Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, traite de l’emploi dans une reprise modeste
L’économie mondiale entre dans une nouvelle phase d’incertitude inhabituelle et l’on peut s’attendre à une reprise modeste et inégale, a déclaré aujourd’hui le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, devant la Chambre de commerce de Windsor-Essex. Étant donné les forces en jeu actuellement, les perspectives économiques et le contexte dans lequel sont formulées les politiques publiques sont « inhabituellement difficiles pour les pays coincés au milieu, comme le Canada », a affirmé le gouverneur.
Les entreprises canadiennes et américaines réagissent aux conditions actuelles de façon différente. « Aux États-Unis, les investissements sont relativement vigoureux et la croissance de la productivité robuste. Cependant, l’embauche est exceptionnellement faible, en particulier parmi les petites entreprises, a précisé le gouverneur. Au Canada, c’est le contraire : les investissements sont inhabituellement faibles, la productivité médiocre et l’embauche forte, surtout parmi les petites et moyennes entreprises. »
Malgré un environnement extérieur difficile, la reprise au Canada s’est avérée plus vigoureuse que dans les autres pays du G7. « L’ampleur et la rapidité des mesures prises par les pouvoirs publics ainsi que le fonctionnement efficace de notre système financier ont permis à notre économie de revenir au sommet de la production atteint avant la crise », a expliqué M. Carney, ajoutant toutefois que la reprise au pays est relativement modérée par rapport aux précédentes et est largement tributaire du secteur du logement et de la consommation des ménages.
« Les limites de cette dépendance se font de plus en plus manifestes, a fait remarquer le gouverneur. Ces derniers mois, la cadence de la reprise a diminué. On peut s’attendre à un rythme de croissance modeste au cours des prochains mois, notre économie devant faire face à des vents contraires considérables provenant à la fois du secteur extérieur et des limites des bilans des ménages. »
Selon M. Carney, comme on a maintenant regagné la totalité des 400 000 emplois supprimés pendant la récession, l’aspect le plus remarquable de la reprise au Canada a été la tenue du marché du travail. « Bien que positifs, a-t-il dit, ces chiffres globaux cachent des renseignements importants. » La croissance de l’emploi a été enregistrée en bonne partie dans le secteur public, seulement la moitié des nouveaux emplois ayant été créés dans le secteur privé. Bon nombre d’emplois représentent du travail à temps partiel involontaire. « De fait, bien que l’emploi ait retrouvé le niveau observé avant la récession, ce n’est pas le cas des heures travaillées », a souligné le gouverneur.
Le gouverneur Carney a exhorté les entreprises et les travailleurs canadiens à réagir à la transformation de l’économie mondiale. « Les impératifs semblent clairs pour les entreprises : elles doivent trouver de nouveaux fournisseurs, exporter vers de nouveaux marchés et élaborer une nouvelle méthode de gestion dans un contexte de volatilité accrue », a-t-il fait valoir, ajoutant que « les travailleurs doivent développer leurs compétences et être prêts à changer d’emploi et même de carrière si nécessaire. »
En conclusion, M. Carney a indiqué que des signes donnent à penser que certains secteurs commencent à se restructurer au Canada de façon à devenir plus concurrentiels. « Si les entreprises peuvent soutenir ce rythme puis l’accroître, tous les travailleurs canadiens auront un emploi et seront productifs », a affirmé le gouverneur.