Les prix élevés des produits de base sont « clairement favorables » au Canada, selon le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney
Le boom des matières premières à l’échelle du globe procure des avantages énormes au Canada, dont l’augmentation des revenus et de la sécurité économique, a déclaré aujourd’hui le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, dans un discours prononcé à la Table ronde de Spruce Meadows Changing Fortunes: Global Economies.
« Fondamentalement, le renchérissement des produits de base est clairement favorable au Canada, a dit M. Carney aux délégués. La vigueur du secteur canadien des ressources naturelles est un signe de succès, pas un présage de malheur. »
Le gouverneur a traité du diagnostic de mal hollandais qui a été posé pour l’économie canadienne, selon lequel un boom éphémère des matières premières entraîne des pertes permanentes dans le secteur manufacturier. Il a réfuté cette thèse en avançant trois arguments.
Premièrement, malgré les pressions qui s’exercent actuellement sur la croissance économique mondiale, on s’attend à ce que les prix des produits de base demeurent élevés, en raison surtout de la hausse soutenue de la demande, découlant en majeure partie de l’urbanisation rapide au sein des économies émergentes.
Deuxièmement, la diminution du poids du secteur manufacturier « fait partie d’une vaste tendance séculaire au sein des économies avancées, qui reflète les grandes forces de la mondialisation et des progrès technologiques », a soutenu le gouverneur.
Troisièmement, même si le renchérissement des produits de base rend compte de la moitié environ de l’appréciation du dollar canadien au cours des dix dernières années, d’autres facteurs, comme la dépréciation multilatérale du dollar américain et le fait que le Canada est « un refuge unique », ont aussi contribué à la hausse de la valeur de notre monnaie.
L’analyse réalisée par la Banque du Canada montre que, quelle que soit la cause d’un renchérissement des produits de base, l’amélioration des termes de l’échange du Canada qui en résulte donne lieu à une augmentation des revenus, de la richesse et du PIB. Cela est vrai aussi bien lorsque la hausse est attribuable à une poussée de la demande américaine, à une augmentation de la demande émanant des pays émergents d’Asie - qui est responsable du boom actuel - ou à une réduction passagère de l’offre.
Le gouverneur a aussi abordé l’argument selon lequel la Banque du Canada devrait aller à contre-courant d’une appréciation du taux de change liée aux produits de base. Selon l’analyse de la Banque, au fil du temps, une telle réaction aurait pour effet de pousser les salaires et l’inflation à la hausse, ce qui se traduirait par une appréciation du taux de change réel, de sorte que les exportateurs de produits autres que des ressources naturelles devraient composer avec les mêmes défis sur le plan de la compétitivité que ceux auxquels ils font face aujourd’hui. « Cette mésaventure a un coût, soit une diminution de quelque 1 % de la production et une volatilité de l’inflation, de la production et de l’emploi plus élevée que si on laissait le taux de change faire son travail », a précisé le gouverneur.
En conclusion, M. Carney a affirmé que les politiques publiques pouvaient contribuer à réduire au minimum les coûts d’un inévitable et difficile ajustement structurel associé au boom des ressources naturelles et à maximiser les avantages de cet ajustement pour tous les Canadiens. Nous devrions concentrer nos efforts afin de faciliter l’ajustement, de développer de nouveaux marchés chez nous et à l’étranger, et d’accroître les investissements dans les compétences et en capitaux productifs.