Le marché des cryptoactifs comme le bitcoin a explosé ces deux dernières années. En effet, le volume d’opérations sur cryptoactifs a augmenté au point de se comparer à celui de certains actifs financiers traditionnels. Les cryptoactifs, en particulier la technologie de la chaîne de blocs sous-jacente, pourraient transformer des secteurs entiers de l’économie, des services financiers à la gestion de la chaîne d’approvisionnement.

Du point de vue des banques centrales, le paysage monétaire pourrait changer radicalement au cours des dix à quinze prochaines années. Les banques centrales devront donc s’intéresser, notamment, aux importantes questions suivantes dans leurs recherches et leurs politiques :

  1. En quoi la technologie qui sous-tend les cryptomonnaies et les autres cryptoactifs est-elle, en essence, innovante?
  2. Quelle est l’incidence des cryptomonnaies sur le rôle des banques centrales dans l’économie?
  3. Compte tenu de la percée des cryptoactifs et de la baisse de l’utilisation de l’argent comptant, faut-il laisser les paiements numériques relever exclusivement du secteur privé ou les banques centrales devraient-elles émettre leur propre monnaie numérique?

Notre document d’analyse du personnel aborde ces trois questions, en soulignant les aspects les plus importants pour les banques centrales et les mesures à prendre pour y répondre correctement. Si les banques centrales se penchent sur ces questions, les travaux de recherche et les politiques qui en résulteront pourraient avoir une incidence fondamentale sur le bien-être collectif.

L’examen de la première question nous amène à penser que la technologie à la base des cryptoactifs, soit la chaîne de blocs, pourrait améliorer l’efficacité du secteur des services financiers, notamment. Cependant, nous observons deux contradictions inhérentes aux cryptoactifs :

  1. La confiance est absolument nécessaire même si la technologie a en principe supprimé les tiers de confiance.
  2. Ce qu’on nous présente comme une « solution décentralisée » est en fait un système hautement concentré.

Pour ce qui est de la deuxième question, nous soutenons qu’une cryptomonnaie pourrait difficilement constituer la base d’un régime de politique monétaire stable ou souhaitable. En fait, la règle de croissance monétaire à la base des cryptoactifs comme le bitcoin pourrait en fin de compte présenter plus de désavantages que d’avantages.

Enfin, la troisième question traite de l’influence de l’émergence des cryptoactifs, conjuguée à une diminution de l’utilisation de l’argent comptant dans les transactions, sur la décision des banques centrales d’émettre ou non leur propre monnaie numérique. Nous estimons que, même si les espèces sont un bien public, plusieurs questions doivent être étudiées avant de déterminer si une monnaie numérique de banque centrale servirait l’intérêt général. La Banque du Canada, de même que d’autres banques centrales, s’emploie à effectuer des recherches dans ce domaine.

DOI : https://doi.org/10.34989/sdp-2019-1