Combien ça coûte? L’inflation au Canada
Pourquoi les prix changent, et les conséquences pour l’économie
Combien ça coûte? L’inflation au Canada
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Les prix ont tendance à augmenter avec le temps. C’est un phénomène qui se produit dans notre économie et qu’on appelle l’inflation.
L’inflation est une mesure de la hausse du prix des biens et des services pendant une période donnée. Beaucoup de facteurs agissent sur les prix : la difficulté à trouver un produit, le coût de la main-d’œuvre et des matières premières qui servent à le fabriquer, la concurrence entre vendeurs, etc. Mais à la base, l’inflation est liée à l’offre et à la demande. Quand la demande de biens et de services dépasse l’offre, les prix ont tendance à monter plus rapidement.
L’inflation donne un portrait global
Pour mesurer l’inflation chaque mois, Statistique Canada suit les prix d’une longue liste de biens et de services, qu’elle appelle un « panier ». Le contenu de ce panier tient compte de la quantité de chaque bien ou service que les gens achètent habituellement. On se sert des prix de tous ces éléments pour calculer une mesure moyenne des prix, qu’on nomme l’indice des prix à la consommation (IPC).
Mais l’IPC n’est qu’une moyenne. Tout le monde a sa propre expérience de l’inflation, selon la combinaison précise de biens et de services qu’on achète chaque mois. Pensez à ce qui se passe quand les prix de l’essence augmentent. Les personnes qui utilisent une voiture sont les plus touchées, mais si vous n’en avez pas, ce n’est peut-être pas un facteur aussi important dans vos dépenses. Il en va de même pour l’épicerie. Si le prix du pain monte plus vite que celui des pommes de terre, les personnes qui mangent beaucoup de pain sont plus pénalisées par l’inflation que celles qui consomment beaucoup de pommes de terre.
Comme l’IPC est une mesure moyenne, il donne un portrait global des dépenses de consommation pour l’ensemble du pays. Ce n’est pas la seule mesure de l’inflation, mais c’est la plus utilisée, tant par les entreprises que par les institutions et les gouvernements. Par exemple, la croissance de l’IPC chaque année joue sur l’augmentation de salaire que bien des gens reçoivent ou sur la hausse de leur pension de retraite.
Une inflation trop haute ou trop basse entraîne des problèmes
C’est lorsque l’inflation est stable et prévisible que l’économie fonctionne le mieux. Quand une entreprise prépare son budget pour l’année suivante, elle doit considérer à quel rythme vont augmenter les coûts de son matériel et de ses fournitures, son loyer et les salaires qu’elle verse. Quand ces coûts montent, l’entreprise relève aussi ses prix.
On parle d’inflation élevée quand les prix croissent rapidement. Notre pouvoir d’achat, c’est-à-dire notre capacité d’acheter des biens et des services avec l’argent que nous avons, est alors réduit. C’est comme ça qu’une forte inflation nuit à l’économie : les gens ne peuvent plus acheter autant et l’économie commence à ralentir. À cause d’une inflation élevée, les personnes qui ont épargné en vue de leur retraite pourraient se retrouver avec moins d’argent qu’elles ne l’avaient prévu. Les entreprises et les consommateurs doivent se protéger des effets de la hausse des coûts, par exemple en cherchant des solutions de remplacement moins coûteuses pour les biens ou les services dont ils ont besoin, ou en les achetant moins souvent.
Dans des cas extrêmes, une inflation élevée peut vouloir dire que l’économie est à la dérive. Par exemple, au Zimbabwe, les problèmes économiques se sont accompagnés de très forts taux d’inflation. Ainsi, en 2024, le taux d’inflation annuel dépassait 400 %, selon les chiffres du Fonds monétaire international1. À ce rythme, le café à 3 $ que vous vous êtes acheté aujourd’hui coûterait 15 $ dans un an. Et si ce taux restait à 400 %, il coûterait 75 $ l’année suivante. Quand l’inflation atteint de tels niveaux extrêmes, les économistes parlent d’« hyperinflation ».
