Downward Nominal Wage Rigidity in Canada: Evidence from Micro- Level Data
Nous évaluons l’importance de la rigidité à la baisse des salaires nominaux au Canada au moyen de microdonnées sur les entreprises et la main-d’oeuvre. Plus précisément, nous analysons les données administratives des Grands règlements salariaux, obtenues auprès d’employeurs, ainsi que les données de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, recueillies auprès des ménages. Tandis que les premières portent sur les grandes entreprises syndiquées au Canada, les deuxièmes proviennent de riches panels rotatifs et représentatifs de la population occupée au Canada. La combinaison des deux sources de données permet de réaliser une analyse plus complète de la rigidité à la baisse des salaires nominaux sur le marché canadien du travail. Les résultats donnent à penser qu’en moyenne, les effets de cette rigidité ont fait monter la croissance des salaires d’environ 0,2 à 0,4 point de pourcentage entre 1994 et 2011. De plus, les effets estimés ont pris de l’ampleur après la Grande Récession de 2008-2009. Par exemple, la rigidité à la baisse des salaires nominaux touche une plus grande proportion de travailleurs (cette proportion est passée de 16 % à 32 %) et a une incidence plus marquée sur la croissance moyenne des salaires. Les effets de la rigidité sur la croissance moyenne des salaires ont également été beaucoup plus importants pendant les périodes où l’inflation mesurée par l’IPC était plus faible au Canada; il existe par ailleurs une relation positive entre ces effets et les taux de chômage provinciaux. Enfin, notre étude fournit une analyse détaillée de l’hétérogénéité des effets de la rigidité à la baisse des salaires nominaux. Celle-ci est notamment plus prononcée chez les petites entreprises, les personnes n’occupant pas de postes de cadres, les immigrants et les travailleurs âgés. Somme toute, le vieillissement de la population et l’augmentation de la proportion d’immigrants au sein de la population active pourraient continuer d’accentuer les effets de la rigidité à la baisse des salaires nominaux au Canada, alors que la tertiarisation de l’économie, la baisse des taux de syndicalisation et la hausse du niveau de scolarité de la population canadienne pourraient les réduire.