Résultats de l’enquête du printemps 2018 | Vol. 15.1 | 9 avril 2018
Les résultats de l’enquête sur les perspectives des entreprises menée ce printemps donnent à penser que les répondants demeurent confiants, encouragés par des perspectives de ventes favorables. En raison de la forte demande enregistrée récemment, des pressions s’exerçant sur la capacité de production et sur le marché du travail sont manifestes dans la plupart des régions.
Vue d’ensemble
- Les indicateurs avancés des ventes demeurent favorables dans la plupart des régions et des secteurs. Certaines entreprises s’attendent à une modération des ventes par rapport aux niveaux élevés atteints l’année dernière ou à un ralentissement progressif de la reprise dans le secteur de l’énergie.
- Si les attentes des répondants concernant la croissance économique aux États-Unis se sont encore améliorées, certaines entreprises ont indiqué que la montée du protectionnisme et l’érosion de la compétitivité étaient des facteurs limitant les effets positifs sur leurs ventes (Encadré 1).
- Les intentions des entreprises d’accroître leurs investissements sont encore généralisées, bien qu’elles soient un peu moins répandues que dans les dernières enquêtes. Les intentions d’embauche sont nettement positives, les entreprises ayant des projets en ce sens pour soutenir l’expansion attendue de leurs ventes ou étendre leurs activités.
- L’indicateur des pressions sur la capacité de production et celui des pénuries de main-d’œuvre ont légèrement reculé, mais sont encore proches des niveaux élevés où ils se situaient récemment. Il semble que la marge de capacités excédentaires qui subsiste au sein de l’économie soit surtout concentrée dans les régions productrices d’énergie.
- Même si elles prévoient que les prix des intrants progresseront globalement à un rythme plus rapide, les entreprises continuent dans l’ensemble d’anticiper une accélération plutôt modeste de la croissance des prix des extrants en raison des pressions concurrentielles. Du fait notamment du renchérissement de la main-d’œuvre, les attentes d’inflation se sont redressées, mais elles se situent toujours bien à l’intérieur de la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque.
- Bien que les conditions du crédit n’aient pas changé pour la plupart des entreprises, le solde des opinions indique un léger resserrement.
- L’indicateur de l’enquête reste élevé, ce qui témoigne de l’optimisme des entreprises.
Activité économique
Les entreprises font état d’une augmentation plus vigoureuse de leurs ventes au cours des 12 derniers mois (Graphique 1), et elles estiment que celles-ci s’accéléreront encore au cours des 12 prochains mois (Graphique 2, barres bleues). Parmi les répondants qui prévoient une expansion plus rapide, plusieurs ont indiqué qu’ils misaient sur leurs gammes de produits et leurs stratégies pour attirer de nouveaux clients, notamment le développement de leur présence en ligne. De plus, les entreprises de toutes les régions et de tous les secteurs ont constaté une amélioration globale des indicateurs des ventes futures, comme les carnets de commandes et les demandes de renseignements (Graphique 2, courbe rouge), quoique dans une moindre mesure dans les Prairies.
Graphique 1 : Croissance passée des ventes
* Pourcentage des entreprises qui font état d’un taux de croissance plus élevé diminué du pourcentage de celles qui signalent un ralentissement Dernière observation :
Graphique 2 : Croissance future des ventes
* Pourcentage des entreprises qui prévoient un taux de croissance plus élevé diminué du pourcentage de celles qui signalent un ralentissement
** Pourcentage des entreprises ayant signalé une amélioration des indicateurs diminué du pourcentage de celles ayant constaté une détérioration Dernière observation :
Malgré tout, plusieurs entreprises escomptent un ralentissement du rythme de croissance de leurs ventes par rapport aux 12 derniers mois, qui s’explique souvent par les anticipations d’un retour à un rythme plus tenable après une période de forte activité. D’autres entreprises liées au secteur de l’énergie s’attendent à ce que la reprise ralentisse, car l’écart des prix du pétrole et les problèmes de compétitivité pèsent sur les perspectives de ventes.
Dans l’ensemble, les entreprises signalent que leurs carnets de commandes de clients étrangers sont mieux garnis qu’il y a un an et elles sont optimistes quant à leurs perspectives d’exportation. Si les attentes à l’égard de la croissance économique aux États-Unis au cours des 12 prochains mois se sont encore renforcées, certains répondants ont indiqué que la montée du protectionnisme et l’érosion de la compétitivité étaient des facteurs limitant les effets positifs potentiels sur les ventes (Encadré 1). Malgré ces inquiétudes, les entreprises s’attendent à ce que, globalement, la demande américaine dynamise leurs ventes.
