La Banque du Canada a réalisé sa deuxième enquête semestrielle sur le système financier entre le 24 septembre et le 12 octobre 2018. Dans son cadre, la Banque recueille les avis d’experts occupant un poste de cadre supérieur en gestion des risques dans le secteur financier. Ces experts donnent leur point de vue sur les risques menaçant le système financier canadien, sur la résilience de ce dernier et sur les tendances naissantes en matière de pratiques et de produits financiers. Les résultats de l’enquête permettent de comparer les avis et les travaux d’analyse de la Banque avec les opinions externes, et aident le personnel de l’institution à trouver de nouveaux sujets de recherche et d’analyse. Les points saillants de l’enquête menée auprès de 41 participants à l’automne 2018 sont présentés ci-après, de même que certaines comparaisons avec l’enquête précédente, réalisée entre le 26 mars et le 9 avril 2018.

Pour en savoir plus sur l’enquête et sur les résultats précédents, voir la livraison de juin 2018 de la Revue du système financier.

Principaux résultats

  • Le risque global perçu a légèrement augmenté au cours des six derniers mois, mais la confiance dans la résilience du système financier canadien demeure élevée. Aux yeux des participants, les cyberattaques demeurent le risque le plus important qui pèse sur notre système. Par rapport au printemps dernier, les répondants estiment que le risque lié à une détérioration des perspectives de l’économie mondiale et à une réduction de la liquidité de marché a augmenté.
  • Cette enquête comprenait une question ponctuelle sur l’augmentation des taux d’intérêt à long terme. Environ le quart des participants ont indiqué qu’une hausse entre 150 et 200 points de base des taux d’intérêt à 5 ans au Canada sur une période de douze mois pourrait provoquer des effets défavorables au pays, comme une correction des prix des logements ou une hausse importante des défauts de paiement des ménages. Les répondants considèrent cependant qu’une telle hausse des taux d’intérêt à long terme au cours de la prochaine année est hautement improbable.
  • Selon les participants, l’apprentissage machine et l’intelligence artificielle de même que les mégadonnées demeurent les innovations dont les retombées sur les activités des sociétés financières devraient être les plus importantes. Les efforts d’élaboration de règles qui permettront aux clients de communiquer leurs données bancaires à d’autres institutions financières (système bancaire ouvert) sont une tendance naissante importante qui a été mentionnée.

Risque global perçu et confiance

Dans l’ensemble, les répondants estiment que la probabilité d’un événement susceptible de perturber gravement le système financier à moyen terme (d’ici un à trois ans) a légèrement augmenté. Un peu moins de la moitié d’entre eux (44 %) ont indiqué qu’il y a eu une légère hausse, au cours des six derniers mois, de la probabilité d’un tel événement (graphique 1), tandis que l’autre moitié la perçoivent comme inchangée. Ces résultats sont très semblables à ceux obtenus dans le cadre de l’enquête menée au printemps.

Graphique 1 : Un peu moins de la moitié des répondants estime que la probabilité d'un événement susceptible de perturber gravement le système financier a légèrement augmenté au cours des six derniers mois

Toutefois, 95 % des répondants se disent plutôt ou très sûrs que le système financier résisterait à un tel événement grave (graphique 2). Là aussi, les résultats sont pratiquement identiques à ceux obtenus au printemps.

Graphique 2 : Environ 95 % des répondants se disent plutôt ou très sûrs que le système financier pourrait résister en cas d’événement grave

Les risques les plus importants

Les répondants au sondage devaient indiquer les trois risques qui, à leur avis, auraient les retombées les plus négatives sur le fonctionnement du système financier canadien en cas de matérialisation. Ils devaient également préciser les trois risques qui auraient l’incidence la plus grande sur les activités de leur organisation. Dans le cadre d’une évaluation systémique des risques, il est important de connaître les risques qui pèsent sur les activités d’une organisation. En effet, le système financier canadien étant fortement interconnecté, toute perturbation ou difficulté au sein d’une organisation peut se propager rapidement aux autres. Le graphique 3 montre les risques pour le système financier et pour les activités des organisations des répondants qui ont été mentionnés le plus souvent. Ces risques sont répartis en trois grandes catégories : risques opérationnels, risques macroéconomiques et risques pour le fonctionnement des marchés.

