Selon le gouverneur Poloz, il est prioritaire pour la Banque du Canada d’élaborer la prochaine génération de modèles économiques
Construire des modèles de nouvelle génération qui s’appuient sur les avancées de la science économique et des technologies est une priorité pour la Banque du Canada, selon ce qu’a affirmé aujourd’hui le gouverneur Stephen S. Poloz.
Dans une conférence prononcée à l’École de commerce de l’Université de l’Alberta, le gouverneur Poloz a souligné que la construction de modèles nécessite des investissements réguliers, étant donné tout le temps qu’il faut pour élaborer un nouveau modèle. « La Banque a inscrit dans les priorités de son récent plan à moyen terme la réinvention du rôle de la banque centrale, et cette réinvention passe en partie par le renouvellement et la mise à niveau de nos outils », a déclaré le gouverneur. « Je souhaite que l’ensemble des économistes en fassent également une priorité. »
Les modèles sont devenus des outils indispensables aux économistes pour formuler des prévisions et comprendre le fonctionnement de l’économie. Pour autant, les banquiers centraux doivent être conscients des limites de ces instruments et faire preuve de jugement lorsqu’ils les utilisent.
D’après le gouverneur Poloz, « les modèles économiques ne sont pas des boules de cristal ». « Le fait que les modèles ne peuvent fournir qu’une approximation de la réalité signifie que la conduite de la politique monétaire n’a rien de mécanique. Elle est le résultat d’un savant dosage d’art et de science : en fait, elle s’apparente à de la gestion de risques. »
La Banque se sert actuellement de modèles à la fine pointe pour ses projections économiques et le travail d’analyse des politiques. Elle s’appuie également sur d’autres outils de moindre envergure. Cependant, la crise financière de 2007-2009 et ses répercussions ont fait ressortir les lacunes des modèles de la génération actuelle, en particulier, leur incapacité à cerner les liens qui existent entre le système financier et d’autres secteurs de l’économie. Même si la Banque du Canada s’emploie à pallier ces limites et d’autres en recourant à plusieurs modèles, elle doit maintenant élaborer de nouveaux modèles qui permettront de combler de telles lacunes.
« Les modèles disponibles expliquaient mal les causes de la crise et le comportement des agents dans son sillage », a expliqué le gouverneur. « Cette expérience oriente désormais le travail des modélisateurs. »
Les modèles sont certes de plus en plus performants et sophistiqués, mais il est important pour les décideurs publics de ne pas oublier que les modèles demeurent des simplifications de la réalité. Les données exploitées ainsi que les relations établies à l’intérieur des modèles entre les variables économiques sont entourées d’incertitude.
La Banque tient compte de ces sources d’incertitude en suivant une approche de gestion des risques en matière de politique monétaire. « L’interprétation, la pondération et la gestion de ces risques s’apparentent à un art, mais un art qui s’appuie sur la science de nos modèles », a conclu le gouverneur.