Publication de la Revue du système financier
Bonjour. La première sous-gouverneure Wilkins et moi sommes heureux d’être ici parmi vous aujourd’hui pour discuter de la livraison de juin de la Revue du système financier (RSF) de la Banque, parue ce matin.
La RSF met en lumière les principales vulnérabilités financières et les éléments déclencheurs potentiels qui pourraient transformer ces dernières en risques pour la stabilité du système financier canadien. En clair, la RSF n’a pas pour objet de présenter nos prévisions quant à l’évolution la plus probable. Elle vise plutôt à recenser les vulnérabilités et les éléments déclencheurs qui pourraient les exposer, à estimer la probabilité que les principaux risques se réalisent, et à évaluer les répercussions qu’ils pourraient avoir s’ils se matérialisaient.
Les analyses contenues dans la RSF sont un complément des travaux présentés dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM). Elles jettent les bases d’une discussion détaillée sur la politique monétaire, à l’intérieur de notre cadre de gestion des risques. La stabilité économique et la stabilité financière sont interdépendantes. C’est pourquoi nous devons envisager les risques qui pèsent sur les deux, de manière intégrée. Permettez-moi de vous fournir des précisions à propos de l’effet de la baisse des prix du pétrole sur les risques liés à la stabilité financière et les risques en matière d’inflation.
Comme nous l’avons souligné dans les livraisons de janvier et d’avril du RPM, le choc des prix du pétrole exposait notre profil d’évolution de l’inflation à un risque à la baisse important. Nous avons réagi en janvier en réduisant notre taux directeur, ce qui a permis d’accomplir deux choses. Premièrement, cette diminution a atténué le risque à la baisse entourant l’inflation en favorisant le retour de l’économie à son plein potentiel durant la période de projection. Deuxièmement, elle a contribué à amortir le risque lié au système financier en palliant le recul des revenus et de l’emploi causé par le choc des cours pétroliers.
Depuis, la dette des ménages s’est modestement accentuée et la progression des revenus a ralenti. Dans la livraison d’aujourd’hui de la RSF, nous faisons remarquer que la vulnérabilité relative à l’endettement des ménages s’est accrue. Notre analyse montre que les ménages qui ont contracté une dette dans les régions productrices de pétrole sont plus susceptibles de se trouver en situation de vulnérabilité que ceux des autres régions.
Toutefois, si le choc des cours du pétrole a eu une incidence négative sur les revenus au Canada, nous sommes d’avis qu’il ne compromettra pas la stabilité du système financier dans son ensemble. Les répercussions de la baisse des revenus découlant du choc des cours pétroliers devraient être partiellement contrebalancées par un certain nombre de facteurs, dont l’essence moins chère, une croissance économique plus vigoureuse aux États-Unis, un dollar canadien plus bas et l’effet des mesures d’assouplissement monétaire.
Les déséquilibres dans le marché de l’habitation sont une autre des principales vulnérabilités que nous surveillons. Comme le logement représente une part importante de la richesse de nombreux Canadiens, la valeur nette de ces derniers se ressent d’un repli du prix des maisons.
Au cours des derniers mois, l’activité de revente et les prix des logements ont encore augmenté dans les régions de Toronto et de Vancouver, tandis qu’une modération a été observée dans la plupart des autres marchés du pays. La croissance des prix des maisons a un peu ralenti à l’échelle nationale. Elle reste toutefois plus forte que la croissance des revenus, et la surévaluation dans le marché du logement au Canada demeure une préoccupation.
Malgré tout, il est peu probable qu’une forte correction des prix des maisons se matérialise. Les conditions d’une grave récession et d’une hausse marquée du chômage ne sont pas en place. C’est pourquoi la Banque prévoit encore que les déséquilibres dans le secteur des ménages et dans le marché du logement vont diminuer à mesure que l’économie va s’améliorer.
En résumé, nous estimons que la vulnérabilité associée à l’endettement des ménages s’accroît légèrement et que le risque global pesant sur la stabilité financière au Canada est un peu plus élevé qu’au moment de la parution de la livraison de décembre de la RSF.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les systèmes financiers canadien et mondial ont subi des réformes considérables ayant pour but de réduire la probabilité de nouvelles turbulences ainsi que l’incidence de ces dernières. Il ne fait aucun doute que le système financier mondial est aujourd’hui plus résilient grâce à ces réformes. Par conséquent, même si les risques se sont peut-être modérément accentués, les mécanismes de protection du système financier sont plus solides qu’ils ne l’étaient auparavant.
Pour conclure, j’aimerais souligner que la RSF contient des rapports qui examinent de plus près certains aspects des systèmes financiers canadien et mondial. Cette livraison de la RSF renferme deux rapports. Le premier présente en détail le cadre qu’utilise la Banque pour évaluer les vulnérabilités du système financier. Notre personnel a élaboré des moyens novateurs pour cerner, surveiller et évaluer les vulnérabilités, qui nous permettront de soupeser ces dernières de manière plus efficace. Le second rapport traite des fonds communs de placement canadiens à capital variable, des instruments de placement prisés des épargnants. Ses auteurs ont constaté que bien que ces fonds ne constituent pas une source de vulnérabilité importante pour le système financier canadien à l’heure actuelle, il convient de continuer d’observer ce secteur. Je vous encourage à prendre le temps de lire ces rapports.
Sur ce, Carolyn et moi serons heureux de répondre à vos questions.