Le solde des opinions relatif aux investissements en machines et matériel a légèrement reculé par rapport aux niveaux élevés enregistrés lors des enquêtes récentes, mais laisse encore présager un relèvement des dépenses à ce chapitre au cours des 12 prochains mois (Graphique 3). Favorisés par la vigueur persistante de la demande, les projets visant à augmenter les dépenses sont plus fréquents parmi les entreprises du secteur des services. Les entreprises qui ne projettent pas d’accroître leurs dépenses en immobilisations imputent souvent cette décision aux investissements massifs réalisés durant la dernière année ou au contexte fiscal ou réglementaire.
Graphique 3 : Intentions d’investissement
* Pourcentage des entreprises qui prévoient d’augmenter leurs investissements diminué du pourcentage de celles qui envisagent de les réduire Dernière observation :
Le solde des opinions concernant les intentions d’embauche s’est de nouveau inscrit en légère hausse et demeure élevé (Graphique 4). La volonté de grossir les effectifs au cours des 12 prochains mois est manifeste dans toutes les régions et dans la plupart des secteurs, en particulier celui des services. La majorité des entreprises qui prévoient d’augmenter leur personnel invoquent la nécessité de soutenir la croissance attendue des ventes ou leurs projets d’expansion.
Graphique 4 : Intentions d’embauche
* Pourcentage des entreprises qui prévoient un niveau d’emploi plus élevé diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :
Pressions sur la capacité de production
L’indicateur des pressions sur la capacité de production a fléchi mais reste globalement proche des niveaux élevés observés dernièrement, surtout en dehors des régions productrices d’énergie (Graphique 5). Les contraintes de main-d’œuvre continuent d’être l’obstacle le plus répandu à une intensification des opérations en réponse à une hausse inattendue de la demande. Dans l’ensemble, les répondants prévoient que les pressions sur la capacité de production s’intensifieront encore au cours des 12 prochains mois, compte tenu des perspectives de ventes prometteuses et de la difficulté attendue de trouver de la main-d’œuvre.
Graphique 5 : Pressions sur la capacité de production
Dernière observation :
Le solde des opinions concernant l’intensité des pénuries de main-d’œuvre n’a pas changé et demeure à un niveau élevé, ce qui rend compte de l’opinion persistante et répandue chez les répondants selon laquelle ces pénuries se sont amplifiées au cours de la dernière année (Graphique 6, courbe rouge). La proportion d’entreprises ayant déclaré que des pénuries de main-d’œuvre limitent leur capacité de répondre à la demande s’inscrit maintenant tout juste en deçà de la moyenne historique (Graphique 6, barres bleues). En Colombie-Britannique et dans le centre du Canada, les entreprises ont dit éprouver des difficultés à recruter, mettant souvent en avant les pénuries dans les domaines de la construction, des technologies de l’information et du transport, ainsi que dans les catégories d’emploi peu qualifié et moins bien rémunéré.
Graphique 6 : Pénuries de main-d’œuvre
* Pourcentage des entreprises qui font état de pénuries de main‐d’œuvre plus intenses diminué du pourcentage de celles qui signalent des pénuries moins intenses Dernière observation :
Prix et inflation
Le solde des opinions à propos du prix des intrants a légèrement reculé mais demeure fermement positif, ce qui laisse supposer que les entreprises prévoient une augmentation du rythme de progression du prix des intrants au cours des 12 prochains mois (Graphique 7). Les attentes positives, que les répondants attribuent dans bien des cas à la vigueur des prix de divers produits de base, sont manifestes dans toutes les régions et dans tous les secteurs. Plusieurs entreprises ont également cité le coût plus élevé des biens intermédiaires et des services contractuels. D’autres ont signalé l’apparition de pressions sur les prix dans leurs chaînes d’approvisionnement, engendrées par les récentes mesures prises par les autorités, comme l’instauration des taxes sur le carbone et le relèvement du salaire minimum.
Graphique 7 : Prix des intrants
* Pourcentage des entreprises qui prévoient un rythme d’augmentation plus rapide diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :
L’indicateur des prix des extrants est légèrement positif, ce qui s’explique par les attentes d’une accélération modérée de la croissance de ces prix dans les 12 prochains mois (Graphique 8). Les répondants attribuent les pressions à la hausse aux répercussions des prix des produits de base ou aux intrants hors main-d’œuvre. Certaines entreprises, surtout celles qui exportent, jugent encore que la concurrence, souvent liée aux marchés mondiaux ou au cybercommerce, limite leur capacité de répercuter les hausses de leurs coûts sur leurs clients.
Graphique 8 : Prix des extrants
* Pourcentage des entreprises qui prévoient un rythme d’augmentation plus rapide diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :
Les attentes d’inflation pour les deux prochaines années s’inscrivent en hausse dans l’enquête du printemps (Graphique 9). Si la plupart des répondants sont encore d’avis que l’inflation restera à l’intérieur de la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque, une faible majorité estiment maintenant qu’elle s’établira dans la moitié supérieure de cette fourchette. Selon les entreprises, les principaux facteurs qui influent sur leurs attentes sont l’augmentation des coûts de main-d’œuvre (attribuable à l’intensification des tensions sur les marchés du travail et, dans une moindre mesure, au relèvement du salaire minimum) et le renchérissement de certains produits de base.
