La période prolongée de bas taux d’intérêt appelle des ajustements, affirme le gouverneur Poloz
Les Canadiens doivent comprendre les forces qui ont mené à la période prolongée de bas taux d’intérêt et apporter les ajustements qui s’imposent, a déclaré le gouverneur de la Banque du Canada, M. Stephen S. Poloz.
Dans un discours prononcé devant l’Association des économistes québécois, le Cercle finance du Québec et CFA Québec, le gouverneur Poloz a parlé de la nécessité où se trouvent les entreprises et les ménages de s’adapter à la réalité des faibles taux d’intérêt, qui devraient le rester encore longtemps. Des facteurs qui limitent la vitesse maximale à laquelle une économie peut tourner – en particulier le vieillissement de la population active – tirent les taux d’intérêt vers le bas dans beaucoup de pays.
Selon le gouverneur, en raison de cette période prolongée de bas taux, les Canadiens ont plus de difficulté à financer leur retraite grâce à leurs économies. Les gens disent « craindre, et avec raison, de ne pas pouvoir vivre de leur épargne, a-t-il indiqué. Je compatis à leurs inquiétudes, que je peux très bien comprendre. » Il a poursuivi en expliquant que l’allongement de l’espérance de vie complique encore davantage la donne, car il faut financer une retraite qui dure plus longtemps.
Les entreprises doivent elles aussi s’ajuster aux bas taux d’intérêt en réduisant leurs attentes quant aux rendements futurs des investissements, a fait remarquer le gouverneur. Les dépenses d’investissement ont été plus faibles que prévu, ce qui, d’après lui, pourrait notamment tenir au fait que certaines entreprises ne prennent pas en compte le contexte de bas taux d’intérêt au moment de décider si un investissement en vaudra la peine.
Si les entreprises comptent sur des rendements comparables à ceux observés avant la crise, « elles ne risquent pas d’investir de sitôt. Et la croissance, la productivité et la création d’emplois ne seront pas à la hauteur de nos attentes, ni de celles des entreprises », a-t-il affirmé.
Les décideurs ne peuvent pas grand-chose contre des forces comme l’évolution démographique, a expliqué le gouverneur, mais les moyens d’atténuer les effets de ces forces sur les taux d’intérêt ne manquent pas. Dans cette optique, les politiques fiscales et d’immigration, entre autres, ne doivent pas constituer des obstacles à la croissance des entreprises, et il faut que les jeunes entreprises obtiennent du financement.
Le gouverneur estime aussi que les autorités doivent explorer toutes les avenues susceptibles de stimuler le potentiel de croissance de l’économie. Il cite l’investissement dans des infrastructures permettant d’accroître la productivité et les accords visant à libéraliser le commerce, au pays et avec l’extérieur, comme des mesures qui pourraient être grandement bénéfiques à moyen terme.
Vu le ralentissement du taux de croissance potentiel de l’économie canadienne, « chaque dixième de point qui s’ajoute à ce taux est plus important que jamais, a-t-il souligné. Dans un contexte où les taux vont rester bas pendant encore un moment, on ne peut tout simplement pas manquer de telles occasions. »