Dans l’ensemble, les trois risques pour le système financier canadien les plus fréquemment mentionnés sont les suivants :

  1. une cyberattaque, comme ce fut le cas dans l’enquête du printemps;
  2. une détérioration des perspectives de l’économie mondiale – la proportion de répondants qui ont indiqué ce risque a augmenté considérablement par rapport au printemps;
  3. le risque géopolitique

Le nombre de répondants ayant mentionné le risque de perturbation du commerce international ou de différends commerciaux était plus petit qu’au printemps. L’achèvement des négociations entourant le nouvel Accord États-Unis–Mexique–Canada, annoncé le 30 septembre, soit pendant la première semaine du sondage de l’automne, explique peut-être cette baisse.

En ce qui concerne les principaux risques pour les activités d’une organisation, celui d’une cyberattaque a aussi été le plus mentionné, comme au printemps. Le nombre de répondants ayant indiqué le risque d’une réduction de la liquidité de marché a augmenté considérablement par rapport à l’enquête précédente, ce qui en fait le deuxième risque le plus mentionné.

Graphique 3 : Les cyberattaques et une détérioration des perspectives de l’économie mondiale sont les risques estimés comme les plus importants pour le système financier canadien

Risques liés à une augmentation des taux d’intérêt à long terme

L’enquête réalisée à l’automne 2018 comprenait une question ponctuelle visant à évaluer la probabilité d’une hausse rapide des obligations à 5 ans du gouvernement du Canada, et les conséquences d’une telle augmentation sur le système financier. Environ le quart des répondants ont indiqué qu’une hausse entre 150 et 200 points de base au cours des douze prochains mois, si elle se matérialisait, serait suffisante pour provoquer une correction des prix des logements ou une forte augmentation des défauts de paiement des ménages (graphique 4). En outre, plus de la moitié des répondants sont d’avis que, si ces événements devaient se matérialiser, il est assez probable, probable ou très probable qu’ils perturbent gravement le fonctionnement du système financier canadien (graphique 5). Par contre, bien qu’un peu plus du quart des répondants croient qu’une moindre hausse des taux (entre 50 et 150 points de base) pourrait provoquer une liquidation de titres boursiers sur les marchés canadiens, ils estiment un tel scénario moins susceptible de perturber le système financier.

Graphique 4 : Environ le quart des répondants sont d’avis qu’une hausse de 150 à 200 points de base du rendement des obligations à 5 ans du gouvernement du Canada au cours des 12 prochains mois est suffisante pour provoquer une correction des prix des logements au Canada ou une forte augmentation des défauts de paiement des ménages

Graphique 5 : Une majorité de répondants sont d’avis qu’il est assez probable, probable ou très probable qu’une éventuelle correction des prix des logements ou une hausse importante des défauts de paiement des ménages perturbe le système financier

Néanmoins, les répondants considèrent qu’une hausse entre 150 et 200 points de base des taux à 5 ans est très improbable. En effet, ils évaluent à environ 5 % la probabilité d’une hausse de plus de 150 points de base des taux à 5 ans au cours des douze prochains mois (graphique 6).

Graphique 6 : Les répondants évaluent à 5 % la probabilité d’une hausse de plus de 150 points de base du rendement des obligations à 5 ans du gouvernement du Canada au cours des 12 prochains mois

Principales innovations financières

Dans le cadre du sondage, les participants devaient indiquer quelles innovations financières auront, à leur avis, les retombées positives ou négatives les plus grandes sur les activités de leur organisation au cours des trois prochaines années. Dans l’ensemble, les innovations se classaient en deux catégories : celles qui changeront la façon dont les sociétés financières mènent leurs activités et celles qui changeront la structure des marchés dans lesquels celles-ci exercent leurs activités (une modification de la composition de la concurrence ou des contreparties, par exemple).

Sur le plan opérationnel, les participants ont indiqué, comme lors de la dernière enquête, que l’apprentissage machine et l’intelligence artificielle, les mégadonnées et la chaîne de blocs sont les innovations financières qui auront les retombées les plus grandes. En ce qui concerne la structure des marchés, deux principales innovations ont été mentionnées : les stratégies de négociation systématique et le système bancaire ouvert, qui permet aux clients de communiquer leurs données bancaires à d’autres institutions financières (graphique 7). Le système bancaire ouvert semble être une tendance naissante importante puisqu’un seul participant en avait fait mention lors du sondage du printemps.

Graphique 7 : L’apprentissage machine, l’intelligence artificielle et les mégadonnées devraient rester les innovations financières les plus importantes au cours des trois prochaines années

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