Graphique 9 : Attentes d’inflation
Dernière observation :
Conditions du crédit
Après avoir avoisiné zéro pendant plusieurs trimestres, le solde des opinions concernant les conditions du crédit est devenu légèrement positif, ce qui tend à indiquer un resserrement net de ces conditions au cours des trois derniers mois (Graphique 10). Bien que la majorité des entreprises n’aient signalé aucune variation de leurs modalités de financement, parmi celles qui ont noté un resserrement, certaines sont directement ou indirectement exposées au secteur de l’énergie. La plupart des entreprises continuent d’affirmer qu’il est facile ou relativement facile d’obtenir du crédit.
Graphique 10 : Conditions du crédit
* Pourcentage des entreprises qui font état d’un resserrement diminué du pourcentage de celles qui signalent un relâchement des conditions. Pour cette question, le solde des opinions fait abstraction des entreprises qui ont répondu « sans objet ». Dernière observation :
Indicateur de l’enquête
L’indicateur de l’enquête s’est légèrement replié mais reste élevé, la plupart des indicateurs inclus dans cette mesure synthétique demeurant au-dessus de leur moyenne historique (Graphique 11). Ce résultat fait foi de l’optimisme général des répondants.
Graphique 11 : Indicateur de l’enquête
Dernière observation :
Encadré 1 : L’incidence des changements de politique aux États-Unis ou de l’incertitude qui entoure ces changements : points de vue des répondants
Dans le cadre de l’enquête sur les perspectives des entreprises, depuis le printemps 2017, on demande aux entreprises si leurs activités ont été affectées, ou risquent d’être affectées, par les annonces de politique publique de la nouvelle administration américaine ou par l’incertitude qui entoure ces annonces. Au cours de la dernière année, la plupart des entreprises ont déclaré ne pas avoir été touchées (Graphique 1‑A) et ne pas entrevoir d’incidence sur leurs activités au cours des 12 prochains mois (Graphique 1‑B). Parmi ces répondants figurent un grand nombre d’entreprises tournées vers le marché intérieur et des exportateurs qui jugent qu’il est encore trop tôt pour le savoir. Toutefois, les points de vue des répondants ayant signalé être touchés ont évolué au fil du temps et sont généralement devenus plus négatifs.
Graphique 1-A : La plupart des répondants déclarent ne pas avoir été touchés au cours de la dernière année
* Pourcentage des entreprises Dernière observation : 2018T1
Graphique 1-B : Dans l’ensemble, les perspectives entourant les effets potentiels sont devenues plus pessimistes
* Pourcentage des entreprises Dernière observation : 2018T1
Les entreprises touchées négativement évoquent souvent la montée du protectionnisme américain, notamment les changements apportés à la politique concernant le bois d’œuvre résineux, la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ou la volonté affichée de privilégier les achats intérieurs. Ces entreprises ont mentionné des effets négatifs sur leurs ventes ou une augmentation de leurs coûts (liée, par exemple, aux tarifs douaniers). D’autres ont fait état de difficultés relatives aux mouvements transfrontaliers des travailleurs ou des biens. Dans les dernières enquêtes, certaines entreprises, dont celles du secteur de l’énergie, ont également noté une érosion de leur compétitivité par rapport aux entreprises américaines, qu’elles attribuent à la réduction de l’impôt des sociétés aux États-Unis et aux différences de réglementation entre nos deux pays. Enfin, quelques répondants s’attendent à ce que la confiance des entreprises canadiennes soit ébranlée.
Si la plupart des entreprises ont indiqué que, jusqu’à présent, leurs projets d’investissement au Canada n’ont pas été touchés, certaines ont déclaré avoir réduit ou retardé ces investissements, ou envisager des changements. Quelques répondants ont dit se tourner vers les États-Unis pour développer leurs activités.
Parmi les répondants ayant signalé des effets positifs, en particulier dans l’enquête du printemps 2018, certains s’attendent à bénéficier de la réduction de l’impôt des sociétés, que ce soit dans leurs filiales américaines ou grâce à l’amélioration des résultats de leurs clients et partenaires américains. D’autres entreprises ont fait état de gains réalisés grâce à l’afflux plus important de touristes et d’immigrants au Canada.
Globalement, dans l’enquête du printemps 2018, de nombreux répondants estiment que la demande américaine exerce une influence positive sur leurs perspectives de ventes. La part des entreprises prévoyant une forte croissance économique aux États-Unis au cours des 12 prochains mois avoisine des sommets historiques.
Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de l’enquête du printemps 2018 ont été recueillies entre le 12 février et le 9 mars 2018. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions concernant le questionnaire de l’enquête et le contenu informatif des réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.