Les décideurs publics font face à des niveaux élevés d’incertitude à l’échelle du globe, affirme le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney
Même si la « Grande Récession » est derrière nous, « elle a été suivie d’un processus peu familier d’assainissement des bilans publics et privés dans les économies avancées », a déclaré aujourd’hui le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, dans un discours prononcé devant la Vancouver Island Economic Alliance. Il a noté que la profondeur et la durée de cette réduction des leviers d’endettement ne sont pas connues avec précision. Cette réduction a pour effets de freiner la reprise mondiale ainsi que de mettre au jour des défis distincts dans diverses régions du monde. Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que l’incertitude entourant les perspectives économiques du globe soit élevée.
Le gouverneur a mentionné deux façons de réduire les incertitudes pesant sur la situation en Europe.
Premièrement, on dit souvent que l’Europe subit une crise existentielle, autrement dit l’existence même de l’euro est remise en question. Des actions récentes, menées notamment par la Banque centrale européenne, visent maintenant à contrer directement ce risque. Deuxièmement, il serait utile que les autorités européennes redéfinissent les attentes des citoyens et des participants au marché. Selon la Banque du Canada, plusieurs réformes seront nécessaires au cours d’une période de trois à cinq ans.
En Chine, la croissance a ralenti, et une incertitude notable demeure quant à la rapidité avec laquelle ce pays peut ajuster son modèle de croissance. Cela dit, il est important de mettre en contexte les résultats obtenus dernièrement par la Chine. Malgré le ralentissement de la croissance, elle continuera de faire augmenter la demande mondiale de façon notable.
Les interventions récentes de la Réserve fédérale, notamment son troisième programme d’assouplissement quantitatif (QE3), ont atténué l’incertitude entourant l’économie américaine. Toutefois, l’incertitude demeure au sujet du « précipice budgétaire ». Même si la Banque du Canada fait l’hypothèse que les États-Unis s’en éloigneront, l’assainissement des finances publiques est toujours nécessaire. « Un plan budgétaire à moyen terme clair, logique et résolu des autorités américaines, qui montre comment cet assainissement sera réalisé, aiderait à atténuer une grande incertitude, qui autrement persisterait », a soutenu M. Carney.
Bien qu’il soit inévitable que l’économie canadienne ressente les effets de l’angoisse qui règne dans le monde, les principales sources d’inquiétude à l’étranger sont toutes des points qui inspirent une confiance justifiée ici au pays. La Banque tient compte de tous les facteurs lorsqu’elle formule la politique monétaire, et procure autant de certitude que possible dans la conduite de celle-ci. « Bien qu’elle ne puisse manifestement pas décider d’événements sur lesquels elle n’a pas de prise, elle peut faire preuve de transparence quant aux attentes qu’elle a ou à la manière dont elle réagirait devant divers scénarios, a affirmé le gouverneur. La Banque prendra toutes les mesures qui s’imposent pour atteindre la cible d’inflation de 2 % à moyen terme. Cette certitude est notre contribution pour veiller à ce que les Canadiens puissent investir et planifier en toute confiance. »
« Nous devons prendre garde de laisser l’incertitude dicter notre conduite, nous faire rater des occasions avantageuses et, de façon plus générale, aggraver les défis bien réels, mais encore gérables, auxquels est confrontée l’économie mondiale », a conclu le gouverneur Carney.