Il faut s’attendre à une divergence des politiques pendant que les économies s’adaptent au choc, selon le gouverneur Poloz
La divergence des politiques monétaires est une conséquence naturelle du recul important des prix des ressources, et il faut s’y attendre, a déclaré le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen S. Poloz, dans un discours qu’il a prononcé aujourd’hui dans le cadre des Petits-déjeuners du maire, à Ottawa.
Selon le gouverneur, le relèvement du taux directeur effectué le mois dernier par la Réserve fédérale américaine est la première étape d’un long processus vers la normalisation de la politique monétaire aux États-Unis. Bien que cela aura des implications pour le Canada et ses marchés financiers, la Banque du Canada est bien outillée pour réagir. « Elle dispose d’un certain nombre d’outils – traditionnels et non traditionnels – pour atténuer les risques entourant sa cible d’inflation et le système financier canadien, s’ils venaient à se matérialiser », a dit M. Poloz.
La chute des prix des ressources a entraîné une baisse marquée des termes de l’échange des pays producteurs de ressources comme le Canada, a expliqué le gouverneur. Ce choc inverse les tendances observées au pays ces dix dernières années, et les décideurs devraient favoriser les ajustements économiques nécessaires. « Les forces mises en branle doivent simplement se dissiper d’elles-mêmes », a ajouté M. Poloz.
« C’est précisément la raison pour laquelle les pays choisissent de se doter de taux de change flexibles », a expliqué le gouverneur. La dépréciation de la monnaie agit par le truchement de trois canaux. Premièrement, elle compense en partie la chute des prix des produits de base. Deuxièmement, elle aide à favoriser la croissance des secteurs hors ressources grâce au raffermissement des exportations. Troisièmement, et cela est moins souhaitable, elle fait subir les effets de la perte de revenu à l’économie dans son ensemble.
Néanmoins, « un taux de change flexible n’est pas une panacée en matière de politiques », a affirmé le gouverneur Poloz. D’autres politiques peuvent aussi servir d’amortisseurs « tout en encourageant les ajustements à long terme qui s’imposent, y compris l’adoption de politiques budgétaires et la prise de mesures destinées à rendre les marchés du travail plus souples ».
« Nous avons déjà vécu cette situation, a conclu le gouverneur. La Banque du Canada continuera à mener une politique monétaire indépendante, ancrée par sa cible d’inflation, et elle se servira des outils à sa disposition pour gérer les risques qui se présenteront. »