Un système financier sain pour la santé de tous
Un système financier sain pour la santé de tous
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Nous nous portons tous mieux si le système financier peut encaisser quelques coups. Et chacun participe à sa résilience.
La vigueur de l’économie en dépend
Nous comptons sur notre système financier quand vient le temps d’emprunter pour acheter une voiture ou une maison, de prendre une assurance ou d’épargner pour la retraite. Les entreprises, elles, y font appel pour administrer leur fonds de roulement et obtenir les investissements nécessaires à leur croissance. Nous en dépendons tous pour mieux gérer les risques et faire des paiements rapides en toute sécurité.
Si le système fonctionne mal, les gens peuvent difficilement accéder à l’argent dont ils ont besoin. Cela peut affaiblir l’économie et parfois même très mal tourner. Ainsi, durant la crise financière d’il y a 10 ans, plus de 5 millions de personnes ont perdu leur emploi aux États-Unis, et 60 millions dans le monde.
Quand les faiblesses aggravent le problème…
La crise financière est un exemple extrême, mais des problèmes surviennent tout le temps. Certains chocs peuvent avoir un grand impact, comme causer une récession et multiplier les faillites d’entreprises ainsi que les licenciements.
Un système financier sain résistera à ce genre d’événements. Par contre, s’il a des faiblesses généralisées – qu’on appelle « vulnérabilités » –, les conséquences peuvent être beaucoup plus graves. L’onde de choc peut se propager dans le système et l’ensemble de l’économie. On peut comparer ces vulnérabilités à une fissure dans un tronc d’arbre : par beau temps, on n’a pas vraiment à s’inquiéter, mais quand la tempête se déchaîne, la fissure rend l’arbre vulnérable. Une rafale ou un coup de foudre pourrait alors le faire tomber. Dans sa chute, il pourrait endommager une maison ou une voiture, ou même arracher des lignes électriques.
De nos jours, la lourde dette traînée par certaines familles canadiennes représente une vulnérabilité importante. Les faibles taux d’intérêt et les prix élevés des maisons ont en effet fait gonfler les emprunts. Cela a contribué à l’activité économique pendant la crise financière mondiale et après la chute des prix du pétrole de 2014. Mais en 2016, environ une famille sur cinq qui contractait un nouveau prêt hypothécaire empruntait plus de quatre fois et demie son revenu. Un prêt aussi important peut être difficile à rembourser en cas de baisse de revenu ou de hausse inattendue des taux d’intérêt.
… nous en payons tous le prix
Revenons à l’arbre fendu : il risque d’entraîner des coûts pour son propriétaire, surtout s’il se casse et tombe sur sa voiture ou sa maison. Ce faisant, il n’engage que la responsabilité du propriétaire. Toutefois, si l’arbre emporte des lignes électriques dans sa chute ou bloque une artère de la ville, les coûts seront importants. Les dommages engageront la responsabilité de plusieurs acteurs et toucheront beaucoup plus de gens.
De même, les ménages très endettés et leurs créanciers compromettent leur propre santé financière, mais menacent aussi celle des autres. En cas de récession, si un bon nombre d’emprunteurs arrêtaient de rembourser leurs prêts, les banques pourraient réduire l’ensemble des sommes qu’elles prêtent. Cette situation aggraverait la récession et intensifierait les tensions sur le système financier. Il pourrait alors suffire d’une institution financière en crise pour que les autres soient touchées, étant donné la forte interdépendance qui caractérise le système de nos jours. Par ailleurs, si un grand nombre d’emprunteurs devaient vendre leur maison rapidement pour rembourser leurs prêts, les prix des maisons chuteraient et beaucoup d’autres familles verraient fondre leur avoir.
C’est ainsi que les faiblesses du système financier peuvent nuire à l’ensemble de l’économie. L’expérience montre que les récessions sont pires quand le système financier est faible.
Surveiller le système…
À la Banque du Canada, nous détectons et surveillons les vulnérabilités du système financier, et conseillons le gouvernement sur les mesures à prendre pour les atténuer. Nous expliquons comment nous le faisons dans la Revue du système financier et notre portail sur le système financier, que nous vous invitons à consulter après son lancement en novembre.
… avec les bons outils…
Les bonnes politiques peuvent renforcer le système et réduire la probabilité des scénarios négatifs.
C’est pourquoi les grandes économies du monde coopèrent depuis la crise pour rendre le système financier mondial plus sûr. La communauté internationale a pris des mesures à cet égard; un élément clé en est l’exigence pour les banques du monde entier d’avoir un plus gros coussin pour absorber les pertes sur les prêts non remboursés. Cette exigence permet aux banques de continuer à prêter même lorsque de nombreux emprunteurs cessent leurs versements.
Au Canada, l’assurance prêt hypothécaire garantie par le gouvernement contribue aussi à la santé des banques dans les cas où un grand nombre de personnes ne peuvent pas rembourser leur prêt. Pour obtenir un prêt hypothécaire non assuré, les emprunteurs doivent faire une mise de fonds d’au moins 20 % du prix de la maison. Cette exigence a aussi l’avantage de bien protéger les prêteurs.
De plus, le gouvernement fédéral a resserré les règles pour l’obtention d’un prêt hypothécaire. Des « tests de résistance » permettent de vérifier si l’emprunteur aurait toujours les moyens d’effectuer ses versements en cas de hausse de deux points des taux d’intérêt. Il est trop tôt pour le savoir avec certitude, mais il semble que ces tests de résistance, combinés à d’autres mesures, contribuent à réduire le nombre de nouveaux prêts hypothécaires dont le ratio de prêt au revenu est élevé.
… en vaut la peine
Le resserrement des règles hypothécaires empêche sans doute certains Canadiens de contracter un prêt pour une maison particulièrement coûteuse. De même, le renforcement des normes du secteur bancaire peut limiter les profits des banques, voire freiner leurs activités de prêt.
Il peut être difficile d’accepter ces contraintes quand tout va bien et que l’on nage dans l’optimisme. Mais l’expérience montre qu’un système financier fragile peut entraîner des problèmes sérieux. La gestion des faiblesses a un prix, mais elle réduit nettement la probabilité que le pire se produise.
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