurs produits. Une partie des répondants signalent que les gains d’efficacité, souvent apportés par l’automatisation et les outils technologiques, réduisent actuellement les besoins de recrutement.
Graphique 4 : Intentions d’embauche
Pressions sur la capacité de production
Après plusieurs trimestres de fortes pressions sur la capacité de production, le pourcentage d’entreprises ayant déclaré qu’elles auraient de la difficulté à faire face à une hausse inattendue de la demande se situe maintenant à un niveau bas (graphique 5). Bien qu’elles se soient atténuées dans l’ensemble des régions et des secteurs, les pressions demeurent très présentes au Québec et en Colombie-Britannique, généralement parmi les entreprises qui ont signalé une forte croissance passée des ventes. Les contraintes liées à la main-d’œuvre constituent encore l’obstacle le plus fréquemment évoqué. Un certain nombre d’entreprises s’attendent à ce que les pressions s’atténuent au cours des 12 prochains mois, la plupart du temps du fait d’embauches et d’investissements récents ou prévus. Plusieurs mentionnent également avoir modéré leurs attentes à l’égard de la demande.
Graphique 5 : Pressions sur la capacité de production
Les deux indicateurs de pénuries de main-d’œuvre se sont repliés, ce qui montre que les pressions sur le marché de l’emploi sont moins répandues que lors de l’enquête de l’hiver. Si les entreprises continuent, globalement, de faire état de pénuries plus intenses qu’il y a 12 mois (graphique 6, ligne rouge), ce point de vue est surtout exprimé par les entreprises du Québec. Dans la plupart des autres régions, l’intensité des pénuries de main-d’œuvre n’a pratiquement pas changé. La proportion d’entreprises à avoir signalé que ces pénuries limitaient leur capacité de répondre à la demande a diminué et se trouve maintenant sous la moyenne historique (graphique 6, barres bleues).
Graphique 6 : Pénuries de main-d’œuvre
Prix et inflation
Les entreprises s’attendent à ce que la croissance des prix de leurs intrants se stabilise dans les 12 mois à venir, comme l’indique le solde des opinions près de zéro (graphique 7). Selon elles, les cours des produits de base sont la principale cause de la croissance des prix. C’est surtout dans le secteur manufacturier que les répondants s’attendent à un relâchement des pressions haussières provenant des augmentations de coûts liées aux droits de douane, plus précisément aux droits de douane imposés sur l’acier et l’aluminium.
Graphique 7 : Prix des intrants
Le solde des opinions sur le prix des extrants, qui indiquait une croissance accélérée depuis plusieurs enquêtes, est désormais légèrement négatif. Ce résultat laisse supposer que les répondants envisagent de hausser leurs prix de vente un peu plus lentement au cours des 12 mois à venir (graphique 8). La concurrence demeure la principale source de pression négative sur les prix.
Graphique 8 : Prix des extrants
Les attentes d’inflation ont fléchi (graphique 9), mais demeurent concentrées dans la fourchette de maîtrise de l’inflation de 1 à 3 % visée par la Banque. La majorité des entreprises prévoit maintenant que l’inflation se situera dans la moitié inférieure de cette fourchette dans les deux prochaines années. Dans bien des cas, ces entreprises expliquent leurs anticipations par l’affaiblissement de l’activité économique. Bon nombre des répondants qui croient que le taux d’augmentation de l’indice des prix à la consommation s’établira entre 2 et 3 % ont dit baser leur opinion sur les cours du pétrole et les droits de douane.
Graphique 9 : Attentes d’inflation
Conditions du crédit
Le solde des opinions sur les modalités de financement a évolué vers un retour à l’assouplissement (graphique 10). Cependant, la plupart des répondants font encore état de conditions de crédit inchangées depuis les trois derniers mois. Parmi ceux qui ont déclaré avoir de meilleures modalités, un certain nombre ont attribué ce changement à la vigueur de leurs récents résultats ou à la concurrence accrue entre les banques. Ce sont surtout les entreprises des Prairies qui continuent de souligner un resserrement des conditions du crédit.
Graphique 10 : Conditions du crédit
Indicateur de l’enquête
L’indicateur de l’enquête a reculé par rapport au niveau très positif où il se situait lors de l’enquête de l’hiver, et il est dorénavant légèrement négatif (graphique 11), signe d’un repli de la confiance des entreprises. Les résultats obtenus pour plusieurs questions de l’enquête ont baissé sous les moyennes historiques.
Graphique 11 : Indicateur de l’enquête
Encadré 1 : Les obstacles aux échanges mondiaux et les tensions géopolitiques nuisent aux entreprises
L’enquête du printemps révèle que la confiance des entreprises a un peu baissé, les répondants citant plusieurs vents contraires en provenance de l’étranger. Les attentes demeurent positives quant à la croissance économique aux États-Unis, quoiqu’elles soient plus modérées que lors des dernières enquêtes, où elles se situaient à un niveau élevé (graphique 1‑A). Certaines entreprises évoquent l’incertitude de la situation politique aux États-Unis et les tensions commerciales sino-américaines. Dans ce contexte, la proportion de répondants qui comptent bénéficier de la croissance économique aux États-Unis continue de fléchir.
Comme dans l’enquête précédente, plusieurs répondants ont indiqué que les changements apportés aux politiques américaines et l’incertitude qu’ils produisent avaient des effets négatifs sur leurs perspectives. Un certain nombre d’entreprises ont fait état des entraves causées à la croissance de leurs exportations par le protectionnisme aux États-Unis, lequel s’observe entre autres dans la volonté persistante de favoriser les achats auprès des entreprises américaines et dans la modification de la politique commerciale sur les produits laitiers et le bois d’œuvre résineux. D’autres répondants, particulièrement dans le secteur de l’énergie, ont déclaré que les baisses d’impôts aux États-Unis et les différences de réglementation entre nos deux pays réduisent leur compétitivité face à leurs concurrents américains. Plusieurs entreprises ont aussi mentionné subir des augmentations de coûts associées – directement ou indirectement – aux droits de douane, notamment les droits de douane imposés sur l’acier et l’aluminium et ceux découlant des contre-mesures du Canada. Enfin, dans l’enquête du printemps, certaines entreprises ont déclaré être indirectement touchées par le différend commercial sino-américain. Dans l’ensemble, les répondants qui ont évoqué des effets négatifs ont des attentes moins favorables que les autres à l’égard de leurs ventes à l’étranger, de même que des intentions d’investissement et d’embauche plus modestes.
Au-delà des États-Unis, certains exportateurs ont souligné que les tensions géopolitiques entre le Canada et la Chine, ainsi que d’autres différends commerciaux internationaux, nuisent désormais aux ventes ou créent de l’incertitude.
Malgré ces facteurs, de nombreuses entreprises affirment que la demande étrangère alimente leurs perspectives de ventes, et plusieurs continuent de s’attendre à ce que la croissance économique américaine ait des retombées positives sur leurs ventes. Quelques-unes ont aussi dit bénéficier des changements apportés aux politiques des États-Unis (entre autres concernant les activités des sociétés étrangères affiliées) et de la réorientation des flux commerciaux vers le Canada causée par le différend entre les États-Unis et la Chine.
Graphique 1-A : Les attentes des entreprises quant à la croissance aux États-Unis se sont modérées
Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de l’enquête du printemps 2019 ont été recueillies entre le 19 février et le 13 mars 2019. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions concernant le questionnaire de l’enquête et le contenu informatif des réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.