Alors, si une inflation élevée n’est pas souhaitable, la déflation – c’est-à-dire une baisse des prix – doit l’être, non? Pas forcément. Quand le prix de certains articles diminue, cela peut en stimuler la demande. Mais quand on assiste à une baisse généralisée et durable des prix, c’est bien souvent le signe de problèmes économiques profonds. Quand les gens perdent leur emploi, ils consomment moins, et lorsque les entreprises vendent moins, elles réduisent leurs prix. Les gens peuvent alors décider d’attendre avant d’effectuer de gros achats en espérant que les prix vont continuer de reculer. Et plus ils épargnent, moins ils dépensent. Par conséquent, les prix diminuent encore plus et l’activité économique s’affaiblit.
L’inflation au fil du temps
En 1991, le gouvernement du Canada et la Banque du Canada ont convenu qu’il serait avantageux pour la population que l’inflation soit à un niveau bas, stable et prévisible, et ont conclu une entente à ce sujet. La Banque a alors reçu le mandat de ramener l’inflation à environ 2 % et de la maintenir autour du milieu d’une fourchette de 1 à 3 %.
Pendant longtemps, la population n’a pas accordé beaucoup d’attention à l’inflation, car la Banque a généralement réussi à la maintenir près de 2 %. En fait, l’inflation au pays a été de près de 2 % par année pendant 25 ans, jusqu’à ce que la pandémie de COVID-19 frappe. Puis, en 2022, l’inflation s’est hissée à plus de 8 %, son plus haut niveau depuis les années 1980. Lorsque l’économie a rouvert après les confinements, la demande de biens et de services a bondi. L’offre a aussi été touchée par des perturbations persistantes dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Combinés, ces facteurs ont fait grimper les prix. Et beaucoup de gens, en particulier les personnes ayant un revenu fixe, ont éprouvé des difficultés.
Pour ramener l’inflation à 2 %, la Banque du Canada a relevé radicalement le taux directeur, c’est-à-dire le taux d’intérêt auquel les institutions financières se prêtent de l’argent sur le marché du financement à un jour. La stratégie a fonctionné : nous avons ralenti l’économie pour rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande. Et l’inflation a ralenti. Mais cette expérience a mis en évidence à quel point l’inflation peut être pénible et à quel point il est important qu’elle demeure à un niveau faible, stable et prévisible.
Comment ça fonctionne
Quelle est l’incidence sur l’inflation d’une hausse ou d’une baisse du taux directeur de la Banque? Lorsque l’inflation est au-dessus de la cible de 2 %, la Banque relève son taux directeur pour la faire redescendre. La hausse du taux directeur incite les banques et les institutions financières à augmenter les taux d’intérêt sur les dépôts et les prêts hypothécaires ou autres. Les taux d’intérêt plus élevés peuvent ralentir la demande en encourageant les gens à épargner, plutôt qu’à emprunter et à dépenser. Les entreprises réagissent en majorant leurs prix de façon plus graduelle ou même en les réduisant pour stimuler la demande. Résultat : l’inflation diminue. À l’inverse, une baisse des taux d’intérêt a l’effet contraire et contribue à stimuler l’économie et la demande si elle est trop faible.
Évidemment, la Banque n’intervient pas à chaque mouvement de l’inflation et ne se soucie pas non plus des prix qui jouent aux montagnes russes. Elle porte plutôt son attention sur les variations de prix généralisées et durables, celles qui peuvent éloigner l’inflation de la cible de 2 % pendant un certain temps. Elle privilégie cette approche parce que les effets des modifications qu’elle apporte au taux directeur prennent du temps avant de se faire sentir sur les dépenses des consommateurs.
Le ciblage de l’inflation – et c’est là que réside la clé de son succès – est plus efficace lorsque les gens ont un comportement qui vient renforcer la cible. En effet, si la population s’attend à ce que les prix montent d’environ 2 % par année en moyenne, il y a plus de chances que les employeurs et les travailleurs s’entendent sur une hausse salariale de 2 % pour compenser l’augmentation du coût de la vie. Comme les salaires ont un lien direct avec les coûts à payer pour produire des biens et fournir des services, et que ces coûts ont une influence sur les prix, ce cycle aide la Banque à maintenir l’inflation à la cible.
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