Selon le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, les arguments économiques à l'appui de la réforme du secteur financier mondial sont irréfutables

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Les arguments économiques à l'appui de la réforme du secteur financier mondial sont irréfutables et les enjeux fondamentaux sont énormes, a affirmé aujourd'hui M. Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, à Berlin, dans une conférence portant sur les coûts et les avantages de la réforme. « En l'absence de réformes financières coordonnées et crédibles, nous risquons de perdre le système financier et commercial ouvert qui a favorisé le récent miracle économique », a-t-il déclaré.

La crise financière mondiale a laissé dans son sillage des manques à produire, des pertes d'emploi et des déficits budgétaires considérables, a fait remarquer le gouverneur. « Comme c'est généralement le cas, le coût a été assumé en grande partie par les pays, les entreprises et les personnes qui n'avaient pas contribué directement au fiasco », a ajouté M. Carney, qui donne cette année la prestigieuse conférence de la Bundesbank.

En raison de la crise, nous aurons pendant des années une croissance plus faible et un chômage plus élevé. La Banque du Canada prévoit que, de 2009 à 2012, la perte cumulative de production économique se chiffrera à 16 % du PIB en Europe et à 9 % au Canada et, à long terme, pourrait atteindre 40 % et 30 % du PIB, respectivement. « Contrairement à ce que prétendent certains acteurs du secteur, il ne fait pas de doute que la réduction de tels risques extrêmes dans l'avenir mérite certains sacrifices. »

Les réformes, notamment des normes de fonds propres et de liquidité plus rigoureuses pour les institutions financières, pourraient contribuer à une baisse de la fréquence et de la gravité des crises financières, à une atténuation des fluctuations des cycles économiques et à une diminution du risque que les ressources soient mal réparties.

Même si le renforcement des normes prudentielles s'accompagne de coûts, les avantages nets à long terme des réformes pour les pays membres du G20 correspondent, selon une estimation prudente, à 30 % du PIB, soit environ 10 billions d'euros. Pour le Canada, ces avantages sont estimés à quelque 13 % du PIB en valeur actualisée, soit 200 milliards de dollars.

« Le défi réside dans l'atteinte d'un juste équilibre entre la résilience et l'efficience, a indiqué le gouverneur. Fondamentalement, la mise en oeuvre réussie du programme du G20 rendra plus probable la mise en place d'un système financier et commercial international qui soit ouvert et flexible. »

M. Carney a souligné que la Deutsche Bundesbank, la banque centrale de la République fédérale d'Allemagne, a joué un rôle de premier plan dans l'élaboration de nombre de ces réformes. « La poursuite du leadership de l'Allemagne au cours des semaines et mois à venir est essentielle pour que nous puissions mener à bonne fin l'établissement des assises financières solides propices à la croissance et à l'amélioration sociale », a conclu le gouverneur.

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